LIU

TEE

SHEX

HE

| . | 4 À ARC 2 CPR > dés L | ao Le

à LE |, L . -

ANNALES

DU MUSEUM NATIONAL D'HISTOIRE NATURELLE.

SHARE

fc bles ANNALES

D U

MUSEUM NATIONAL D'HISTOIRE NATURELLE,

PAR

LES PROFESSEURS DE CET ETABLISSEMENT, OUVRAGE ORNÉ DE GRAVURES,

TOME CINQUIÈME.

A PARIS,

Curz LEVRAULT, SCHOŒELL sr CoMPAGNIE, LIBRAIRES , RUE pe Seine E.-S.-G.; Er À SrrAsBourG, CHEez LEVRAULT gr Cx

A NxIut, (1804 ).

NOMS DES PROFESSEURS.

Messieurs , Hauyx .,,..,.,.,.. Minéralogie,

Fauras-Sarxr-Foxp . Géologie, ou Histoire naturelle du Globe, Fourcroy . , . , . . . Chimie générale,

VAUQUELIN :. .., x Chimie des Arts.

DESFONTAINES. . . . . Botanique au Muséum,

A. L. JusstEu. . . . . Botanique à la campagne. AMPHOEIN SL. UT: Culture et naturalisation des végétaux.

GEOFFROY , . . . . , . Mammiftres et oiseaux .

Lacérëne . . . , . . . Reptiles et poissons ,

SPL ENeS à ÊY

LARARER «are Insectes, coquilles, madrépores , Zoologie, CORSA CU AT EC ft MP TE

PorrTaz , . .. . . . . Anatomie de l’homme,

Cuvier. ... . . . Anatomie des animaux,

VAxSPsENDONCK, . . . Iconographie ; ou l’art de dessiner et dg peindre les productions de la Nature,

NORLCE SUR L’'EXPÉDITION

À LA NOUVELLEHOLLANDE,

ÆnNTRE£EPRISE pour des recherches de Géographie et d’Eistoire naturelle.

PPROTANZ EL PTAUN SP SMIC ELU

ef me

Emsrome naturelle doit ses collections les plus précieuses, et une partie de ses progrès aux voyageurs zélés et instruits qui ont abandonné leurs foyers pour aller parcourir des pays éloignés , souvent déserts et peu connus. Nous con- servons avec reconnoissance et respect dans l’histoire de la science , le nom des naturalistes Français qui, à diverses époques, ont enrichi ce pays de productions étrangères , soit vivantes et maintenant acclimatées sur notre sol, soit faisant partie des collections formées pour l'instruction pu- blique. Quelques-uns ont rapporté et publié eux-mèmes le fruit de leurs travaux ; d’autres ont succombé aux fatigues d’un long trajet , aux intempéries des divers climats, aux attaques des peuples sauvages qu’ils alloient visiter avec des dispositions amicales; et tantôt les objets recueillis par eux sont seuls arrivés jusqu’à nous, tantôt nous avons perdu en

B. 1

2 ANNALES DU'MUSÉUM

mème temps ces voyageurs et leurs collections , ou nous sommes restés incertains sur le sort des uns et des autres. Les revers en ce genre ont été plus fréquens que les succès. Quel intérêt ne doivent donc pas inspirer ces hommes zélés qui se dévouent aux dangers d’une pareille entreprise ?

Lorsque le Gouvernement ordonna en Pan vit une ex- pédition à la Nouvelle-Hollande, sous la conduite du capi- taine Baudin, pour des recherches de géographie et d’his- toire naturelle , une commission de l’Institut fut chargée de choisir les coopérateurs de ce grand travail et de leur donner les instructions nécessaires. On fit choix de personnes ins- truites dans chaque partie, joignant au savoir un grand zèle et un goût décidé pour les voyages. Tout faisoit pré- sumer un heureux succès, sur- tout lorsque parmi ces voya- geurs on comptoit ceux qui avoient parlagé, sous le mème chef, les fatigues d’une navigation précédenteen Amérique, et qui n’hésitoient pas à s’embarquer de nouveau sous ses auspices.

Quelques circonstances imprévues dérangèrent ces com- binaisons. La maladie força plusieurs de ces navigateurs de s'arrêter à l'Ile-de-France ; des craintes de manquer de vivres, et des mécontentemens retinrent plusieurs autres, et lorsque Baudin partit de cette colonie, il n'avoit sur ses deux vaisseaux que MM. Bernier, astronome ; Boulanger , géographe; Maugé, Péron et Levillain, zoologistes ; Les- chenaut, botaniste ; de Pusch et Bailly, minéralogistes ; Ricdlé, Sautier et Guichenot, jardiniers ; Lesueur et Petit qui, embarqués sous un titre vague, furent substitués aux dessinateurs restés à l'Ile-de-France,

Les premières descentes sur la terre désirée de la Nou-

D'HISTOIRE NATURELLE. 5

velle-Hollande furent dangereuses et manquèrent devenir * funestes pour plusieurs. Cependant ils ne furent point dé- couragés par ce mauvais début , et ils saisirent avec ardeur les occasions peu nombreuses de visiter ces plages inconnues. Lorsque les vaisseaux abordèrent avec des équipages fatigués à Timor , l’une des iles de l'archipel d'Asie qui avoisinent les Moluques, ces naturalistes, las de leur oisiveté, se hà- tèrent de recueillir les productions de ce lieu. Riedlé, jar- dinier, à peine convalescent d’une maladie éprouvée dans la traversée, se livra trop tôt à la recherche des plantes dont il vouloit enrichir le jardin de Paris, et il succomba bientôt à une nouvelle rechute, après avoir déjà formé une collection assez nombreuse. Maugé, zoologiste, animé du mème zèle, négligea pareillement 18 soin de sa santé pour s’occuper de la recherche des animaux } 11 n’étoit pas encore bien rétabli, lorsqu'il fut obligé de se rembarquer pour aller visiter les terres situées au midi de la Nouvelle-Hol- lande. Cette partie de la navigation procura des notions positives sur plusieurs points de géographie et des collec- tions nombreuses en animaux et végétaux : mais elle devint fatale au zoologiste Levillain et au jardinier Sautier qui furent , comme Riedlé, victimes de leur zèle. Maugé les suivit de près, et termina sa carrière à l’île Maria, voisine de la terre de Diémen. Il avoit été avec Riedlé, compagnon de Baudin dans son premier voyageen Amérique ; et c’étoit à leurs soins réunis que le Muséum , auquel ils étoient at- tachés tous deux, devoit les productions nombreuses des Antilles qui avoient enrichi en l’an vr, ses serres chaudes et ses galeries, et leur perte fut vivement sentie par toutes

les personnes faisant partie de cet établissement. Li 2

$ 7 4 ANNALES DU MUSÉUM

Les deux vaisseaux , après avoir traversé le détroit d’'En- trecasteaux sur les côtes de Diémen, et visité plusieurs de ses ports et de ses iles, furent séparés etne purent se réunir qu’en messidor an x, au port Jackson, dans la Nouvelle- Hollande, ils reçurent des chefs de cette colonie Anglaise tous les secours nécessaires pour le rétablissement de la santé de leurs malades et pour leur approvisionnement.

Ici se termine la partie du voyage faite par les deux bâti- mens réunis. Le capitaine Baudin craignant de perdre dans une nouvelle excursion les animaux et végétaux vivans ras- semblés par ses soins et ceux de ses collaborateurs, se dé- cida à réunir sur le vaisseau le Naturaliste toutes les col- lections déjà faites par les deux équipages, et à lexpédier directement pour France sous la conduite du capitaine Ha- melin qui l’avoit toujours commandé depuis son départ d'Europe. De Pusch , minéralogiste, dont la santé étoit très- altérée, profita de cette occasion pour revenir se rétablir dans sa patrie ; mais trop foible pour supporter un si long trajet , 1l fut forcé de s’arrèter à l'Ile-de-France 1] mourut après avoir langui pendant quelques mois. Le capitaine Ha- melin , aux approches de France, fut visité par un vaisseau anglais qui, malgré son sauf-conduit, le mena dans un port d'Angleterre des retards lui firent perdre un temps pré- cieux et beaucoup de végétaux vivans. Il aborda au Hävre, en prairial an x1; sa collection embarquée sur la Seine, arriva heureusement à Paris, et donna une première idée très-avantageuse de l'expédition.

Baudin avoit quitté le port Jackson à la fn de brumaire de Ja mème année avec le vaisseau le Géographe, etun petit bâtiment plus propre aux observations des côtes dont il

D'HISTOIRE NATURÉLLE, f

pouvoit mieux se rapprocher. Cet officier conservoit encore sur son bord Bernier et Boulanger qui concoururent avec les officiers de marine aux travaux astronomiques et géo- graphiques ; Leschenaut qui resté seul botaniste , ne voulut pas, quoique malade, abandonner l’expédition ; Péron que le même motif retint pour les recherches de zoologie que lui seul pouvoit suivre, et dans lesquelles il s’associa son ami Lesueur, devenu par circonstance dessinateur et na- turaliste; Bailly qui devoit s'occuper de la minéralogie; Petit, chargé de dessiner les hommes, les costumes, les habitations et les ouvrages de l’art ; Guichenot enfin qui, seul jardinier, chercha à augmenter les herbiers, à recueillir beaucoup de graines , à rassembler beaucoup d’arbres vivans.

Cette partie du voyage dans lagnelle on visita avec soin la côte méridionale de la Nouvelle-Hollande et quelques iles adjacentes, ainsi qu’une portion des côtes occidentales, fut fructueuse en tous genres. Plusieurs points importans de géographie furent fixés, et on recueillit pour le Muséum une collection plus considérable que celle qui avoit été déjà expédiée. Le capitaine avoit coopéré lui-même aux re- cherches de zoologie, sur-tout pour la partie des oiseaux. Après six mois de course, on relächa de nouveau à Timor, pour y faire provision d’eau, et altendre le moment favo- rable d'entrer dans le golfe de la Carpentarie dont l’examen détaillé devoit être le complément des travaux de cette expédition.

Dans cette traversée heureuse de plusieurs manières, on n’avoit perdu aucun des naturalistes; mais Leschenaut, trop foible pour continuer ses recherches, fut forcé de rester à

6 ANNALES DU M US É'UM

Timor d’où il se rendit à Batavia dans l'intention d’y séjourner quelque temps, et de profiter ensuite d’une occa- sion pour revenir eu Europe. Des lettres reçues de lui par sa famille, annoncent que le repos a rétabli sa santé, qu’il a pu faire à Java de nouvelles recherches botaniques, et qu'il se dispose à repartir.

Baudin essaya avec ses autres compagnons de gagner le golfe qu’il devoit visiter; mais après plusieurs efforts in- fructueux , combattu par les vents contraires, fatigué ainsi que son équipage par une tourmente continuelle, privé de son astronome Bernier qui mourut universellement regretté, n'ayant pu faire que quelques observations et collections médiocres sur divers points voisins de cette côte septen- trionale inabordable; voyant la maladie sur son bord, et affecté Iui-mème très-gravement , il se décida enfin à faire voile pour l'Ile-de-France il arriva en fructidor an xr, dans un état de dépérissement qui le conduisit bientôt au tombeau.

Le capitaine Milius fut chargé de ramener son vaisseau en Europe avec les collections nouvelles, augmentées de quelques productions vivantes de l'Ile-de-France. Dans une relâche au Cap-de-Bonne-Espérance, on embarqua encore des plantes et des animaux vivans donnés par le Gouver- neur. Après une traversée heureuse, le capitaine vouloit entrer dans la Loire il auroit trouvé pour son dépôt des moyens faciles de transport par eau jusqn’à Paris; mais contrarié par les vents, et craignant pour ses plantes les suites du froid qui se faisoitsentir aux approches des côtes, il fut obligé d'aborder au mois de floréal dermier , au port de l'Orient , d’où les collection ont été transportées par

D'HUES FOIRE «NN À TU RE L LE. 7

terre , mais non sans perte ,soit de plantes, soit d'animaux vivans. Une partie de ces objets destinée à S. M. l'impéra- trice, a été portée à la Malmaison, l’autre est déposée au Muséum d'histoire naturelle.

De toutesles collections quinous sont parvenues des pays éloignés, à diverses époques, celle-ci apportée par les vais- seaux le Nafuraliste et le Géographe , est certainement la plus considérable, sur-tout dans le règne animal. Celle du Muséum est très-augmentée par le grand nombre d’espèces nouvelles recueillies dans eette expédition, et la science y gagne en même proportion. Ïl est de notre devoir de pré- senter ici un état abrégé de ces acquisitions, soit pour fixer les idées du Gouvernement et des Savans sur les avantages d’une expédition qui avoit eté jugée défavorable, soit pour payer aux hommes laborieux qui ont surmonté tant d’obs- tacles pour rassembler ces objets épars, le tribut d’estime et de reconnoissance que la nation leur doit.

On ne sera pas étonné que dans une recherche bornée à des côtes, la plupart désertes ou couvertes de bois, qui n’of- froient ni montagnes élevées, ni ravins pour apercevoir les diverses couches de terre, ni aucun travail d'exploitation , les minéralogistes de Puseh et Bailly, n’aient pu recueillir qu’un petit nombre de minéraux insufisans pour donner une idée exacte de la géologie de ce pays. Ce qu’ils ont rap- porté, servira an moins à faire connoître généralement la surface desterrains qu’ils ont visités, et à indiquer la dis- tinction des époques auxquelles ont été produites les subs- tances minérales qui occupent ces terrains.

En botanique, des collections nombreuses et soignées de plantes vivantes et sèches, de graines, de fruits, d’échan- tillons de bois , ont été commencées par Riedlé et Sautier,

8 ANNALES DU MUSÉUM et continuées par Guichenot resté seul après eux. Les- chenaut a rendu des services importans en recueillant , décrivant et dessinant lui-même plus de 600 espèces qu'il croit nouvelles, et dont plusieurs pourront constituer des genres et peut - ètre des ordres nouveaux. Les recherches les plus importantes ont été faitesà la côte sud-ouest de la Nouvelle - Hollande , et dans les relàches aux terres de Nuyts, de Lewin , d'Endracht et d’'Edels, régions pour la plupart non visitées par les Anglais. Des graines re- cucillies avec soin par le botanisteet le jardinier, semées à la Malmaison , au Muséum , à Montpellier et dans d’autres lieux méridionaux, et levées pour la plupart, donnent l’es- poir de naturaliser en France quelques productions de cette partie du monde. Nous citerons ici le lin de la Nouvelle- Zélande qui réunit le brillant de la soie à la force du chanvre ; les bois decasuarina et de xylomelum , supérieurs, pour les ouvrages de margueterie, à beaucoup de ceux qu’on emploie ; le bois de cèdre des Anglais; leucalyptus qui s'élève à la hauteur de 150 pieds, sur un tronc de 24 pieds de contour, et dont la résine odorante peut devenir un médicament très- recherché. Tous ces plants nouveaux germés dans notre cli- mat et habitués, en naissant, à notresol, nous dédommageront de la perte d’une partie des plantes qui avoient été transplan- tées et arrangées avec soin dans cent caisses dont chacune contenoit 15 ou 16 pieds vivans. Enfin un herbier de 1500 espèces dont les échantillons sont multipliés et bien conser- vés, offre aux botanistes les moyens d'augmenter le do- maine de la science danscette partie.

La nation Européenne qui habite un point de la Nouvelle- Hollande , pourra cependant rivaliser avec la nôtre pour les recherches dans le règne végétal auxquelles plusieurs de

D'HISTOIRE NATURELLE 9 ses savans se sont livrés; maisils ont en général négligé la partie des oiseaux dont nous possédons maintenant une série très-nombreuse, commencée par l’infortuné Maugé, enrichie de quelques objets par Baudin et Levillain, mais due par- üculièrement aux soins assidus des jeunes Péron et Lesueur, amis inséparables qui se sont aidés mutuellement. Le pre- mier, resté seul zoologiste de l'expédition, ne s’est plus tenu aux observations physiques et anatomiques auxquelles il s’éloit d’abord plus spécialement consacré, il a embrassé encore avec zèle les autres parties de la zoologie. Lesueur, chargé seulementde dessiner lesanimaux ,crut devoir joindre à cette fonction celle de collecteur, et Péron reconnoit qu’il doit beaucoup à ce compagnon fidèle qui, tantôt parcouroit les côtes ou s’enfonçoit dans les terres avec lui, tantôt resté dans le vaisseau , préparoit et dessinoit les objets récoltés par son ami pour abréger son travail et lui faciliter le moyen de se livrer sans partage à de nouvelles recherches. Le nombre des animaux qu’ils ont rapportés est considé- rable ; ils sont bien conservés, et beaucoup sont absolument nouveaux. Péron a décrit sur les lieux une grande-pariie des objets, suivant une méthode uniforme qui embrasse l’orga- uisation , les moeurs ou habitudes , les noms et les usages du pays. On trouve-dans cette collection les coquillages qui forment:la nourriture principale de quelques habitans de la terre de Diémen ; une suite nombreuse d’holoturies, ani- maux marinsqui sont dans l'Inde une nourriture recherchée, et y deviennent pour cette raison un objet précieux de com- merce ; divers quadrupèdes qu'il seroit facile d’acclimater en France, et sur tout plusieurs espèces de kanguroos dont la fourrure est bonne et la chair excellente; le phas-

D} 2

10 ANNALES DU MUSÉUM

colome également bon à manger , et que l’on rendroit aisé- ment domestique ;le casoar de la Nouvelle-Hollande , vivant au Muséum , dont la chair participant de celle de la dinde et du cochon de lait, seroit un mets agréable;le cygne noir, existant à la Malmaison , que sa chair tendre et son duvet très-fin peuventrendre utile pour nos basse-cours, en même temps qu'il contribuera à l’ornement de nos pièces d’eau ; le faisan à queue de lyre qui par sa forme et la beauté de son plumage peut encore briller à côté du paon de nos ré- gions. Passant sous silence beaucoup d’autresanimauxutiles, nous terminerons cet article par le relevé du rapport des professeurs du Muséum qni, chacun dans sa partie , ont fait l'inventaire de cette collection zoologique, en présen- tant ici, sous forme de tableau et en trois colonnes, le nombre desindividusrapportés, celui des espèces différentes avec la distinction de celles qui sont nouvelles.

Classes d'animaux. Nombre d'individus. Nomb. d'espèces. Espèces nonvelles. nt À Mammifères !& fel nn, 1959 TS 68 MIE 32 Oiseaux |efr-nherdin sante 912. + + 289 + n41144 Quadrupèdes et bipèdes ovipares. , DELESS PORN LT Pre EP | RÉDHIESS AS « Proie L cuir ECIA DÉRPARCTIT- ibbhcr tal POBSORS A EN SERIE IP NOUS PSE . PIS Crustacées et arachnides. , , +, . Ask» anch.ovassit.né) «194 Echinodermes:.:5….. sf: 4 if . CES ONE POP R Le PARENT OM TT À MRestaceesh: DAS LE PORT er 000 NI Ier 101232 : IEUIe UDGO on CE: 20 er ét asc hs feront at ei hs AORTIT T SEE +7 .116 Ynsectes’: 11007 CUTRNEO CERN SPÉGLSN RON OLZ HAL I8 80 :Zonphiytes. sd da nil ie dy S 76e roro 38 er és tr iOE

Fopans 4 lea! cgrerrse AVr8m4o 0e x b3872 219918 2542 Ainsi d’après ce tableau, la collection zoologique. du Mu- séum est enrichie de 2542 espèces nouvelles, et d’un grand nombre qui lui manquoient parmi les 1550 déjà décrites

D'HISTOIRE NATURELLE. ai

dans quelques ouvrages. De plus, la science a acquis plus de 2500 objets inconnus dont plusieurs formeront des genres et peut-être des ordres nouveaux. Le nombre considérable d'individus doubles sérvira, soit à obtenir par des échanges les objets qui peuvent encore manquer dans la collection générale , soit à augmenter celles qui existent dans les prin- cipales villes de l'Empire. Nous ajouterons que 960 peintures ou dessins du jeune Lesueur attestent encore son zèle et son activité.

Tel est l’exposé simple des travaux d’une réunion de voyageurs naturalistes dont plusieurs ont succombé aux fa- tigues d’une navigation longueet difficile. Ceux qui leur ont survécu ont cherché à adoucir pour nous le sentiment de cette perte en multipliant leurs efforts pour que le but du voyage ne füt pas manqué ; ils ont réussi au-delà de nos æspérances. Notre devoir étoit de faire connoître les services qu’ils ont rendus à la science; mais notre tâche ne sera par- faitement remplie que lorsque nous aurons obtenu d’un Gouvernement généreux et juste les récompenses dues à leurs travaux. Nous pensonsque la première justice à leur rendre est de substituer (pour les appointemens), aux naturalistes et peintres embarqués avec un traitement supérienr et restés à l'Ile-de-France, ceux qui, après leur retraite, ont rempli leurs fonctions, sur-tout lorsqu'ils l'ont fait d’une manière si distinguée. De plus , l'intérêt de la science sol- licite, en faveur de ceux d’entre eux qui ont des collections à publier, la conservation de leur traitement pendant le nombre d’années nécessaires pour cette publication , et len- couragement du Gouvernement pour leur éviter les dépenses accessoires,

2 *

12 ANNALES DU MUSÉUM

ANALYSE

Du DisrxÈènz de Saint-Gothard.

Par LAUGIER.

Propriétés physiques ; histoire naturelle.

M. Haüy a nommé Disthène, c’est-à-dire, qui a deux forces , une substance qui portoit précédemment le nom de schorl bleu, de sappare, de cyanite, à cause de sa couleur bleue céleste. Sa pesanteur spécifique est de 3517. Sa forme primitive est un prisme oblique quadrangulaire ; sa molé- cule intégrante n’a pu être dèterminée. Les plus beaux cris- taux de disthène se trouvent au Mont-Saint-Gothard; ils y sont, selon l'expression de M. Haüy , enchatonnés dans un tale feuilleté blanc ou jaunâtre , dont on peut.les séparer avec un peu de soin ; tels étoient ceux que l’on a examinés : ils étoient parfaitement purs et débarrassés de toute subs- tance étrangère à leur nature.

Le disthène se réduit assez difficilement en poudre très- fine. Cette poudre est d’une grande blancheur, et l’on di- roit en cet état qu'elle ne contient aucune matière co- lorante.

D'HISTOIRE NATURELLE. 15

Un petit fragment de cette pierre exposé à l’action du

chalumeau n’a rien perdu de sa dureté; sa couleur seule-

ment a été altérée, et a fini par disparoître entièrement au

bout de quelque temps par la calcination. Son poids a di- minué d'environ un centième.

Examen chimique du Disthéne.

1. On a pris 595 parties de ce minéral réduites en poudre très-fine dans un mortier de porphyre, elles n’ont point augmenté de poids sensiblement par la pulvérisation. On les a traitées dans un creuset d'argent avec trois fois leur poids de potasse caustique très-pure. Le mélange ne s’est point fondu , quoiqu’on l’ait fortement chauffé pendant une heure. Il avoit une couleur légèrement jaunâtre ; il n’a communiqué à l’eau dans laquelle on la délayé, aucune couleur ; il s'y est seulement dissous en grande partie. On a versé dans ce mélange étendu de dix parties d’eau, de l'acide muriatique, jusqu'à ce qu’il y en eût un excès, la totalité s’y est dissoute, à l'exception d’une très-petite quan- üté d’une substance pesante et pulvérulente que l’on a jugée être du muriate d'argent provenant du creuset.

2. La dissolution évaporée lentement et jusqu’à siccité , s’est prise en gelée vers la fin de l’évaporation , et a donné un résidu pulvérulent d’un jaune citrin pâle. Ce résidu dissous dans l’eau a laissé unie substance blanche qui, séparée du liquide, et lavée à plusieurs reprises, a été recueillie sur un filtre.

14 L'OUNSAILIENSS L'D'U AM US ECUL.M

Soumise à plusieurs essais , elle a présenté toutes les pro priélés de la silice, mais elle étoit légèrement colorée: après la dessication, elle pesoit 2,5r cent.

3. La liqueur contenant toutes les parties solubles du disthène , réunie aux eaux de lavage de la silice, avoit une couleur un peu jaunâtre; on y a ajouté un excès d’acide dans l'intention de ne point précipiter la magnésie, si la pierre en contenoit, et on y a versé une dissolution d’am- moniaque qui y a formé sur-le-champ un précipité abondant très-blanc, et qui à retenu une quantité d’eau suffisante pour former une gelée. On a lavé le précipité après lavoir étendu sur un filtre , et comme il étoit vraisemblable, à en juger par l'apparence, qu’il étoit formé d’une grande quantité d’alumine, on l’a enlevé encore humide avec un couteau d'ivoire , et après l'avoir rassemblé dans une cap- sule de porcelaine, on y a ajouté une dissolution de potasse caustique. On sait que c’est un très-bon moyen de séparer l’alumine des substances qui se précipitent avec elle, et qui ne sont point comme elle solubles dans cet alcali. La po- tasse, ainsi que l’on s’y étoit attenäu , a dissous la presque totalité de la substance gélatineuse, il n’est resté qu’une petite quantité d’une matière rougeâtre qui avoit toute Pap- parence d’oxide de fer, et qui recueillie sur un filtre et rougie , pesoito,15 cent. Cette matière aété partagée en deux portions ; l’une}, dissoute dans l'acide muriatique , a donné un précipité d’un beau bleu par le prussiate de potasse ; Vautre, traitée au chalumeau, a communiqué au borax une légère couleur jaune verdâtre: à cette double propriété, on reconnoit l’oxide de fer,

D'HISTOLRE NATURELLE. 15

4. Après avoir filtré et étendu d’eau la dissolntion alca- line qui contenoit l’alumine, on y a versé du muriate d’am- moniaque liquide ; il s’y est formésur-le-champ un précipité très-abondant. Le mélange jetté sur un filtre y a laissé une substance qu’on nepouvoit méconnoître pour de l’alumine; cette substance bien lavée, séchée et rougie pesoit 3,21 c. Pour ne rien laisser d’indécis sur sa nature, on en a séparé un gramme que l’on a dissous dans l’acide sulfurique à l’aide de la chaleur. On a ajouté dans la dissolution du sulfate de potasse, et on l’a abandonnée à la cristallisation ; on a obtenu de beaux cristaux d’alun de forme octardrique en quantité proportionnelle à l’alumine employée, c’est-à- dire, pesant dix grammes.

5. La liqueur de l'expérience n.° 3 d’où lalumine avoit été $éparée pouvoitcontenirencore de la chaux et de lamagnésie; la potasse caustique qu'on y a ajoutée a en effet indiqué la présence d’une matière qui y étoit en dissolution; elle a élé sursaturée de cet alcali, évaporée à siccité, et le lavage du résidu a séparé une substance insoluble qui, sou- mise à examen et traitée par l’acide sulfurique a fourni 8 centigrammes de silice , et une quantité de sulfate de chaux qui représentoit trois parties ou trois centigrammes de cette terre.

6. On a dit que la silice obtenue dans la première expé- rience étoit légèrement colorée ; cette couleur annonçoit qu’elle pouvoit n'être pas pure, et l’on a cherché à l’amener à un plus grand degré de pureté en la traitant de nouveau avec de l’acide muriatique. I/acide y a sur-le-champ dé- veloppé une couleur jaune foncée, et s’est coloré de la

19 ANNALES DU MUSÉUM

méme nuance; après avoir fait bouillir le mélange pen- dant une demi heure, on l’a étendu d’eau, lavé et jeté sur un filtre. Après cette opération, la silice sembloit parfaite- ment pure, elle étoit d’un blanc de neige , et elle avoit perdu ir centigrammes de son poids, d’où il suit qu’elle ne pesoit plus que 2,20. L’acide lui avoit enlevé 3 centigrammes d’alu- mine , et 4 centigrammes d’oxide de fer. Ces deux quan- tités réunies aux substances de mème nature déjà oblténues portoient la première à 3,28 cent., et la seconde à 17 cen- tigrammes.

En entreprenant cette analyse , on n’avoit point eu seu- lement en vue d'indiquer la nature et la proportion des principes contenus dans le disthène, on s’étoit proposé une tâche plus dificile , celle de déterminer , s’il étoit possible, lanature de la matière bleue colorante qui distingue les beaux morceaux de cette pierre. Malheureusementnotre espoir ne s’est pas réalisé ; cette nuance bleue est si légère, que l’on a fait de vaines recherches pour en saisir la cause. On se permettra pourtant de hasarder une conjecture sur lexis- tence de cette couleur ; on se croit fondé à penser qu’elle a beaucoup d’analogie avec celle du lapis lazuli les chi- mistes les plus habiles se sont eflorcés , sans succès jusqu'à présent , de trouver autre chose que de l’oxide de fer. La couleur si belle du lapis , si inaltérable à l'air, et qui Je rend si précieux pour les arts, est facilement détruite par la flamme du chalumeau; la couleur du disthène ne change point à l'air , et disparoit bientôt par l’action d’une lorte chaleur. Ne pourroit-on pas leur attribuer la mème cause ?

D'HISTOIRE NATURELLE. 17

On ne terminera pas ce travail sans rappeler que M. de Saussure le fils a donné une analyse du disthène de Saint- Gothard. Les résultats qu’il a obtenus, comparés à ceux que l'examen de cette pierre nous a donnés, ne présentent pas beaucoup de différence. Si notre travail n’a pas le mérite de la nouveauté, nous aurons du moins l'avantage de nous ètre rencontrés avec un savant distingué, et d’avoir con- tribué avec lui à la connoissance intime d’une substance dont l’histoire chimique n’est passans intérêt pour la science des minéraux.

Selon M. de Saussure , 100 parties dedisthène contiennent

ERIC. OS MOMENT M MEET EI CE Aluramei Of REIMS 55 las 50. CHU MEN D EN ANNE Re TS 0580 "07002, ME gnésiens Le ue péni de fire te RES Rt L2 MOMARNO NDS Oxiderdé fer NP EE 6 65 TG: Pouietiber EEE IE RTE lo EG: 100,00 —-100,00. D’après notre travail, 593 parties de D'où il suitque pour 100 parties, disthène sont formées; lon a Defiice. 9 MEN ANA T8 Silice 0 EE EE EE 8 56 Alnminet-NeMER-00- 01528 Aluminer th: 55,50 Oxidedefer MEME Oxidelde fer 0}... 7 1-1-02,79 ChanxEet Me. 2 Pc Paie 3 Chats OR ET NE Te 2:00 HDEUMES & He L'AUDIT EE 4,5 À SET NU He) SLR FILE EST PA RER ES Pertentdentente Mel 1te Dra05; Perte intel eric 2) RES a, 593 100,00

18 ANNALES DU MUSÉUM

MÉMOIRE

Sur le Lo4s4, genre de plantes qui devra constituer avec le Mentzelia , une nouvelle farulle.

Pat ACT pe JaULSES TIRE UT:

D ANs la série des familles des plantes , à la suite de celle des onagraires, sont placés deux genres , A/entzelia et Loasa qui ont été rapprochés de cette série naturelle, parce qu'ils ont , comme elle, un calice tubulé d’une seule pièce, divisé seulement à son limbe;: plusieurs pétales attachés au haut de ce calice entre ses divisions et en même nombre; des étamines insérées au mème point; un ovaire engagé dans le calice et faisant corps avec lui; an seul style et un fruit capsulaire rempli de plusieurs graines. [ls différent de la famille par le nombre indéfini de leurs étamines, par Punité de loge du fruit qui s'ouvre seulement par le haut en trois valves, par l’attache des graines portées sur trois placentas appliqués contre les parois de la capsule.

Si ensuite on compare ces deux genres entreeux,on voitque le Mentzelia a un calice dont le limbe tombe debonne heure, desétamines de deux formes différentes, les unes extérieures au nombre de dix, à filets élargis par le bas; les autres intérieures et plus nombreuses, à filets étroits dans toute

Zom. 5 . PL. 7.

1.LOASA sclarcæfolia, 2,LOASA acerifolia. 5. LOASA tmiloba. Prrteau del.

deler de

mr mn titi:

Worcteau del.

DONSA

contorta,

2 IUOINSA

Tom

acanthifolia .

debier

de

Tom. SPL, Y.

Na \

DS)

1. LOASA ambrosiæfoha, 2. LOASA grandiflora ;

del Jelher Je

Tom. 8, PL. #. /

1.LOASA volubihs. DONS aiphylla d

‘3 del. Re 4

D'HISTOIRE NATURELLE. 19

leur longueur ; que son fruit est rempli seulement de cinq ou six graines. Le Loasa au coniraire a Le limbe du calice persistant ; ses pétales, souvent rétrécis par le bas, sont creusés en cuilleron à leur extrémité; ses étamines, nom- breuses et toutes à-peu-près égales, se rassemblent en cinq faisceaux placés devant les pétales et cachés dans leur con- cavité. Cinq écailles intérieures,d’une forme souvent bizarre, nommées nectaires par Linnæus, sont alternes avec les pé- tales, beaucoup plus petites et insérées au même point ; elles sont ordinairement concaves à bords rentrans , entières ou lobées, toujours munies en dedans de deux filets sté- riles, nues en dehors ou plus souvent garnies de deux ou trois appendices extérieurs. Le fruit, couronné par les di- visions du calice, renferme un grand nombre de graines. Les feuilles du ZLoasa sont alternes dans quelques espèces, opposées dans d’autres, ou plus rarement on en trouve sur le même pied d’opposées et d’alternes. Ce dernier carac- tère a lieu également dans le Aentzelia dont toutes les par- ties sont tellement chargées d’aspérités , qu’elle s'attache fa- cilement à tout ce qu’elle touche, et sur-tout aux vêtemens des passans. Dans les Zoasa au contraire, les tiges et les feuilles, toujours plus ou moins couvertes de piquans, offrent l'aspect d’une ortie ; et Feuillée qui a observé la pre- mière espèce, lui avoit donné pour cela le nom espagnol ortisa , parce que d’ailleurs sa piquûre étoit très-sensible. Ce nom a été changé par Adanson en celui de Loasa dont on ne connoît pas l’étymologie , mais que Jacquin a néan- moins adopté, lorsque dans ses Observations, part.2, pag. 15, t. 38, il a décrit une autre espèce qu’il a nommée L. urens. I] a le premier donné le caractère générique

3 *

20 ANINALES. DU MU SÉU M

exact du genre adopté depuis par les autres botanistes , et sur-tout par Linnæus qui s’est contenté de changer le nom de Zoasa en celui de Loosa, et de substituer au nom spé- cifique wrens celui de Aispida.

Telles étoient les connoissances acquises sur ces deux genres dont les ouvrages généraux de botanique n’offroient qu'une espèce pour chacun, lorsqu'il fut question de les classer dans l’ordre naturel. Leurs rapports extérieurs les rapprochoient tellement des onagraires, que Tournefort avoit réuni le A/entzelia à son genre onagre. Comme l’on n’avoit pas d’ailleurs assez d'espèces pour généraliser un caractère de famille , on se contenta de les laisser à la suite des onagraires en spéciliant leurs différences.

Le nombre d’espèces est maintenant augmenté ; Cava- nilles nous a fait connoître un A/entzelia qui paroit diflé- rent du premier. Lorsque M. Lamarck s’occupa du Zoasa, dans le Dictionnaire encyclopédique; je lui communiquai cinq espèces nouvelles de lherbier fait au Pérou par mon oncle Joseph de Jussieu ; il les publia, et elles ont été depuis adoptées par Wildenow. Maintenant je retrouve dans lher- bier du Pérou et du Chili, rapporté par Dombey, cinq autres espèces inconnues de Zoasa. Cette augmentation dans un genre qui offre un ensemble de caractères assez frappans et de formes agréables, nra déterminé à en offrir ure monographie, et j’ai fait dessiner sur-le-champ toutes les espèces que javois, par M. Poiteau qui joint les con- noissances du botaniste au talent du dessinateur, et qui a analysé lui-même toutes les fleurs pour présenter les diffé- rences remarquables dans leurs écailles intérieures.

L'examen de toutes ces espèces a montré beaucoup d’uni-

D'HISTOIRE NATURELLE 21

formité dans leurs principaux caractères ; une seule offre une différence assez frappante qui peut mème aider à fixer les idées sur la structure générale du fruit du Zoasa.On re- marque dans toutes les espèces que la capsule s’ouvrant seulement par le haut en trois petits panneaux, est garnie intérieurement de trois placentas appliqués contre ses parois et portant les graines. Dans lespèce que Lamarck nomme L. contorta, et qui est une de celles rapportées par Joseph .de Jussieu et par Dombey, cette capsule se contourne dans sa longueur comme une corde comme le fruit /’he- licteres, et cette torsion la sépare de haut en bas dans sa maturité en trois valves qui ont les bords rentrans. Le bord de l’une appliqué contre celui de sa voisine, forme dansle fruit jeune une demi-eloison sur la crête de laquelle est adapté un placenta chargé de graines , qui devient libre lorsque les valves se séparent. Cette structure dans ke Z. . contorta permet de supposer la même dans les autres es- pèces, et de présumer que leur capsule droite pourroit éga- lement se séparer en trois valves dans les points auxquels sont appliqués leurs placentas. La torsion qui produit dans une seule espèce l’écartement des valves, ne deviendroit un caractère sufisant pour constiluer un nouveau genre, qu’autant qu'il seroit commun à un plus grand nombre d’es- pèces, et nous croyons en ce moment ne pas devoir éta- blir de séparation.

Si on se décide à former une nouvelle famille qu’il fau- droit nommer LoAsÉes (/oaseæ) , à cause du genrequi en fait la base principale , on la caractériseroit aisément de la ma- nière suivante : calice monophylle tubulé à cinq divisions; cinq pétales attachés à son orifice et alternes avecses lobes;

°2 ANNALES DU MUSEUM

étamines distinctes et en nombre indéfini, insérées au même orifice ; ovaire adhérent au calice, surmonté d’un style et d’un stigmate ; capsule à uneseule loge renfermant plusieurs graines portées sur trois placentas appliqués contre ses parois ; tiges herbacées, chargées de poils ou d’aspérités, ainsi que les feuilles et calices ; feuilles alternes et opposées; fleurs sans disposition uniforme et constante. Les graines n’étoient pas en assez bon état pour qu’on püt déterminer leur structure intérieure; on n’y a point trouvé de traces de périsperme.

Cette famille se rapproche des onagraires, et en diffère aussi par les caractères déjà indiqués. Elle a', comme les myrtées, des étamines nombreuses et un seul style; mais elle en est distinguée par son port et par la structure de son fruit. Semblable aux ficoides par son fruit adhérent, par l’attache de ses parties , elle s’en éloigne par l'unité de son style et de la loge du fruit. Sa corolle polypétale, ses étamines nombreuses et son fruit uniloculaire l’éloignent des campa- nulacées qui sont monopétales, multiloculaires et à étamines définies. On ne peut la rapprocher des cucurbitacées, quoi- que celles-ci aient les graines également attachées à des placentas pariétaux , puisqu'elles ont de plus des fleurs à sexes séparés, sans pétales, et des étamines très-peu nom- breuses. Si on la compare enfin avec les nopalées ou cactes , on trouvera peut-être une affinité plus caractérisée par ce style et cette loge uniques, et par l’adhérence des graines ou des placentas qui les portent, aux parois du fruit. Ce rapport se fortifiera sur-tout par l'examen comparatif de la fleur du Loasa avec celle du Cactus pereskia dans la- quelle on trouve une conformation extérieure presque sem-

D'HISTOIRE NATURELLE. 25

blable, deux espèces de pétales, et des étamines nombreuses qui ont la même structure.

Après avoir indiqué briévement les rapports des Loasées , sur lesquels on sera encore dans le cas de revenir lorsque les voyageurs nous auront montré de nouveaux genres intermédiaires, il nous reste à faire connoître les espèces nouvelles, en établissant , par une comparaison avec les anciennes , les vrais caractères distinctifs de chacune. L’ar- rivée récente de MM. Humbold et Bonpland à Paris, après un voyage de quatre années dans l'Amérique méridionale, nous procure l’avantage d’ajouter une espèce nouvelle de Loasa à celles que nousavons déjà, et de compléter le ca- ractère d’une autre. Les gravures étant terminées depuis quelquetemps , et le mémoire presque livré à l'impression, nous n'avons pas le temps de faire graver l’espèce nouvelle, ni d'ajouter à une autre les feuilles inférieures qui lui manquent, mais on y suppléera ‘par la description ; et d’ail- leurs, ces omissions seront amplement réparées par ces voya- geurs célèbres qui ne manqueront pas de publier leurs plantes nouvelles dans le grand recueil des découvertes et observations faites par eux sur toutes les parties de la phy- sique et de l’histoire naturelle. Il faut seulement annoncer ici, d’après eux, que les Zoasa croissent dans les provinces de Loxa et dans les Andes de Quindiu au‘royaume de la Nouvelle-Grenade, à la hauteur de 500 à 700 toises, avec les quinquinas et les fougères en arbre.

Nous croyons pouvoir nous dispenser de recopier ici les caractères génériques des deux genres déjà tracés assez exac- iement dans le Genera , et auxquels il sufhra d’ajouter pour

24 ANNALES DU MUSÉUM-

le Afentselia, des feuilles quelquefois opposées avec des tiges dichotomes ; pour le Zoasa, des écailles intérieures de la fleur tantôt nues, tantôt garnies d'appendices au-dehors, et un fruit contourné dans une espèce. Nous nous conten- terons d'établir les caractères spéciliques, suivant le plan déjà adopté dans des mémoires précédens. .

MEexTzEL IA.

2. M. asrena. Linn. sp. ed. 2. p. 516 , ed. Wild. 2. p. 1175 ; Lam. dict. 4. p. 114, ill. t. 425. Mentzelia... Plum. gen. p. 41. ic. 174, £ 2. Onagra....Tourn. inst. p- 302. n. 6.—/Zerba aspera , pluricaulis, ramis alternis ; folia alt-rna , subsessilia , 2-pollicaria , ovato-oblonga ( ferè betonicæ } , crenata , acuta , flores foliis supremis axillares, sessiles; calix cylindricus, pollicaris , limbi divisuris acutis; petala subro- tunda , obtusa, vix limbum calicinum superantia. In ins. Antillanis.—Car. ex Plum. et ex sicc. / | er

2. M. msema. Wild. in Linn. sp. 2. p. 1176.—M. aspera Cav. ic. 1. p. 81. t.70(ex- clusis synonymis). Æerba aspera , multicaulis , ramis inferioribus dichotomis ;

Jfolia sessilia sesquipellicaria , cordata , crenata , inferiora alterna , superiora ad di- chotomias sub-opposita; flores axillares aut in dichotomiis soktariü subsessiles; cadix turbinatus, oblongus , limbi divisuris longioribus acutis ; petala subrotunda , acuminata , easdem superantia. In Mexico.—Car, ex Cav. Eadem in herb, Dom- ”beyi Peruano dicitur M, cordifolia, Loisa.

1. L rawosa. Domb. (PL 1,€3. )— Caudis pedalis ; folia opposita , petiolata, poliicaria , aut minora , cordate-triloba , lobis acutis , medio productiore subdentato ; ramudi axillares apice 1-flori, et simud pedunculi ramis axillares et üsdem subæ- quales , 1-flori floribus, parvis ; petala ovata , calicinis laciniis acutis six longiora ; squamule florales extàs 3-appendiculatæ ,apice angustiores emarsinatæ. In Peruviä. Car. ex siocû in herb. Dombeyi. Hujus squamula floralis seorsim in icone ex- primitur aucta, et tm interiùs tùm exterids delineata. Eadem habetur in congene- ribus infra memoratis squamularum yaria repræsentatio.

2. L. scerwroura, Domb. ( PI. 1, f 2). Caxdis (2-pedadis?) ; folia subopposita , 3-pollicaria , cordate-oblonsa, 5-7-loba ( aceris) lobis acutis, dentatis ; ramuli in

D'HISTOIRE NATURELLE. 25

summo caule axillares, apice 1-flori, et simul pedunculi solitarii ramulis axillares et œquales ; 1-flori, floribus non magnis ; syamuleæ interiores ut in L.trilobé. In Chiloë. Car. ex siccà herbarii Dombeyani.

3. L. xxrms. Lam. dict. 3. p. 581; Wild. in Linn. sp. 2. p. 1177. (PL2,f 2)— Caulisprostratus, pedalis , apice dichotomè ramosus ; folia opposita , 2-4-pollicaria cordato-lobata, lobis magnis acutis dentatis , suprà nitida , inferiora petiolata , su- Deriora subsessilia ; flores in dichotomiis solitarii pedunculatÿ mediocres;, petala calicino limbo vix majora ; sgamule interiores ut in L. trilobä. In Peruviz alpibus. Car. ex siccä herb. Dombeyi et ex ejusdem descript. in quä Z. lobata et L. ap- pendiculata dicitur.

4. L. sccanrarrozra. ( PL 1,f.1). Caulis magnus , apice dichotomus ; folia (sclareæ ) opposita magna; inferiora 6-pollicaria petiolata , basi profundè sinuata, lobis acutis, apice dentata acuta ; superiora subsessilia, 3-pollicaria , sinuato-den- £ata ; flores in dichotomiis longè pedunculati solitarii magni, petalis calicino limbo vix duplà longioribus; squamulæ apice angustiores emarginatæ , extùs 3-appendi- culatæ, appendicibus distinctis 2-torulosis ; harum filamenta interiora basi crassiora, medio 1-dentata. In Chiloë vernaculè , urtica brava, ct ex siccà in herb, Dom- beyi, cui Z. laciniata dicitur.

5. L. acaxrmrozta. Lam. dict. 3. p. 579; Wild. in Linn. sp. 2. p. 1176. (PI. 3, £ 2.)— Ortiga… Feuill. 2, p. 757 ,t. 43. 4 L. sclareæfuli discrepat foliis profundiüs sinuatis , calicino limbo breviore, petalis eodem ferè triplo longioribus , squamulis apice dilatatis 3-lobis, lobo medio minore emarginato , extis 3-appen- diculatis , appendicibus filiformibus basi junctis et apice 1-glandulosis. Cœtera conformia. In Chiloë. Car. ex siccà herb. Dombeyi cui nunc Z. laciniatæ varie- tas, nunc Z. carinata dicitur ob petala apprimè carinata.

6. L. conrorra. Lam. dict. 3. p. 579; Wild. in Linn. sp. 2. p. 1176(PL3,f1). Caulis scandens gracilis, dichotomè ramosus ; folia oppositæ petiolatæ 2-3-pol- licaria cordato-oblonga sinuata, lobis dentatis, inferioribus productioribus ; flores in dichotomiüs aut in foliorum axillis solitarii, longissimè pedunculati, magni ; petala ovata , basi angustiora, calicinis laciniis dentatis angustis triplô longiora ; squamulæ apice angustiores emarginatæ , extüs 3-appenrdiculatæ ; capsula nutans , oblonga sesquipedalis , contorta, quasi pluricostata , ab apice ad Lasim demim 3- valvis ; valvarum extùs 3-lineatarum margines introflexi, singuli seorsim cum proximo valvæ vicinioris margine constituefites semisepta , quorum jugis affiguntur 3 receptacula seminifera post valvarum dehiscentiam libera ; sémina numerose an- gulata , setis echinata. Fructus exts Helicteris. Yu Peruvià. Car. ex siccà herb, Jos. Jussæi et Dombeyi cui dicitur Z, spiratis,

5 4

26 ANNALES DU MUSÉUM

7: L. crannrrLora. Domb.; Lam. dict. 3. p.580; Wild.in Linn. sp. 2.p. 1177. (PI 4, f 2).— Caulis ( 2-pedalis ? ) apice ramosus ramis alternis axillaribus ; folia cordata 5-loba; inferiora opposita longissimè petiolata , 4-pollicaria, lata, lobis dentato-sinuatis ; superiora ad ramulos alterna, 2-pollicaria angustiora, brevits petiolata ; flores subsolitarii terminales aut summis foliis axillares, longè peduncu- lati maximi , calicino limbo magno lanceolato , petalis oblongis obtusis ; squamulæ oblongæ apice bilobæ, extùs non appendiculatæ. Wn Peruvià. —Ex herb. Jos. J ussæi et Dombeyi. Specimina Dombeyana foliis latioribus et petalis fortè minüs lan- ceolatis

8. L. ArcEmoNoIDES. Caulis (sesquipedalis ? ) apice ramosus , ramis alternis axilla- ribus; folia alterna petiolata, cordata lobato-sinuata acuta , tomento albo utrin- que obducta; flores solitarii terminales, aut axillares pedunculati maximi, petalis latis subrotundis, calice lato. Habitus Argemones. Yn America meridionali propè urbem Santafé , recentissimè communicata a DD. Humboldt et Bonpland nuper ex longinquo itinere reducibus cum numerosà plantarum in diversis ejusdem

Americæ regionibus collectarum supellectile.

9. L. xanraurorra. (PL 2, f. 1). Caulis sesquipedalis ; folia (xanthii ) at- terna petiolata tripollicaria , cordato-oblonga acuta , dentato-crenata dentibus magnis; flores parvi in summis ramulis axillares aut non axillares. In Peruvià. : -Car. ex siccà in herb. Dombeyano , ubi dantur specimina foliis tanthm sesquipol- licaribus Z. solanifolia dicta ,quibus ex Dombeyo squamulæ floris interiores cari- natæ apice acuto bidentato et pauciora in fasciculis stamina : an varietas Z. xan= thifoliæ? An yarietas altera L. chenopodiifolia Lam. dict. 3. p. 580, distincta tan- tm caule humiliore et foliis vix pollicaribus , cujus specimen à D. Lamarck in nostro Jos. Jussæi herbario descriptum consonat quibusdam Z. xanthifoliæ spe- ciminibus Dombeyanis ?

10. L. Amrrosiærozra. ( PI. 4, f. 1 ).— L. urens ; Jacq. obs. 2, p. 15,t. 58 ; Lam. dict. 3.p. 578.— L. hispida. Linn. syst. ed. 12, p. 364, sp. ed. Wild.2.p. Caulis pedalis vix ramosus, aculeis numerosis, flavescentibus hirsutissimus ; foliæ alterua 4-6-pollicaria bipinnatifida ( ambrosiæ), cost& medià hirsutissimä, laci- niis obtusis; pedunculi axillares aut exträ-axillares 1-flori, ‘calicinis laciniis viridibus angustis; petala iisdem dupld longiora apice dilateta ; squamulæ apice angustatæ bifidæ ;extüs non appendiculatæ. Xn Peruvià. —Car. ex Jacq. et ex siceà in herb. Dombeyano.— Mutatur nomen specificum , quia omnes loasæ urentes sunt et hispidæ.

11. L. vorumus. Domb. ( PI. 5, fig. 1 ). Caulis volubilis ramosus( 2-3-pe- dalis? ) gracilis , ramis inferioribus oppositis, superioribus alternis remotioribus ; fotia Lipinnatifida ( cochleariæ coronopi ) lacinüs angustis obtusis ; inferiora op-

D'HISTOIRE NATURELLF. 27

Dositæ, superiora alterna remotiora in summo caule indè quasi nudo ; flores parvi éerminales aut summis foliis axillares ; petala calice vix dupld longiora ; squamulæ apice angustatæ bilobæ, extüs suprà 3-appendiculatæ. In Chiloënsis regni are nosis propè urbem la Conception. Car. ex siccâ in herb. Dombeyano.

12. L. rrrpnyzcra. (PL 5,f. 2). Caulis sesquipcdalis ramosus, ramis alternis axillaribrs; folia alierna , nunc sæpiàs triphylla}, nunc rarits 4-5-phylla , foliolis in petiolo appendiculatis; flores pauci, in summis ramulis terminales aut suprà au£ extrè-axillares, non magn';petala unguiculata calicino limbo brevi duplà longiora ; squamulæ ovatæ; extis 2-appendiculatæ appendicibus foliaceis. In Peruvià. Car. ex icone Jos. Jussæi cui deerant folia inferiora , et ex siccis speciminibus à DD. Hum- boldt et Bonplaud nuperrimè commuuicalis in quibus eadem folia perfectiora et plurimim varia,

28 ANNALES DU MUSÉUM

SUITE DES MÉMOIRES

Sur les fossiles des environs de Paris.

Par LAMARCK.

GENRE XL. VozvaiRE. l’olvaria.

CHARACT. GEN.

Testa univalvts , cylindrica, convoluta : spir& non ex- sertd. Apertura anguslata, longitudine testæ. Co- . . D lumella ad basim plicata.

ONBLSRESR EVEREST AIO ENSS:

Les volvaires ont évidemment les plus grands rapports avec les auricules dont elles ne différent que parce que leur ouverture est aussi longue que la coquille. Cependant si l’on a égard à la conformation générale des velvaires, c’est-à-dire, à l'espèce d’enroulement de ces coquilles , il semble qu’on ne devroit pasleséloigner du genre des bulles; car la seule volvaire que Fon connoît ressemble beaucoup, sous ce rapport, au bulla cylindrica et au bulla solida, mais on observe à la base de sa columelle trois plis obliques fort remarquables.

DHISTOIRE NATURELLE. 29

Au reste, les volvaires sont des coquilles univalves cy- lindriques , enroulées assez régulièrement autour de leur axe; ayant l'ouverture longitudinale, étroite , et aussi longue que la coquille même. Le bord droit de ces coquilles est simple, non replié en dehors ni bordé comme dans les marginelles qu’elles avoisinent ainsi que les auricules.

La seule espèce qui m'est connue est dans l’état fossile ; voici le nom que je lui assigne.

ESPÈCES FOSSILES.

Volvaire bulloïde. 7’élin, n.° 19, f. 14.

Polvaria (bulloides) cylindrica transversè striata ; striis impresso-punctatis ; spir@ subinclus& mucronalà. n.

L. n. Grignon. Cette volvaire, enroulée comme un cornet , mais sous une forme cylindrique, a 18 millimètres de longueur sur une largeur d'environ 4 millimètres. Elle est blanche , striée transversalement dans toute sa longueur, et ses stries offrent des points enfoncés qui sont le produit de stries longitu- dinales moins apparentes. La spire , comme enfoncée dans l'extrémité supé- rieure de la coquille, se termine par une petite pointe particulière à peine en saillie. A la base de la columelle , on remarque trois plis obliques bien exprimés.

Mon cabinet,

GENRE XLTI

‘AMPULLAIRE. Æinpullaria. CHARAC. GEN.

T'esta univalvis ventricosa, subglobosa, bast umbilicata. ÆApertura oblonga integra: labro sinistro non calloso.

OBSERVATIONS.

Les ampullaires sont des coquilles fluviatiles des climats chauds, qui semblent avoisiner les plagorbes. Cependant

50 AN NIALES DU) MUSÉUM

elles en sont bien différentes par leur aspect ; car elles sont globuleuses et très-ventrues; ce qui vient de ce que leur dernier tour est au moins quatre fois plus grand que celui qui le précède.

La spire toujours un peu saillante des ampullaires, et l’opercule corné que porte l'animal qui habite ces coquilles, ne permet pas de les confondre avec les planorbes qui sont toutes complétement discoides. Mais les coquilles qu’on est le plus exposé à confondre avec les ampullaires sont les nalices ; car elles sont toutes ombiliquées, avec ou sans recouvrement, et plusieurs natices sont très-ventrues et presque globuleuses comme les ampullaires. Néanmoins, toutes les natices sont des cequillages marins, munis d’un opercule solide et calcaire, et le bord gauche de Pou- verture de ces coquilles est éminemment calleux , épaissi, et offre souvent des masses de matière testacée qui remplissent ou recouvrent plus ou moins complétement lombilic; ce qui suffit pour les faire distinguer des ampullaires.

Je rapporte au genre des am pullaires le cordon bleu ; ( kelix ampullacea de Linné ) l’idole ( bulimus urceus de Bruguière ); l’œil d’Ammon ( Bulimus effusus. Bruguière ); la noisette ( Bulimus avellana. Brug. ); etc.

ÉSPECGES FOSSILES.

1, Ampullaire pigmée. Vélin , n.° 47 ,f. 6.

Ampullaria ( pygmæa ) ventricosa ; discoideo-globosa , lævis , basi umbilicate ; apertur& elongatä. n,

L. n. Chaumont, Coquille mince, fort petite, ayant à peine 2 millimètres de largeur sur une longueur un peu moindre, et qui a de grands rapports avec les planorbes. Elle est lisse , à spire très-obtuse, ombiliquée à sa base, et à son ouverture prolongée inférieurement,

Cabinet de M. Defrance,

D'HISTOIRE NATURELLT. 54

2. Ampullaire enfoncée. Vélin, n.° 21, f. 5.

Ampullaria (excavata) ventricosa, subglobosa , lœvis : columell& sinuoso-cavä perforatä. n.

L. n. Grignon. Je rapporte avec doute à ce geure une coquille fort singulière par l’enfoncement sinueux de sa base, et qui d’ailleurs ressemble presque à une petite hélice. Elle est très-ventrue, un peu globuleuse, lisse en sa superficie, et n’a que 6 à 7 millimètres de largeur. Sa spire est peu élevée, convexe, et n’offre que quatre tours.

Cabinet de M. Defrance.

3. Ampullaire conique,

Ampullaria ( conica) ovato-conica ; anfractibus lœvibus convexis ; wmbilico semi-lecto. n.

L. n. Beiz, Cette coquille seroit un bulime, si l'avant-dernier tour formoit une saillie dans l'ouverture. Elle est ovale-conique , à tour inférieur ventru, ayant un ombilic à demi-recouvert, Sa spire est composée de six ou sept tours convexes , lisses et ‘qui donnent à la coquille une longueur de 31 à 32 millimètres.

&. Ampullaire pointue. Vélin , n.° 20 ,f. 7.

Ampullaria ( acuta) ventricosa , lævis; spir& brevi acutä, umbilico semi-tecto. nr.

L. n. Courtagnon , Grignon. C'est une coquille ventrue, lisse, à spire peu éle- yée et pointue, composée de huit tours. L'ouverture est oblongue, un peu oblique, à bord inférieur déprimé et presque refléchi, L’ombilic est en partie recouvert, et quelquefois il l’est entièrement. La longueur de cette ampul- laire est de 3 centimètres sur 25 millimètres de largeur.

Mon cabinet.

5. Ampullaire acuminée. Pélin, n°21, £. 1.

Ampullaria ( acuminata ) basi ventricosa , lævis : spira elongato-acuminaté ; awmbilico-tecto, n.

L. n. Grignon. Quoique cette ampullaire ait avec la précédente les plus grands rapports , elle en paroît suffisamment distincte par sa spire élevée, acuminée, composée de huit à neuf tours dont l'inférieur est très-ventru. L’ombilic est entièrement ou presque entièrement recouvert La coquille est moins grosse que celle qui précède , proportionellemont à sa longueur.

Cabinet de M. Defrance.

6. Ampullaire à rampe. Vélin ,n.° 21,f. 2.

Ampullaria (spirata ) subventricosa ; spir@ brevi, acut& anfractuum margine superiore depresso. n.

L. n. Grignon. On pourroit soupconner cette ampullaire de n'être qu'une va- riété de l'espèce n,° 4; néanmoins , comme elle est assez commune, tous les

32 ANNALES DU MUSÉUM

individus s'en distinguent facilement par l’aplatissement du bord supérieur de chaque tour qui forme une rampe spirale autour de la spire. Cette co- quille est d’ailleurs plus petite que l’ampullaiare pointue. Son ombilic est pareillement à demi recouvert.

Cabinet de M, Defrance et le mien.

7. Ampullaire déprimée. Félin, n.° 20, f. 7.

Ampullaria ( depressa ) globosa subumbilicata; anfractuum margine superiore convexo , vix canaliculato ; columellà infernè depressd. n.

L. n. Grignon. Cette ampullaire est globuleuse , grosse comme une petite prune et a 3 centimètres de longueur sur une largeur de 26 ou 27 millimètres, Elle est remarquable par la dépression de la base de sa columelle et du bord droit de son ouverture. !Sa spire qui est courte et un peu pointue, est composée de six ou sept tours. L’ombilic est demi-ouvert; mais dans une variété , il est recouvert presque entièrement. Le test de cette coquille a toujours une épaisseur assez considérable,

Mon cabinet et celui de M, Defrance,

8. Ampullaire canaliculée.

Ampullaria (canaliculata ) globosa , umbilicata; spir& brevi canaliculat ; sulco spirali umbilicum ambiente. n.

L. n. Grignon. Il se pourroit que cette coquille ne fût qu'une variété de les- pèce qui précède ; cependant tous les individus que j'ai observés sont cons- tamment plus petits, à test peu épais, à spire bien canaliculée entre ses différens tours , et n'offrent point d’aplatissement à la base de la columelle. On voit d’ailleurs un sillon en spirale qui environne l’ombilic. La coquille n’a guère plus d’un centimètre soit en longueur soit en largeur.

Mon cabinet et celui de M. Defrance.

9. Ampullaire ouverte. Vélin, n.° 20, f. 5.

Ampullariq, ( patula ) ventricosa, umbilicata ; spir& brevi; sulco umbilici Qt- tecto; labro amplo subauriculato. n.

Haelix mutabilis. Brauder. foss. hant. variet. n.° 57., tab. 4, f. 57.

L.n. Grignon. Cette belle ampullaï > se reconnoît aisément par le bord droit de son ouverture qui est ample et ouvert presqu’en forme d'oreille. Le sillon qui environne l’ombilic est recouvert par une lame appliquée qui en laisse à peine paroïtre le bord extérieur. La coquille est lisse, très-ventrue , à spire pointue et fort courte. Elle a 4 centimètres de longueur sur une largeur aussi grande. Son ouverture est fort ample.

Mon cabinet et celui de M. Defrance. (Commune. }

10, Ampullaire sigarétine, Félin , n.A 20, f, 3,

AIN A NI L LES D UUMUSÉUM 53

Ampullaria (sigaretina ) ventricosa, imperforata ; spir@ brevi; labro amplo auri- culato. n.

L. n. Grignon. Cette espèce est aussi commune à Grignon que la précédente, s'y trouve aussi grande , et lui ressemble à tant d’égards qu'on pour- rait la regarder comme n’en étant qu'une variété ; car elle n’en diffère que parce qu’elle manque entièrement d’ombilic. Mais si l’on considère que les plus jeunes individus sont tous aussi dépourvus d’ombilic, c’est-à-dire, que leur ombilic est pareïllement recouvert, cette distinction constante et facile à saisir, pourra paroitre suflisante pour présenter celle ampullaire çomme une espèce.

Mon cabinet et celui de M. Defrance.

A base évasée comme dans les mélanies.

41. Ampullaire crassatine. 7’élin, n.° 50, f. 5.

Ampullaire (crassatina ) ventricoso-globosa, crassa& , imperforata ; columellà basi effust ; spir4 caMaliculatà. n.

L. n. Pontchartrain. Très-belle et très-singulière coquille qui peut-être, avec la suivante, devroit être considérée comme nn genre particulier. Elle est grosse , très-ventrue, presque globuleuse, à test épais , et à spire courte, co- nique, composée de sept tours. Elle a tanten longueur qu’en largeur environ 8 centimètres ( près de 3 pouces). On ne lui voit aucun ombilic, mais l'épais- seur de la coquille en cet endroit indique qu'il a pu en exister un qui fut recouvert par beaucoup de matière tesiacée. La columelle offre à sa base une courbure et un éyasement qui semblent rapprocher celte coquille des m’, lanies. Eu outre, le bord droit de Pouverture , avant de s'appuyer sur l’'avant- dernier tour, se replie en baissant, ce qui rend la spire canaliculée.

Cabinet de M. Defrance.

12. Ampullaire hybride.

Ampullaria (hybrida) ovalo-ventricosa, imperforata , lœvis; columell& basi effusä ; anfractuum margine superiore canali complanato. n.

L. n. Betz. Cette coquille beaucoup moins grosse que la précédente, a de si grands rapports avec elle, qu'elle est nécessairement du même genre, Mais je doute fort qu’elle soit bien placée parmi les ampullaires. Elle est ovale, à dernier tour ventru, et à spire conique composée de six ou sept tours. On voit qu'elle n’a jamais eu d’ombilic. Le bord supérieur de chaque tour forme un canal un peu enfoncé , mais aplati; la courbure ainsi que l'évase- ment de la base de la columelle sont comme dans espèce ci-dessus. Cett coquille est longue de 34 millimètres sur 26 millimètres de largeur.

Cabinet, de M. Defrance.

GS 5

Le

54 ANNALES DU MUSÉUM

Ossenv. A l'exception des espèces n.° 1 et2, toutes les autres paroissent être des coquilles marines voisines des natices par leurs rapports, mais qui en sont distinctes. Cela me fait présumer qu’elles appartiennent à quelque genre particulier qui n’est pas encore reconnu.

GENRE XL LE

PLanorsr. Planorbis. CHARACT. GEN.

Testa univalvis , discoidea. Spira depressa , vix promi- nula; anfractibus omnibus utrinquè conspicuis. Aper- dura integra, oblonga ; margine nunquäm reflexo.

OBS EUR: Vi A ETUI LOL Ne

On sait que les coquilles discoides sont celles dont la spirale tourne sur un plan horizontal, de manière que ce que l'on nomme Ja spire( Pensemble des toursde la coquille) ne fait point ou presque point de saillie, et qu'on aper- çoit sur les deux surfaces opposées de ces coquilles, sans laide d’un trow ombilical, tous les tours dont leur spire est composée. C’est en éffet ce qui a lieu dans les planorbes dans lesquels la spire aplatie ou presque point saillante, se voit entièrement soit en-dessus soit en-dessous. La seule chose qui distingue la face inférieure de ces coquilles, c’est qu’elle est toujours plus enfoncée que la supérieure, et qu'elle présente une espèce d’ombilic fort évasé , et non simplement un trou ombilical.

Les planorbes sont des coquillages fluviatiles qui ha-

DMEMIISUI OUTRE EN M AMEUUUER EE PL UE: 35

bitent les eaux douces. Linné les rapportoit à son genre helix ; mais Bruguitre jugea qu’il étoit convenable de les en séparer, et en forma effectivement un genre particu- lier auquel il a assigné le nom de planorbe que nous avons adopté. il eût d'autant plus de raison à cet égard, qu’outre qu'il diminuoit par ce moyen la trop grande étendue du genre Lelix, il en écartoit des animaux aquatiques qui n’ont que deux tentacules à la tète, et qui portent les yeux à la base de ces tentacules.

Ces coquilles sont en général minces, fragiles, diaphanes ; les unes ont les tours presque cylindriques et les autres les ont carinés ou anguleux. Leur ouverture est un peu plus longue que large, et offre intérieurement une saillie formée parlavant-dernier tour. Ses bords ne sont jamais réfléchis en dehors, comme ils le sont dans tous les hélices adultes.

Je doute que l’on doive regarder comme de véritables fossiles les coquilles fluviatiles et même les terrestres qui paroissent être dans cet état. J’en ai déjà exposé les motifs en traitant des cyclostomes : au reste, voiei quelques espèces qui setrouvent aux environs de Paris parmi d’autres fossiles,

ESPÉICES/EO SSILES. 1. Planorbe nitidule. Vélin, n.° 46, f. 18.

Planorbis ( nitidula ) discoidea, non carinata, lœvis, nitidula; aperlur& ro- tundatä. n,

L. n. Grignon. Planorbe très-petit, à coquille mince, discoïde, lisse , un peu lui- sante, et dont les tours ne sont point carënés. Sa largeur est à peine de 2 millimètres. La spire, au lieu de faire la moindre saillie, est un peu en- foncée, et n’est composée que de trois à quatre tours.

Cabinet de M. Defrance.

2, Planorbe subanguleux. Vélin, 47, f. 1. Planorbis (subangulata) discoidea , lœvis ; anfractibus subansulatis , obsolete

carinatis , aperturé rotundalo-angulosa. nr

56 ANNALES DU MUSÉUM

L. n. Grignon, Quoique fort petit, ce planorbe est un peu plus grand que celui qui précède, et a 2 millimètres de largeur. Sa spire est plane, sans aucune saillie, et composée de quatre tours légèrement carênés en dehors , et un peu anguleux dans le bord interne de leur face inférieure. Cette coquille est bien distincte du planorbis carinata et des autres espèces connues.

Cabinet de M. Defrance.

3 Planorbe bicariné. Félin,n.° 47, f. 3.

Planorbis ( bicarinata ) discoidea , transversè striata , anfractibus externè bi- carinalis:

L.n. Grignon. Si, comme.je le suppose, celte coquille n’est point marine , c’est un planorbe bien distüinet de tous les autres par ses stries et les deux carènes qui bordent le cerniertour. La coquille est large de 4 millimètres , discoïde , striée Lransversalement , c’est-à-dire, dans le sens de la longueur de ses tours. Sa spire est plane ,sans aucune saillie, et composée de quatre tours dont le dernier beaucoup plus grand que les autres , offre en dehors deux carênes aiguës ou tranchantes , inégales , bien séparées.

Cabinet de M. Defrance.

* Dauphinule spirorbe. félin , 15,f. .

Delphinula ( spirorbis ) subdiscoidea, carinata ; anfractibus striatis ; spir& plano-convexa. n. É

L. Grignon. Cette dauphinule fut oubliée lorsque je n'occupai de son genre, parce qu'ayant presque l'aspect d'un planorbe , elle se trouvoit rangée parmi ces coquilles dans la collection. Elle est subdiscoïde , à spire aplatie , légèrement saillante et convexe, composée de cinq tours Ces tours sont striés dans le sens de leur longueur, et le dernier qui est plus grand que les autres, est carèné en dehors. La longueur de cette coquille est de 11 millimètres. On voit en sa face inférieure un ombilic évasé comme dans les cadrans,

11 faut placer cette espèce après la dauphinule sillonnée, vol, LV, p. 112.,

Cabinet de M. Defrance. :

Zom.5.

Onchidium peronuut.

Cuoier del

D'HISTOIRE NATURELLE. 37

MÉMOIRE

Sur PONCHIDIE, genre de Mollusques nuds, voisin des Lrmacss, el sur une espèce nouvelle, Onchidium Peronii.

Par G. CUVIER.

1. Remarques générales.

C: genre a été établi par le docteur Buchannan, dans les Mémoires de la Société linnéenne de Londres, tom. V, p. 152 , et adopté par M. Lamarck, dans son Système des animaux vertébrés.

M. Buchannan lui donne pour caractèresun corps oblong, convexe, couvert de pelits tubercules irréguliers, débordant de toute part le pied; deux tentacules; deux appendices ou lèvres en forme d’auricules ; et anus situé sous la partie postérieure du corps, derrière le pied. Ce naturaliste n’a observé qu’une seule espèce qui vit sur le /yÿpha elephan- tina de Roxburgh. Elle est longue d’un pouce à dix-huit lignes, large de six à neuf lignes. Le dessus de son corps est verdätre noirätre; ke dessous d’un jaune pâle.

M. Buchannan n’em donné qu’une courte description ex- térieure, laquelle n’est pas, selon nous , exempte d’inexac- titudes.

ù

58 ANNALES DU MUSÉUM

Il compare d’abord les appendices de la bouche à des bras , et leur trouve de lanalogie avec ce que Linnœus nomme ainsi dans la Scy/lée ; nos lecteurs jugeront comme nous qu'ils ne ressemblent point à des bras en général, et sur-tout qu'ils n’ont aucru rapport avec ceux des organes de la scyllée que nous venons de mentiouncer, car ces derniers ne sont autre chose que des branchies.

Il dit ensuite que son animal n’est point hermaphrodite , que les organes des deux sexes sont diflérens, et qu’ils sont placés dans lun et dans l'autre, avec l'anus, en un eloaque ou cavité commune , derrière le pied sous la queue. Il as- sure mème qu'on distingue très-bien les sexes durant le coit , vu que la verge est très-grande à proportion du corps.

Si cela est , il faut au moins convenir que son onchidie diffère du nôtre, beaucoup plus que leur extrème ressem- blance extérieure ne pouvoit permettre de le croire, car nous allons voir que celui-ci a les organes des deux sexes, réunis dans le même individu, et tout aussi développés que dans aucun autre mollusque,

L'onchidium , dont nous allons parler, a trouvé par M. Péron , sur les rochers de l'Ile-de-France; il rampoit à la manière des limaces, mais dans l’eau et non sur le sec,” comme la structure de ses organes pulmonaires auroit pu le faire croire,

2.” Description extérieure,

Cet individu avoit 5 pouces et demi de longueur sur 2 pouces et quelques lignes de largeur, le tout mesuré dans l'état de contraction de l'animal mort. Il est probable qu'il s’allonge beaucoup plus lorsqu'il rampe,

DH IS T-O IR B NATURELLE. 59

Un autre individu plus petit de quelques lignes, mais du reste absolument semblable , a été rapporté par M. Pé- ron de Pile de Timor, l’une des Moluques; cette espèce s’est donc trouvée aux deux extrémités de la mer des Indes, el il est fort probable qu’elle en habite toute létendue.

L'onchidium contracté ne montre à sa partie dorsale qu’un manteau coriace , en forme de bouclier elliptique bombé, tout recouvert de petites verrues qui se subdivisent elles-mêmes en verrues encore plus petites. Ce manteau dé- borde le pied de toute part, et le déborde d’autant plus, qu'il est moins contracté et moins bombé.

Dans le sillon qui sépare le pied du manteau, on remarque en avant la tête, en arrière l’anus et le trou de la respira- tion , et sur le côté droit un sillon qui a rapport à la géné- ration. La tête est aplatie; son bord antérieur se dilate en deux larges ailes charnues : la bouche est dessous, en forme de trou ovale , entouré d’un bourrelet chärnu. Dessus, on voit deux tentacules rétractiles comme ceux de la limace, et entre les deux, un peu plus près du droit, Pouverture pour la verge. Celle des organes féminins, est au côté droit près de l'anus. Il en part un sillon ou rainure qui marche tout le long du côté droit du pied, et va se terminer près de l'aile droite de la tête: il n’aboutit point jusqu’au trou par sort la verge.

L'ouverture de la respiration est au-dessus de l'anus, et entourée d’un bourrelet charnu, L’anus est simplement membraneux.

Les deux individus étoient dans la liqueur d’un brun noirâtre assez uniforme.

40 ANNALES DU M'USÉUM

5.” Ouverture du corps et position naturelle des viscères.

A l'ouverture du corps, on est d’abord frappé de l’épais- seur du manteau, beaucoup plus forte que dans la plupart des mollusques.

La figure IV représente les viscères en situation. & est la masse de la bouche; d, b, les glandes salivaires placées obliquement sur ses côtés; c, la bourse de la génération dont. j'expliquerai plus loin la structure; d, le corps prin- cipal de la verge, et e, e , son appendice vasculaire ; f, est le gézier;g, L,1,k , le canal intestinal ; /, /, le premier foie ; 2, le second; 7, le troisième ; o , est le testicule;p, l'oreillette du cœur ; g, le cœur lui-mème; 7 , la principale artère ; s, un lambeau resté du péricarde lorsqu'on la en- levé pour montrer le cœur; 44, le poumon paroissant au travers d’un reste de la tunique charnue du corps, dans l'épaisseur de laquelle il est situé ; & , la principale veine qui porte le sang du poumon dans loreillette du cœur ; #6, sont les muscles propres aux tentacules supérieurs. Mais ce n’est qu'en développant ces viscères, comme ils le sont dans les fig. V et VI, qu’on apprend à les connoître ainsi pour ce qu'ils sont.

Nous allons nous occuper de les décrire successivement. Organes de la respiration. L’organe respiratoire , par lequel il faut toujours com-

mencer la description intérieure d’un mollusque, parce Sal | se te . que ç’est sa forme et sa position qui déterminent en grande

D'HISTOIRE NATURELLE. 41 partie l’arrangement des viscères, l’organe respiratoire n’est point extérieur comme dans le plus grand nombre des gas- téropodes nuds aquatiques; il n’est point composé de pa- naches , de feuillets ou de telle autre structure saillante: mais il ressemble pour le fond à celui de la 4mace ter- restre et du colimaçon des jardins. X consiste en une cavité creusée dans l'épaisseur charnue du manteau , et sur les parois de laquelle rampent les vaisseaux ; seulement , dans les deux mollusques que je viens de citer, c’est à la partie antérieure de l’animal qu'il est situé ; dans l’ozchidiun , c'est à sa partie postérieure; etquoiqu’on n’aperçoive pasnet- tement quelle liaison si nécessaire 1l doit y avoir entre lanus et l’orifice de la respiration, la nature l’a conservée ici comme dans presque tousles mollusques , et notamment dans la lmace et le colimacon l'anus s’est done porté à l'arrière du corps, au lieu de rester en avant vers la droite, comme dans ces deux derniers.

Les parois latérales et supérieures de la cavité pulmo- naire, sont seules garnies de ce lacis de vaisseaux, qui leur donne une apparence tout-à-fait spongieuse. Le plancher ou la paroi inférieure est simplement membraneuse. C’est dans ce plancher, en arrière, qu’est percé le trou qui éta- blit une communication entre celte chambre pulmonaire et l'élément ambiant.

D'après cette ressemblance du poumon avec celui des mollusques terrestres de notre pays, d’après la nature mème de son organisation beaucoup plus analogue à celle des vrais poumons de quadrupèdes ou sur-tout derreptiles, qu’à celles des branchiesde poissons , j’aurois cru que l’on- chidie étoit aussi un mollusque terrestre, et il a fallu pour

D, 6

As "ANNALES DU MUSÈUM m'en dissuader la certitude qu’à M. Péron de lavoir tou- jours trouvé dans l’eau. Je pense du moins qu'il vient à la surface ouvrir son orifice , et prendre pour respirer de Pair en nature, comme le font nos bulimes étnos planorbes qui, quoique aquatiques, ne respirent cependant que de Pair. Le poumon est représenté ouvert , fig. V ; 4, #, sont les lambeaux de la paroi supérieure et vasculaire , rejetés sur les côtés; w, est la paroi inférieure , membraneuse; * est l'orifice.

o

Organes de la circulation.

Le sang vient dans ce poumon par deux grands vaisseaux situés sur les côtés du corps, absolument comme dans laplysie, c’est-à-dire, qu'ils sont creusés dans l’épaisseur des chairs, etenveloppés par des rubans musculaires qui se continuent et se perdent dans les autres muscles du pied. Ils sont revètus par dedans d’une membrane fine que je n'ai pu apercevoir dans Paplysie, et qui les empèche de communiquer aussi directement avec la cavité du ventre.

La fig. VI nous montre ces vaisseaux : les parties du pou- mon y sont désignées par les mêmes lettres que dans la fig. V. Le vaisseau du côté gauche est ouvert dans toute sa longueur ; AA , est sa partie qui recevant le sang du corps, fait l'office de veine cave et d’oreillette droite; BB, celle qui distribuant ce sang dans le poumon, répond au ven- tricule droit et à l'artère pulmonaire. Nous avons représenté en CC une portion du vaisseau du côté droit qui passe sous le péricarde, et qui dans cet endroit n’est point revètue de rubans musculaires.

Ces deux vaisseaux, outre les petites veines qui leur ar-

D'HISTOIRE NATURELLE 43

rivent de l'épaisseur des chairs, en reçoivent’ beaucoup d’autres des viscères ; j'en ai représenté une partie de celles qui vicnnent du foie et de l'intestin, fig. IV, en£:4 Ces petiles veines passent entre les rubans musculaires pour aboutir à chaque grosse veine latérale.

L’oreillette p, et le cœur g, lig. IV et V, ne font donc, comme dans tous les gastéropodes, que les fonctions des cavités gauches. Le sang qui a respiré leur vient du poumon par une veine qui rampe dans l’épaisseur du parenchyme de ce viscère , plus près de la peau, et par conséquent plus

rofondément par rapport à la surface interne de la cavité pulmonaire, que ne le fait le vaisseau qui lui avoit apporté le sang du corps. On voit cette veine pulmonaire en z, fig. IV. L’oreillette est très-grande; ses parois sont minces, transparentes , et son intérieur est renforcé par un grand nombre de cordes tendineuses, dont l’aspect est agréable à l'œil. J'ai tâché d’en exprimer une partie, fig. V. Il yena _sur-tout deux, marquées 7, qui prennent naissance dès l’in- térieur de la veine pulmonaire, etqui se bifurquent pour embrasser par quatre points l’ouverture de communication entre l'oreillette et le ventricule. Il y a ici, comme à l’or- dinaire, deux valvules qu’on peut à tous les titres nommer mitrales , et dont le côté libre est tourné vers le ventricule, Celui-ci est charnu et garni de colonnes nombreuses.

L’artère principale 7, £ IV, V et V]I,se porte en avantet un peu en dedans; elle donne d’abord une grosse branche ,1,1, qui se distribue aux foies et à quelques autres viscères de la digestion. La seconde, 2, 2, se porte ‘en‘arrière;, ‘et donne des rameaux aux parties femelles de la génération; elle se termine au rectum,

6 *

44 AUN NALES DU! MUSÉU M

Le tronc principal se portant toujours en avant, passe sous le cerveau, et donne deux branches qui, se jetant de côté à angle droit, pénètrent dans l'épaisseur des chairs elles marchent parallèlement aux deux grandes veines caves que nous avons décrites d'abord.

. Avant d’entrer dans les chairs, la branche droite donne un rameau , 4, pour les parties mâles de la génération, le- quel en donne lui-mème un, 5, pour la glande salivaire ee-côté-là. La branche gauche n’emploie son rameau, 6, qu’à la seule glande salivaire. Enfin , le tronc principal, 7, se terrine presque entièrement à la masse de la bouche.

De la digestion.

a. La bouche

La bouche ne doit point pouvoir s’alonger beaucoup en trompe ; cependant elle n’est armée ni de mâchoires , ni d'aucune dentelure; la langue est, comme dans la plupart des gastéropodes nuds, une lame cartilagineuse sillonnée en travers, et ployée en cornet, dont les mouvemens lents et onduleux portent les alimens dans l’œsophage qui a son origine précisément au-dessus de la langue. C’est pour ces mouvemens du cartilage lingual qu'est destinée la grosse masse musculaire que nous avons marquée @, &, a ,fig. IV, V'et VI. Les glandes salivaires , D, b, ib. représentent des arbres touffus, parce que les lobules qui les composent sont peu unis, et ne tiennent guères ensemble que par les branches du vaisseau excréteur, Celui-ci &'insère aux deux côtés de la naissance de l'œsophage.

b. Canal intestinal.

L’osophage, à, d, fig. V et V1, est ridé intérieurement

D'HISTOIRE NATURELLE. 45 dans le sens de sa longueur, et sa veloutée est légèrement villeuse. Il se dilate pour former le cardia, et est percé à cet endroit de deux trous, fig. V, qui reçoivent la bile des deux premiers foies.

Le premier estomac est un vrai gézier , très-semblable à celui des oiseaux ; armé comme lui de deux muscles très- épais qui l’embrassent et s’unissent à ses côtés par deux ten- dons rayonnans dans la position de la fig. V; l’un desmuscles est en avant en j', et l’on voit un des tendons en raccourci, en f. La veloutée de ce gézier est cartilagineuse comme celle des oiseaux. Le second estomac, 8, fig. V, est profondément cannelé à sa face externe et encore plus, en dedans : il a la figure d’un entonnoir. Les rides saillantes de son inté- rieur ont elles-mêmes vers leur origine une portion ar- rondie qui saille plus que le reste, et qui doit singulière- ment retarder le passage des alimens, du gézier , dans ce second estomac , tant qu'ils ne sont pas fort atténués.

Le troisième estomac, v, fig. V, est cylindrique, court, ridé longitudinalement en dedans , mais ses rides sont beau- coup plus fines que celles du second, et d’une grosseur égale dans toute leur longueur.

On voit ces trois estomacs ouverts; fig. VI; ils y sont marqués des mèmes lettres que fig. V;f",f", est la coupe de lPun des muscles du gézier; f", f",les parties de la ve- loutée qui répondent au muscle coupé ; j, celle qui répond au muscle resté entier.

Le canal intestinal , £, :, 2, g,fig. V et VI, est deux

fois et demie plus long que le corps. Sa es est à-peu- près la même par-tout.

45 SNNALES DU MUSÉUM

c. Les foies.

Ce que l'anatomie de cet onchidium nous a offert de plus extraordinaire, c’est la division de son foie en trois glandes qui ont leurs vaisseaux excréteurs distincts, et s’insérant à des endroits différens. C’est le premier exemple que nous en ayons observé; les célacés montrent bien plusieurs rates: les oiseaux plusieurs pancréas; ce n’estqu’icique nous avons vu plusieurs foies , et il ne fant pas croire qu'il s'agisse de glandes de nature diflérentes : ce sont trois foies essen- tellement identiques, si l’on excepte les circonstances ac- cessoires de la grandeur de la figure, et de la position ; ils ont la même couleur, lamème consistance, le mème tissu ; leurs lobes et lobulessont divisés de mème; leurs vaisseaux sanguins et excréteurs ont une distribution pareille, et le fluide qu'ils sécrètent est semblablo dans tons. Le plus grand, /, 2, fig. Vet VI, est à droite, au milieu de la longueur du corps, etembrasse la plus grande partie de l'intestin. Son canal s'ouvre dans l’oœsophage prèsle cardia, par le plus gros des deux trous percés en :

Le second, 72, fig. IV, s'ouvre au mème endroit, dans le plus petit des deux trous , est situé à l'arrière du corps sur la gauche ; et le troisième , 7, fig. IV , qui est en même tempsle plus petit, placé immédiatement derrière le vézier, perce de son vaisseau les parois de celui-ci à l'endroit mince, en arrière des deux gros muscles. Ce trou du gézier se voit en 4 ,fig. V. Le second foie est représenté à part à sa face intérieure , fig. 9. a, est son canal excréteur ; D, son ar- ière, et cc, les petites veines qui en partent pour aller

D'HISTOIRE NATURELLE 47

aboutir aux deux grands vaisseaux latéraux CC, fig. VI L'insertion des deux premiers canaux biliaires au cardia , rappelle la sécrétion abondante qui a lieu dans le jabot des oiseaux, et qui humecte les alimens avant qu'ils entrent dans le gézier ; mais il est toujours singulier de voir le suc gastrique suppléé ici par un liquide hépatique. La troi- sième insertion qui verse directement la bile dans le pre- mier des trois estomacs, est aussi fort remarquable, et ne se retrouve guère que dans quelques poissons, comme le diodon mola.

7. Organes de la génération.

Ïls occupent un très-grand espace dans le corps de l’on- chidie, et sont divisés en deux groupes principaux. Le premier qui a son issue entre les deux tentacules, contient les organes par lesquels l'animal exerce les fonctions du sexe masculin, et le second qui sort par le trou situé en arrière, sous la droite du manteau , contient ceux qui sont affectés aux fonctions de l’autre sexe.

a. Organes mâles.

Le premier groupe commence par une bourse membra- neuse c , fig. V et VI, dont le fond est divisé en deux culs de sacs qui reçoivent chacun un vaisseau cylindrique. Celui du cul de sac antérieur, Ÿ est très-mince, entortillé en pe- loton trois ou quatre fois plus long que le corps, et se loge tout entier au côté droitdela masse dela bouche ,en*, fig. V.

L'extrémité qui tient à la bourse y pénètre par un tuber- cule représenté en F', fig. VIII, et portant une petite pointe * de substance cornée, Le vaisseau mince lui-même, marqué

48 ANNALES DU MUSÉUM

wo ns üg. V, Vlet VII, recourbe son autre extrémité vers la base de la bourse , et l'y fixe, mais, à ce que.je crois, par de la cellulosité seulement.

L'autre est beaucoup plus gros et plus long; il occupe une grande partie de la cavité abdominale, en d, d,e,e, e, fig. IV, et éprouve dans sa longueur des changemens no- tables de structure. Sa partie postérieure e,e, est un vais- seau large , à parois minces, huit fois plus long que le corps; il est entcrtillé et replié sur lui-même; une forte artère qui donne des branches à toutes les parties, en maintient les divers replis. Ouvert , il laisse sortir quelques parcelles blanchätres, el une matière moulée un peu noirätre.

A ce vaisseau succède une masse elliptique, charnue et dure, marquée d, d;le canal en la traversant, devient fort étroit. Elle est suivie elle-mème d’une dernier vaisseau , 2, fig. VI, qui se termine à la bourse par une espèce de gland percé, et entouré d’un prépuce E , fig. VII. On voit, au travers des parois du vaisseau, «, 4, en un endroit mar- qué D, fig. V1, une pointe brune très-aigue. En ouvrant ce vaisseau, comme il est représenté, fig, VII, on remarque une sorte de pédicule charnu qui porte cette pointe, la- quelle est très-aiguë et de substance cornée. Elle doit pou- voir facilement passer par l'ouverture du gland E,.

Que penser maintenant des fonctions de ces deux organes? la pointe qui termine le gros vaisseau , est sans doute la verge; mais qu'est alors celle du petit ? ou Panimal auroit- il deux verges comme en ont parmi les animaux à sang rouge, beaucoup de lézards et de serpens ? Ces deux longs vaisseaux creux seroient-ils à-la-fois excréteurset sécréteurs? le fluide qu’ils contiennent est-il séparé par la substance de

D'HISTOIRE NATURELLE. 49

leurs parois? est-ce la vraie semence , et par conséquent ces vaisseaux sont-ils les vrais testicules ?

Ces mémoires n’eussent-ils d’autre objet que de rendre les observateurs attentifs à tant de particularités curieuses que l’histoire des mollusques ne peut manquer de leur offrir , je me croirais encore heureux d’en avoir entre- pris le travail.

b. Orvanes femelles.

Ils comprennent l’ovaire et ce qui l'accompagne ordinai- rement , c'est-à-dire, ce que j'ai jusqu’à présent nommé le testicule et la vessie. Ces trois organes forment un groupe qui dans l’état naturel est caché sous les autres viscères; on le voit en situation , fig. V: 0, est le testicule ; x, l'ovaire ; y, la vessie. Ces mèmes lettres se retrouvent sur les mêmes parties, fig. VL

L'ovaire x se compose de deux lobes divisés eux-mêmes jusqu'aux grains qui ne contiennent chacun qu’un œuf , et qui communiquent tous par des canaux particuliers à l’ovi- ductus ou canal commun.

- Celui-ci est replié comme à son ordinaire, ettraverse aussi comme à l'ordinaire, ce corps glanduleux queje prends tou- jours pour l’organe sécréteur de la semence; il est ici blanchätre et d’une formeirrégulitre.et Imégale. L'oviductus Ÿ, après yavoir fait divers circuits, paroit se continuer avec un canal M, M, qui se porte au-dehors , et qui, selon ma théorie , donneroit issue aux œufs une:fois imprégnés de sc- mence par leur passage au travers du testicule o. Un autre canal, N,N, paroï établir une communication différente entre certaines parties de ce testicule et la vessie y: il se 5. 7

5o ANNALES DU MUSÉ UM rend dans celle-ci, à côté du point d’où sort son canal propre Q.

Quelle que soit la justesse de mes idées sur la nature de ces divers organes, on conviendra toujours de l’analogie extrème de leur disposition avee ceux de laplysie : mème séparation de la verge et de ses appartenances d’aveclovaire et le testicule; même connexion de ceux-ci entre eux et avec la vessie : seulement l’aplysie n’a pointces deux longs vais- seaux qui tiennent dans l’onchidium aux organes du sexe mâle, mais on commence à en voir quelque vestige dans la bullée. y

Système nerveux.

Il est aussi simple et aussi régulier que dans les doris et les tritonies. Le cerveau , &, fig. V et VI, enveloppé de sa dure mère et d’une cellulosité serrée , présente, quand on enlève ses enveloppes , quatre tubercules grenus d’un brun jaune, dont les deux intermédiaires sont plus petits. Le collier qui passe sous l’oœsophage est très-élargi, par les méninges qui lui donnent la forme d’un ruban.

Les deux premiers nerfs, 10, 10, fig. VI, vont former sous la naissance de l’œsophage en ., deux petits ganglions d’où naissent les nerfs qui suivent cet oœsophage , et qui probablement vont jusqu’à lestomac et au-delà.

Ces deux ganglions sont analogues à ceux des doriset des trilonies , et sont comme dans celles-ci , Les seuls ganglions différens du cerveau , que j'aie trouvés dans le corps de Panimal. .

Les autres nerfs vont aux tentacules , à la bouche, aux organes mâles de la génération , etle plus grand nombre se

D'HISTOIRE NATURELLT bx perd dans les parties charnues des côtés. La figure VI les représente tous très-exactement, et je n’y ai point mis de marques, de crainte de trop Pembrouiller. On notera seule- ment le nerf 12, 12, qui suit l'artère n.” 2, et va avec elle jusqu’au rectum et aux poumons.

9.” Système musculaire.

L’enveloppe musculaire du corpsest très-épaisse ; la couche de fibres la plus étendue est transversale ; on la voitenS,S, fig. V1 ; il y a au-dessusdeux grandes bandes longitudinales, R,R,R, fig. VL Le reste de l'enveloppe est composé de hbres"entrelacées en toute sorte de sens.

5s ANNALES DU MUSÉUM

Te

"ADDITIONS et CORRECTIONS à l’article sur les

OSSEMENS FOSSILES DUÜU J'APIR.

P am Gap OU NV IU ER.

Drvs l'impression de cet article, jai reçu quelques ren- seignemens assez importanssur les pièces qui en font l'objet.

1.” Sur le petit tapir fossile.

J'ai trouvé dans les archives de la société philomatique un Mémoire qui lui a été adressé dès le 1.” floréal an PA par M. Dodun, ingénieur en chef des ponts et chaussées du département du Tarn, et qui est intitulé :

Notice sur de nombreux fossiles osseux trouvés le long des dernières pentes de la Montagne Noire, aux environs de Castelnaudart.

M. Dodun y donne un dessein très-exact de la même mâchoire que j'ai représentée dans mes planches IIl et IV. C’est lui qui le trouva en 1784, et qui le donna en 1788 à M. de Joubert. Outre les deux morceaux que j'ai donnés, M. Dodun représente encore un dent canine et une molaire séparées , et un fragment de mâchoire inférieure , conte- nant les deux dernières molaires du côté gauche ; elles sont en tout semblables à leurs correspondantes dans la mâchoire que j'ai fait graver.

D'HISTOIRE NATURELLE. 55

Il paroit par ce mémoire que les dernières pentes de la Montagne Noire et les environs de Castelnaudari sont très- riches en ossemens fossiles. M. Dodun y a trouvé des dents d’éléphans dans tous les âges et dans tous les états, plu- sieurs autres dents mconnues , des ossemensde poissons, etc. Il seroit bien à désirer que les personnes à portée recher- chassent encore ces sortes d'objets; l’histoire du globe ne pourroit qu'en profiter infiniment.

2.° Sur le grand tapir fossile.

J’aiavancé, p.17, à propos des deux parties de mâchoire de cet animal qui se trouvent dans le cabinet de M. de Drée, que M. de Joubert dont elles proviennent n’a laissé aucune note sur le lieu de leur origine. J’ai commisen cela une erreur d'autant plus forte, que M. de Joubert a laissé non-seulement des notes, mais qu’il a publié un Mémoire sur ce fossile intéressant.

C’est M. de la Peyrouse, naturaliste célèbre , profes- seur à Toulouse, maire de cette ville, et correspondant de l’Institut, qui a bien voulu m'indiquer ce Mémoire , im- primé dans le tome 5.° de ceux de l'académie de Toulouse, page 110 et suivantes, et accompagné de quatre planches qui représentent ces morceaux , chacun sous deux aspects, mais d’une manière très-imparfaite.

M. de Joubert dit que ces portions de mâchoire furent trouvées en 1785, sur la terre, en Comminge, du côté de Beinc , à cinq lieues d’Alan, château de l’évèque de Com- minge, près de la rivière de Louze. On‘trouva en mème temps trois pierres parsemées de fragmens d’os, impossibles à déterminer,

54 ANNALES DU MUSÉUM

On croit qu’elles avoient été extraites par les déblais qu’oc- casionnoit dans ce canton la construction d'un chemin de communication entre les villages. Les fouilles qu’on fit en- suite dans le mème lieu, furent infructueuses.

M. de la Peyrouse ajoute que c’est aussi dans le environs d’Alan que furent trouvées des défenses d’élé- phant , des mâchoires énormes , des bois analogues à ceux du cerf et du chevreuil qui étoient dans le cabinet de feu M. de Puymaurin, et dont une partie a été mentionnée par Buffon, dans les notes des époques de la nature.

M. de la Peyrouse a trouvé lui-même, long - temps après , du côté d’Alan, des dents et des portions considé- rables de mâchoires de grands quadrupèdes ; aussi a-t-il eu quelques doutes sur le lieu MM. Gillet et Lelièvre peuvent avoir trouvé la dent de grand tapir dont j'ai parlé dans l'article en question. Voici comment M, de la Lo rouse s'exprime à ce sujel:

« Le second morceau, dites-vous, a été trouvé près Saint- » Lary en Comminge, par MM. Gillet - Laumont et Le- » lèvre ; il n’y a pas de Saint-Lary en Comminge, mais » en Couserans. J'ai vu Saint-Lary qui ne paroit pas trop » un pays à pétrifications, et je crains que l’on m’ait con- » fondu Alan en Comminge, avec Saint - Lary en Cou- » serans. »

Je me suis empressé de consulter de nouveau MM. Gillet et Lelièvre, mais ils ont confirmé leur premier dire; c’est à Saint-Lary , dansle jardin de M. de Comminge, que cette dent fut trouvée dans des fouilles que l’on faisoit pour dis- poser quelques parties de ce jardin.

D'HISTOIRE NATURELLE. 55

Il est vrai que Saint-Lary est en Couserans , petite con- trée au sud-ouest du Comminge, arrosée par la rivière de Sarlat, tandis qu’Ælan est en Comminge mème, autre petite contrée arrosée principalement par la Garonne et la Louze ; Simorre, autre lieu fertile en ossemens fossiles, est encore tout près de-là, en Æ£starrac. Nous donnerons un chapitre particulier sur lespèce remarquable d’animal qu'on y trouve, ainsi qu'aux environs de Dax et dans plu- sieurs autres des vallées qu'arrosent les rivières qui des- cendent des Pyrénées.

56 ANNALES DU MUSÉUM

ADDIT'ION à l’article sur l'HIPPOPOTASrE.

PAR CR CGUMVALPERS

Drvis-que cet article estimprimé, j'ai eu connoissance d’un petit traité inséré par M. Schneider dans son édition de la Synonymie des poissons d’Artedi , imprimée en 1789, et quia à-peu-près le même objet que mon introduction. Æp- pendix exhibens historiam hippopolami veterum criticam. In Schneider synony nu, pisc.græc, et lat. p.247 et sequent, Cesavant helléniste y a rapporté quelques passages anciens qui m’avoient échappé, et que je m’empresse d’extraire.

Le principal est celui d’_Zclulles Tatius, auteur d’Alexan- drie, que M. Schneider prouve dans ce mème morceau , avoir vécu au plus tard du temps de Constantin ; liv. IV. L'animal fluviatile que les Egyptiens nomment c/ecal du » Nil, ressemble, dit-on , au cheval par le corps et lespicds, » excepté que ceux-ci sont fendus. Sa tailleest celle des plus » grands taureaux ; la queue courte et nue comme le reste » de son corps ; sa tête ronde et petite ; les joues pareilles » à celles du cheval ; ses narines grandes et ouvertes res- » pirant une haleine enflammée ; sa mâchoire aussi large » que ses joues ; sa gueule fendue jusqu'aux tempes ; ses » dents canines courbées , ressemblant à celles du cheval » (sans doute du sanglier), par la forme et la position, » mais trois fois plus grandes. »

On voit que cette description , sans être parfaite, est ce-

D'HISTOIRE NATURELLE. 57

pendant encore meilleure que celle de Diodore que j'ai citée. Elle ne laisse ancun doute sur l'espèce.

Les autres passages tirés soit d’Eustathius, soit de quel- ques auteurs du moyen âge, comme fsidore, Vincent de Beauvais et Albert-le-Grand, sont plus vagues et en grande partie erronés.

M. Schneider donne aussi la copie de quelques figures an” tiques de cet animal que je n’ai point citées, celle d’un vase gravé dans Gori, inscr. etr. Z, tab. 19; celle d’une pierre gravée de la coll. d'Orléans, et une peinture d’'Herculanum , tom. 1, p. 264. Il y en ajoute une de la plinthe de la statue du Nil, tirée du mus. Pio.Clem. Il, go, et cite encore di- verses médailles de Claude, d'Otacilia Sévèra, de Mammée et d'Hadrien. Tous ces monumens s'accordent avec ceux que je connoissois, et avec l’animal vivant.

Mais M. Schneider n’ayant point sous les yeux de copie de la mosaique de Palestine, confond les trois bonnes figures d’hippopotame avec cette figure de singe ou de cochon qui porte leslettres xoior,et croit que le mot de chœropotame est inscrit sur les premières. C’est ce qui le fait adhérer à l’opi- nion d’Æermann et de Prosper Alpin.

J’ai dit dans mon article, p.d, que Gylius quoiqu'il eût vu un hippopotame à Constantinople , s’étoit borné à copier la description de Diodore : ilen a publié une particulière à la suite de sa description de l’éléphant , imprimée à Hambourg en 1614.

M. Schneïder la rapporte dans le Supplément de son ou- vrage, p. 516 ; elle est fort bien faite pour le temps.

58 ANNALES DU MUSÉUM

NOD: TT Cr

Sur un essai de culture de la Patate rouge de Philadel- pluie, dans les environs de Paris,

Rénicée par M. FAUJAS-SAINT-FOND.

M. Lormerie, commissaire du Gouvernement français pour l'agriculture , dans les Etats-Unis, adressa de Philadelphie, il y a deux ans, à M. Fourcroy , une boite de tubercules de patates rouges (convoloulus batatas angulosus. Mus par.) il y joignit une variété de pommes de terre, la plus hâtive de toutes celles qu'on cultive dans cette partie de l'Amé- rique septentrionale.

M. Thouin ayant reçu de M. Fourcroy ces patates et ces pommes de terre pour les propager et en cultiver quelques- unes pour les jardins du Muséum, me remit trois des pre- mières et trois des secondes pour en faire des essais dans une propriété que j'ai dans la partie la plus méridionale du département de la Drôme.

Comme l’hiver approchoit, et que je craignois que le voyage ou le froid ne fatiguassent trop les patates qui sont en général délicates , je ne voulus en hasarder que deux que je fispartir , et je donnai la troisième à M. Daudun de Neu- vry qui s'occupe avec succès de culture, et possède un assez

D'HISTOIRE NATURELLE. 5a

grand nombre de plantes exotiques, dans une belle et utile propriété située à trois lieues de Paris, dans la commune de Bièvre.

M. de Neuvry fit placer sur-le-champ la patate que j’eus le plaisir de lui offrir, dans un pot rempli de sable sec qu’on déposa sur une des tablettes d’une orangerie vitrée , l'on n’alluma du feu que pendant quelques jours d’un froid un peu rigoureux. On avoit pour but de garantir cette patate de l'humidité et de la gelée, et de la conserver ainsi jusqu’au mois de mars. À cette époque, elle fut trouvée saine, et on la plongea avec son pot dans une couche chaude pré- parée pour faire lever des melons, et recouverte d’un chässis.

La plante ne tard a pas à végéter; lorsque les premières feuilles furent développées, on la tira du chässis , après l'avoir dépotée, et on la plaça à l'extrémité d’une couche sourde , établie en plein air, on ne la couvrit d’une cloche, que lorsque les nuits étoient un peu trop froides.

Cette patate, se trouvant dans une bonne terre, poussa avec beaucoup de vigueur et s’étendit au loin ; plusieurs de ses rameaux s’enracinèrent , et de fréquens arrosemens, pendant l’été, la firent prospérer au-delà de toute attente.

Vers le milieu du mois d'octobre, cette plante ayant été ürée de terre, donna soixante tubercules beaucoup plus gros que la mère , et en produisit en outre environ au- tant de petits qui s’étoient formés dans un grand nombre de rameaux bien enracinés ; ces rejetons étoient très- propres à former de nouveaux sujets pour l’année pro- chaine ; mais comme on ne connoissoit pas bien encore cette culture, l’on se contenta de conserver une seule de

8 *

Go ANNALES DU MUSÉUM ces jeunes plantes dans un pot qui fut mis dans la serre chaude il continua à végéter. É

Quant aux grosses patates, celles qu’on mangea comme essais, furent trouvées excellentes. On en conserva environ cinquante qu’on arrangea couche par couche avec du sable. sec, dans une petite barrique qu’on laissa ouverte d’un côté , et qui fut ensuite placée dans une serre tempérée pour y pas- ser l’hiver. On recommanda au jardinier qui conduisoit celte serre, d'éviter avec soin de mouiller la barrique ; mais soit par oubli ou par manque d'attention , il laissa tomber plusieurs fois de l’eau sur le sable des patates; et lorsqu'on voulut les visiter, vers la fin de mars, pour les mettre en pot, on reconnut qu’elles étoient gâtées, à l'exception de sept qui, se trouvant au fond du petit tonneau , furent garanties de la grande humidité.

Ces détails qu’on pourroit regarder peut-être comme trop minutieux , m'ont paru cependant nécessaires, puisqu'ils apprennent ce qu’il est utile de faire, et ce qu'il est bon d'éviter; je vais donc les continuer.

Des sept patates qu’on se disposoit à planter dans des pots avec du sable de bruyère, six se trouvèrent parfaitement saines : la septième avoit quelques taches de pourriture qu'on enleva avec un couteau ; mais on fut obligé, pour remplir ce but avec succès, de couper celle-ci en deux parties que l’on planta dans deux pots sur lesquels on avoit très-peu d'espérance , parce que la patate qui est un corvol- voulus, n’avoit pas été traitée encore comme la pomme de terre qui est un so/anrim qu’on peut couper par oœæilletons qui réussissent très - bien , et forment autant de bonnes plantes. On obtint donc par huit pots de patates, non

D'HISTOIRE NATURELLE. Gi compris une neuvième qu'on avoit conservée en état de vé- gétation dans la serre.

On établit les huit pots sur une couche chaude recouverte d’un châssis vitré; la végétation ne tarda pas à se manifester, et en très-peu de temps toutes ces plantes prirent de la vigueur , et l’on vit que les deux tubercules qui avoient été coupés, u’en avoient ressenti aucun mauvais effet.

Lorsque les feuilles furent bien développées , et eurent acquis une bonne couleur , les plantes furent, dépotées, vers la fin du mois de mars de l’an XIL, et rétablies sur une plate-bande en plein air, dans une terre sablonneuse peu riche en terreau; la plante qui avoit passé l’hiver en vé- gétation dans la serre chaude, fut placée à côté des autres ; on ne se servit de cloches que lorsqu'on craignit quelques gelées blanches, et l’on traita ces patates d’une manière assez rustique , car cette variété venant de Philadel- phie, on la crut plus robuste que les deux autres variétés qu'on cultive avec tant d'avantage dans les diverses parties de l'Amérique méridionale.

La végétation de ces plantes se manifesta avec la même force et avec la mème vigueur que l’année précédente; on eut le plus grand soin, lorsque le beau temps fut arrivé, et que le soleil prit de la force, de ne jamais les laisser man- quer d’eau; on les arrosa même fréquemment, ce qui les fit prospérer et jeter de toute part des rameaux qui pre- noient racine avec facilité ; l’on reconnut cependant que des arbustes étrangers qui se trouvoient un peu trop près du quarré des patates, en ombrageoient quelques-unes, ce qui diminua leur fécondité.

La récolte ayant été faite au commencement de vendé-

62 ANNALES DU MUSÉUM

miaire , les trois premières plantes qui éloient plus exposées au soleil que les autres, donnèrent, l’une quarante, l’autre cinquante , la troisième soixante gros tubercules(1) ; les six autres placées moins favorablement, ont produit, les unes vingt, les autres trente, et quelques-unes quarante belles patates. Elles ont donné en outre un grand nombre de pe- tits tubereules qui doivent être considérés comme le produit des rameaux qui ont pris racine et formé autant de nou- velles plantes ; celles-ci ont été mises dans des pots séparés au nombre de plus de quatre-vingt qu’on a placés dans de nouvelles couches pour les laisser en état de végétation ; on couvrira les bâches avec des chässis vitrés dans le temps des froids, et si l'hiver étoit rigoureux , on les réchauffe- roit avec du gros fumier ; c’est un nouvel essai que M. de Neuvry va faire. Il conservera en outre d’autres patates dans du sable sec comme auparavant, et le jardinier atten- üifet instruit qui dirige dans ce moment ses cultures, m’a dit qu’il comptoit sur une récolte abondante pour l’année prochaine , et qu’il espéroit que non-seulement cette va- riété pourroit se naturaliser dans le midi de la France elle exigeroit beaucoup moins de soins (2); mais qu'avec

(1) M. Faujas a présenté à l'assemblée des Annales du Muséum, cinq de ces patates qui pesoient une livre en tout.

(2) La chose est si probable , que la variété rouge ordinaire , cultivée dans les climats chauds de l'Amérique , et qui est beaucoup plus délicate et plus sensible au froid que celle de Philadelphie , réussit parfaitemeut à Toulouse M. de la Peyrouse la fit cultiver. Ce savant naturaliste apporta à Paris des produits de sa récolte de lan IX, au Muséum,et ces patates étoient grosses, vigoureuses, et d'an très-bon goût.

D'HISTOIRE NATURELLE. 65

un peu d'attention , et à l’aide de simples chässis , il seroit facile de conserver assez de ces plantes en état de végéta- tion pendant l'hiver , dans les jardins de Paris et des envi- rons , pour obtenir une culture avantageuse de ces patates très-agréables au goût et très-saines comme aliment.

On peut voir, au sujet de cette dernière variété de pa- tates, ainsi que sur celles qu’on cultive dans diverses par- ties de l'Amérique méridionale et sur leur culture, un très- bon mémoire de M. Thouin , inséré dans le tome IIL, pag. 185 des Annales du Muséum.

NB. M. Faujas rendra compte dans une seconde notice, des succès qu'il a obtenus dans ses possessions de S.-Fond, de la culture de la pomme de terre hätive, qui arriva de Philadelphie dans le même envoi adressé à M. Fourcroy.

G4 ANNALES :DU MUSÉUM

CORRESPONDANCE,

CSSS IILIS

Lettre de M. Barry, ancien Commissaire général de la ma- rine, à M. F'aujas-de-Saint-Fond.

M.

Dans la description intéressante que vous avez donnée dans les Annales du Muséum , 5.° cahier, du poisson fos- sile trouvé dans les carrières de Nanterre, vous considerez d’après l'opinion de M. Lacépède, l’analogue de ce fossile, comme ayant appartenu au coryphéne chrysurus.

Vous avertissez ensuite que comme dans ces sortes de rapprochemens on ne sauroit apporter trop de réserve, vous ne vous permettrez pas de prononcer aflirmativement, proposant aux naturalistes de voir le fossile dans votre ca- binet d'histoire naturelle , ce que je suis empressé de faire.

Dès le premier aperçu, j'avois jugé que le poisson de Nanterre n’étoit pas un des coryphénes que M. de Lacépède a décrit dans sa belle Histoire des Poissons , la comparaison approfondie que j'ai faite de votre gravure et du fossile ori- ginal avec les dessins du coryphéne chrysurus Aypurus qne je possède ou qui me sont connus, ne m'a laissé aucun doute dessus. Je vous communiquai mes premières idées ainsi qu'à M. Lacépède, et vous les trouvâtes, lun et Pautre, assez justes , pour m’engager à les développer par écrit. Je vais tâcher de remplir vos intentions.

D'HISTOIRE NATURELLE. 65

D'abord vous savez que votre poisson fossile n'a que dix pouces six lignes de longueur totale , au lieu que le cory- phéne de quelque espèce qu'il soit , est long depuis deux jusqu’à trois pieds, ne prétendant pas néanmoins que co poisson avant d’être adulte, ne soit moins long. Suivant la description du coryphéne (dorade d'Amérique) (1), dont la figure fut gravée d’après le sec, et que Duhamel à donnée dans son Elistoire des Poissons (suite de la 2.° partie, tome IIL.®, section 4 ), le poisson avoit trois pieds de longueur. Le coryphéne crysurus, découvert par Commerson dans la mer du sud, avoit de longueur 7 décimètres ( 25 pouces 7 lignes. ), d’après le dessin réduit que je vous commu- niqué ainsi qu'à M. Lacépède, et qui fut fait très-fidèle- ment sous mes yeux en 1782, d’après l’animal vivant qui venoit d’être pris sous la latitude boréale de 25.° 15°; longi- tude 51.° 5q ; ce poisson avoit une longueur bien mesurée de 2 pieds 3 pouces.

Enfin, dans mes campagnes sur mer, j’ai vu une grande quantité de ces dorades ; toutes m'ont paru avoir des lon- gueurs respectives, contenues entre deux et trois pieds ex- clusivement.

Une inégalité si grande, si tranchante dans la première des dimensions caractéristiques des poissons, la longueur, commence nécessairement la ligne de démarcation établie entre le fossile de Nanterre et les coriphénes ou dorades ; suivons cette ligne. Votre fossile a le museau obtus, ter-

(1) C’est mal-a-propos qu'on dit dorade Arnérique , puisque la dorade se trouye généralement dans les mers équatoriales ou solsticiales souvent à de très-grandes distances du continent ou des îles. de l’Ainérique.

5. Q

66 ANNALES DU MUSÉUM

miné par une ligne droite verticale ; chez le coriphène, la mâchoire inférieure déborde sensiblement la supérieure, et forme une espèce de cueillièr. A la vérité, au coriphéne doradon , gravé dens l'Histoire du citoyen Lacépède, les deux mâchoires sont également longites ; mais le dessin de cette gravure avoit-il été fait d’après nature , et fidèlement exécuté ? Souvent un voyageur qui sait dessiner, sans être naturaliste , rend mécaniquement un morceau d'histoire naturelle, en négligeant de petits détails, et sacrifant quel- quefois l’exactitude à l’élégance; de bien des erreurs.

Quoiqu'il en soit, le fait du prolongement et de la saillie de la mâchoire inférieure est prouvé par la description et la gravure de Duhamel, suivant lesquelles l’excédent est de six lignes, sur quoi on peut observer que les différences de ces deux dimensions sont relatives aux différences des longueurs totale des poissons.

D'ailleurs comme chaque animal terrestre ou marin à reçu de la nature des organes propres à se procurer la nourriture qui lui convient, il est probable que le coriphéne senourrissant principalementdes poissons volansqu'il prend à la chasse, et des substances alimentaires qu'il rencontre dans ses promenades, sous la surface des ondes , la forme prolongée et saillante de la mâchoire inférieure , est celle qui lui convient le mieux pour saisir et ramasser du bas en haut, dans l’eau une proie mobile et fugitive; on sent en effet que des mâchoires également longues seroient moins commodes.

Voici une autre différence remarquable : laileron dorsal du fossile de Nanterre, part du derrière de la tète pour aboutir à l'extrémité de la queue; celui du coriphène part

D'HISTOIRE NATURE L,LS. 67

du sommet dela tète pour arriver au mème point que l’autre; dans l’aileron dorsal du fossile, la première moitié du côté de la tête est composée de rayons durs très-piquans , assez écartés les uns des autres, et paroissant sortir avec force de leur fourreau , semblables à des armes offensives et dé- fensives; dans l’autre moitié du mème aileron , les rayons deviennent successivement plus foibles. Dans l’aileron dorsal du coriphéne,on compte beaucoup plus de rayons en tota- lité, mais ils sont généralement plus rapprochés les uns des autres, plus mous, plus flexibles, plus rameux , plus en- veloppés par la membrane, et formant une espèce de frange qui donne à l’aileron l’air de la crinière du cheval, d’où est venu au coriphéne lesurnom de Aypurus, comme d’un autre côlé on lui a donné celui de chrysurus , à cause de ses cou- leurs dorées ; aussi bien le coriphène , en raison de ses for- mes agréables et légères ; de ses contours coulans, gracieux ; de son coloris riche en superbes nuances, est-il regardé comme le plus beau des poissons, comme il en est un des plus excellens par la blancheur, la délicatesse et le goût de sa chair.

Je termine ici l’analyse des différences individuelles pour en venir à l’objet capital qui consiste à trouverle véritable analogue du poisson fossile de Nanterre.

À mon avis, cet analogue est le premier ou le deuxième poisson de la famille des sparrus, nom classique adopté par Duhamel, d’après Belon, avant la nouvelle classification divisionnaire qui a été établie d’après la structure de l’or- gane respiratoire des poissons. Je puis parler sciemment sur cette matière, ayant eu l'honneur d’être um des corres-

pondans de Duhamel. 9 À

C8 ANNUAL ES "D 'C NUUS É Ur

Le premier de ces poissons est l’awrade, du mot italien aurata, lequel est devenu vulgaire sur nos côtes de la Mé- diterranée, voisines de l'{talie. Il a été ainsi nommé à cause an trait en are placé près de l'œil, et qui ressemble à de Tor bruni. Ce poisson est demi plat, littoral, vivant de tes- tacées, de crustacées; aimant l'eau douce, se plaisant dans les étangs qui communiquent avecla mer, et qui contiennent beaucoup de ces sortes de coquillages dont il se nourrit principalement. C’est à raison de ce genre de nourriture que tout l’intérieur de la gueule est pavé de dents molaires propres à écraser, briser les coquilles, tandis que les mà- choïres sont bordées de petites lanières servant à gaisir la proie. De on doit mférer que lorganisation nutritive de Paurate n'étant pas la mème que celle du coriphéne, elle constitue une différence spéciale d’individu à individu.

La longueur totale de l'aurade est de 8 à 16 pouces; on en voit rarement au-dessus. Votre fossile à 10 pouces 6 lig., longueur à-peu-près moyenne entre ces deux extrèmes ; Pun et l’autre sont demi-plats , ayant un seul aileron dorsal, de la tête à la queue, armé de rayons pareils. Je ne parle ‘pas'des couleurs de laurade vivante, attendu que celle du fossile ayant naturellement disparu , il n’y a plus de terme de comparaison.

Enfin je n’aurois pas hésité à regarder l’aurade comme Tanalogue cherché , si j'avois pu, avec le secours de la loupe, découvrir dans la gueule du fossile des dents »10- laires ou du moins quelques traces de leur primitive exis- tence, mais je n’y ai vu que deux dents lanjaires avec leur émail, ass@fortes et obtuses. De l’absence des premières et de la forme des secondes ; toutes choses égales d’ailleurs , je

D'HASTOIRE NATURELLE. 6; me suis replié sur le deuxième des spareus nommé sar à Toulon. Ce poisson est celui qui se rapproche le plus de l'aurade dans toutes les parties «et les dimensions , mais non par les dents »2olaires très peu nombreuses et nioins fortes chez le sar, ni par les dents laniaires qui sont plus grosses et plus obtuses chez ce Gernier.'On peut pour plus

d'instruction consulter l'Histoire de Duhamel( suite de la partie, tome TEL. , section 4 , pag. 8 et suivantes ).

J'ai reconnu plusieurs de ces sparrus plus-ou moins petits dans la belle collection des poissons fossiles du Véronois, qu’on voit dans une des galeries du Muséum , provenant du cabinet de M. Gazola. La plupart de ces fossiles sont nu- mérotés , mais tous ne sont point encore nommés, de sorte que je n'ai pu établir lenr parité ‘avec le fossile de Nan- terre, que d’après les formes du corps et du museau, et celles de laileron dorsal.

Ces diverses considérations me déterminent à croire que l’analogue du poisson de Nanterre est, sinon l’aurade, du moins et presque certainement le sar ou un autre sparrus et nullement un coriphéne.

Cette opinion intéresse la géologie, car en supposantque ce fut un coriphène , voici comment les géologistes raison- neroient : (€ Le coriphène n’habite que les mers équatoriales » ou solsticiales ; or, il s’est trouvé à Nanterre un poisson » fossile de cette espèce ; donc à l’époque le sol de Nan- » terre étoit sous les eaux, son climat étoit semblable au » climat actuel des zones équatoriales.» Mais cette consé- quence particulière et isolée tombe d’elle-même quand on est autorisé à substituer au coryphéne l'aurade ou le sar, poissons littoraux , vivans sur les côtes maritimes de la zone

70 ANNALES DU MUSÉUM

tempérée ; on peut alors présumer que le sol de Nanterre a été jadisle fond d’un étang ou d’une petite mer méditer- ranée, formée par les eaux de la Seine, avant que cette ri- vière se fût creusée dans son bassin, le lit qui la conduit jusqu’à l'Océan , et que cet ancien amas d’eau a contenu des sparrus pareils à ceux que je viens de décrire; ce qui d’ail- leurs n’atténue pas des faits beaucoup plus anciens et démon- trés par la multitude de coquilles exotiques répandues avec tant de profusion dans les environs de Grignon près de Versailles.

Je soumets à votre jugement , Monsieur , ces observations rédigées à la hâte et sans nulle prétention ; vous en ferez l'usage qui vousparoîtra convenable pour rectifier une partie du beau fait géologique dont la science vous doitla décou- verte et la publicité.

J'ai l'honneur de vous saluer.

D'HISTOIRE NATURELLE. Gui

DE LA PREHNITE désignée sous la dénomination de zeolithe cuivreuse du Duché des Deux-Ponts ; de la roche qui lui sert de gangue, et du lieu véritable l’on peut la tronver.

Par M FAUJAS S-FOND.

Le minéral désigné autrefois sous le nom de zéo/ithe cuivreuse du duché des Deux-Ponts, est une véritable prélnite. De Born , dans son catalogue raisonné de la collection de M!° Eléonore de Raab ,tom. I, pag. 207, reconnut le pre- mier que celte substance pierreuse ayoit un grand rapport avec la zéolithe vitreuse du Cap-de-Bonne-Espérance , dont on fit ensuite une préhnite.

De Born qui avait le tact excellent et un grand usage des minéraux, avoit raison , puisqu'on a reconnu depuis que la prétendue zéolithe des Deux-Ponts étoit aussi une préhnite.

M: Haüy dans son Traité de minéralogie, ayant des doutes sur la substance dont il s’agit , avoit très-sagement placé dans un appendice particulier cet habile naturaliste tenoit en réserve des minéraux dont la nature n’étoit pas encore assez connue pour permettre de les classer dans sa méthode ; mais depuis l'impression de son livre, ce minéralogiste ayant observé avec soin les caractères de dureté, de forme , d'électricité , de structure , de pesanteur et de fusibilité de cette subs- tance, a reconnu que ces différens caractères conviennent à la prébhnite ; l’on peut consulter la notice instructive qu’il a publiée à ce sujet dans les Annales du Muséum, tome 1°. , pages 194 et suivantes.

Cette préhnite doit donc être tirée de lappendice du traité de minéralogie de M. Haüy pour venir se ranger naturellement à la suite des cinq variétés décrites , tome HIT, page 170 , par cet auteur.

Mais tous ceux qui ont fait mention de cette belle et rare préhnite mélée de cuivre natif et de cuivre oxidé verdâtre, n’ont désigné la localité que d’une ma- nière vague et indéterminée, puisque le ci-devant duché des Deux-Ponts offre une surface étendue et hérissée de montagnes; il est résulté delà , que plusieurs naturalistes instruits ont fait des voyages pénibles et infructueux dans ce pays, sans pouvoir observer ce minéral, et déterminer la nature de la roche qui lui sert de gangue.

72 ANNALES DU MUSEUM

Vainement demandoit-on des renseignemens à Oberstein, l'on fait un grand. commerce d’agates et d’autres pierres, on ne les obtenoit jamais, perce que deux ou trois marchands, qui vendoient fort cher quelques morceaux de prébuite qu'ils achetoient des pæysans, gardoiïent le secret à ce Fe

PDaus un séjour assez long que Je fis à Oberstein, dans l'intention d’y étudier les montagnes qui renferment ces agates, el d'y voir avec soin la manière dont on travaille les pierres dures, je logeois chez un Français anciennement établi dans cette ville, nommé Gilpin, qui se méloit aussi du commerce des minéraux.

Je vis entrer un jour chez lui un paysan qui lui apportoft deux ou trois mor- ceaux de préhaite bruts ; témoin du marché, je dis au vendeur que je lui paicrois deux fois la valeur de ses pierres, s’il vouloit me conduire sur les Vue ; Yainement Gilpin m’observa que le chemin étoit impraticable , que je n’exposerois à ètre dépouillé a des déserteurs autrichiens , je ne És aucun compte de ce qu'il me dit, et le lendemain je partis avec mon guide et une escorte de deux chasseurs français que le général Hairi navoit donnés à Mayence pour voyager avec plus de sûreté.

En sortant d'Oberstein nous traversämes le pont qui est sur la Nas, et nous laissämes la rivière sur notre droite en nous élevant par un chemin très-rapide au milieu des roches porphyritiques et amigdaloïdes , jusqu'à Ærenctelborn , petit village à une hieue d'Oberstein; delà nous continuämes notre route par des che- mins pierreux et dificiles jusqu'au village de Æeichenbach ; nous arrivämes après deux heures et demie de marche.

C'est dans les environs de Reichenbach que se trouvent les préhnites. Je laissai mes chevaux dans une maison, et je me rendis à pied sur les lieux à un demi- quart de lieue du village. ; ,

Le guide me conduisit dans des terres cultivées et semées en blé, sur le pen- chant de plusieurs petites collines , et dans un espace qui n’est pas d’une grande étendue : c’est ici, me dit-il, qu'on trouve quelques zévlithes cuivreuses, car il les appelloit ainsi. La charrue les détache quelquelois du fond pierreux sur lequel repose la terre cultivée.

fl me fallut d'abord donner une indemnité aux paysans dans les champs des- quels j’allai faire des inéursions ; ils se préttrent ensuite de bonne grace à m'aider eux-mêmes, el dans moins d’une beure j'obtins trois beaux morceaux isolés, dont deux furent trouvés par moi. Monbut principal étant de reconnoître la gangue, je remontai un peu plus haut dans les ravines les pluies avoient emporté la terre qui cachoit la roche, et je vis que cette gangue étoit un porphyre gris avec des globules et de petits cristaux blanes de felds-path.

Cetie roche avoit en général peu de solidité à sa superficie, et se détruisoit à la

longue à l'air, mais la préhuite beaucoup plus dure résistoit ; j'en détachai plu- sieurs échantillons d’un beau volume adhérent à la gangue; je les conserve dans mon cabinet, fais en général les beaux morceaux sont très-rares , et les paysans ne s'attachent qu'a ceux que la charrue enlève, et qui leur paroissent contenir le plus de cuivre. On n’en trouve que dans ce seul espace, qui est très-circons- érit. Je le’cérnai dans tous les sens pendant plus de huit heures, et toutes les fois que je m'écartois de la ligne , je ne rencontrois plus de préhnite. Je décrirai ailleurs les diverses variétés que j'ai reconnues,

D'HISTOIRE NATURELLE. 73

ANALYSE

De l'Amphibole du Cap de Gattes, dans le royaume de

Grenade.

Pan LAUGIER,

Cerre pierre, jadis appelée schorl noir par les minéralogistes français , aujourd’hui horne-blende par les Allemands, a été nommée amphibole par M. Haüy. Quelques traits de ressem- blance avec plusieurs autres pierres, et qui pouvoient donner lieu à des erreurs, ont déterminé l’auteur du Traité de miné- ralogie à adopter cette dénomination. La tourmaline, la staurotide, le pyroxène, l'épidote et l'actinote, ont toutes, avec l'amphibole , des analogies plus moins frappantes, quoique chacune de ces pierres ait des caractères assez prononcés pour étre regardée comme une espèce distincte. L’actinote sur-tout a de tels rapports de forme avec elle, qu'ilsne peuvent presque pas laisser de doute au cristallographe sur l'identité des principes qui les composent. Pour décider complétement la question , il est indispensable que l'analyse chimique soit d'accord avec la cristallographie : c’est dans cette vue que lon a entrepris l'examen de l'amphibole, et voici les moyens que l'on a mis en usage.

L'amphibole que lon a examinée est celle que l'on trouve

parmi des produits volcaniques, au cap de Gattes, dans le 58 10

74 ANNALES DU MUSÉUM

royaume de Grenade. Les cristaux choisis par M. Haüy étoient de la plus grande pureté.

Les cristaux d'amphibale ont une couleur noire; ils sont formés d'une multitude de lames dont l'assemblage a un aspect chatoyant ; leur cassure, selon M. Haüy, est transver- sale et raboteuse ; leur pesanteur spécilique est de 3,25. Ils

raient le verre, et font diflicilement feu avec le briquet; leur

forme primitive et leur molécule intégrante est un prisme oblique à bases rhombes; ils sont fusibles au chalumeau en verre noir. ;

Fo se brise assez facilement ; il n’est pas aussi aisé de la réduire en poudre ,:ce qui doit être attribué moins à sa dureté, qu'à la flexibilité des lames dont elle est com- posée. Sa poudre grossière est d'un vert sombre, sa poudre très-fine est d'un gris verdâtre.

Exposée à à la chaleur rouge, elle perd à à peu près 2 pour 100, el conserxe après, le refroidissement une GoRIeuE rou- geatre, due à l'oxide de fer qu'elle contient.

1. M. Lampadiusa fait l'analyse d’une pierre que M. Werner lui avoit désignée comme une horne-blende ; il y a trouvé une grande quantité de carbone. On a voulu voir si lon obtiendroit le même résultat :on a donc soumis l'amphibole à la distillation avec. une matière capable d'y prouver la présence de ce corps: Une cornue lutée à l'extérieur, dans laquelle on a introduit six parties de cette pierre bien pul- vérisée et une partie de muriate suroxigéné de potasse très- pur , un balon adapté à la cornue, un tube de communica- tion ‘plongeant dans un bocal rempli d’eau de chaux et bien, luté, composoient l'appareil distillatoire dont on s'est servi. On a obtenu quelques goutelettes d'eau dans le col de la

D'HISTOIRE NATURELLE. 75 cornue et dans l’'allonge; et après le dégagement d’une certaine portion d'air atmosphérique quelques bulles ont troublé l'eau de chaux, mais si légèrement que nous ne savons si nous devons attribuer à notre amphibole, plutôt qu'à des corps étrangers , l'atome de charbon qui a produit l'acide gazeux dont nous avons reconnu la présence.

2. Cinq cent vingt parties d’amphibolé traitées dans un creuset d'argent avec 1560 parties de potasse caustique ont fourni üne masse d’un béau vert; l’eau qui a servi à la délayer a pris la même couleur. L'acide muriatique y a développé une couleur d’un rose vif, indice certain de la présence du manganèse, et:a dissous Ja massé en totalité; la dissolution, d’un jaune foncé, a! ‘dônné, par T'évaporation, un résidu de la méme ‘couleur; ce résidu s’est dissous dans l’eau, à l'exception d’une matière d’un blanc grisâtre, qui, après avoir été calcinée, pésoit 236 parties. On l'a mise à part dans la vue de Fexa- minér lavec soin! : ?

3: On a' versé dans la dissolution de fase précédente , à laquellé on avoit ajouté un'excès d'acide, une suffisanté quan- tité d’ammioniaque ; ; il Sy est formé un précipité rouge ’assez abondant. Ce précipité, recueilli sur un flltre , et lavé soigneu- Sement, à été traité encore humide avec une dissolution potassé caustique. Ba dissolution alcaline, séparée de la portion insoluble dans la potasse, à été sursaturée de muriate d’am- moniaque liquide, qui y a occasionné sur-le-champ un préci- pité blanc floconneux. s

Ce précipité ; séparé , lavé, séché et rougi, pesoit 25 parties; digéré avec de lacide sulfurique, il s’y'est dissous ‘en totalité} et; par l'addition de quelques gouttes d'une dissolution de sul-

10 *

76 ANNALES DU MUSÉUM

fate de potasse, il a donné exactement la quantité d'alun qu’il devoit fournir.

4. La portion insoluble dans la potasse caustique avoit une couleur brune noirâtre, qui annonce la présence du manganèse , déja indiqué par les expériences précédentes. L’acide acétique étant le moyen le plus sûr pour séparer ces deux oxides, métalliques, on a fait bouillir le mélange encore humide avec une suffisante quantité de cet acide; on a évaporé à siccité, et après avoir redissous le résidu daus l’eau distillée et lavoir fait bouillir de nouveau pour séparer l’oxide de fer, on a recueilli celui-ci sur un filtre, et on a sounus la dissolution aux essais suivans : l'oxalate d’am- moniaque y a indiqué l'existence d'une petite portion de chaux, que l’on a évaluée à 3 parties. Le prussiate de potasse y a formé un précipité vert sale qui troubloit la liqueur ; la potasse caus- tique y a occasionné un précipité. blanc rougeàtre assez volu- mineux : cette matière, après la calcination, pesoit 32 parties; elle s'est entièrement dissoute dans Facide sulfurique, La dis- solution a fourni par lévaporation un résidu, que l'on a redis- sous dans l'eau, après l'avoir fortement calciné ;ils'en est séparé 9 parties d’oxide de fer : le reste étoit du sulfate de magnésie qui représentoit 21 parties de cette terre. On s’est assuré que le mélange contenoit , outre le fer et la magnésie, une petite quantité de manganèse que l’on a évaluée à deux parties.

5. La dissolution du numéro 3, d’où l’'ammoniaque. avoit séparé les oxides de fer et de manganèse, ainsi que le mélange de :magnésie et de chaux, devoit contenir une plus grande quantité de ces terres, que celle que l’on en avoit obtenue. Cette conjecture s'est bientôt réalisée par l'addition du car- bonate de potasse, qui y a formé un précipité dont la masse

D'HISTOIRE NATURELLE. 77 a augmenté par l’ébullition du mélange, et qui, par la même opération, a pris une couleur grise noiratre. Séparé du liquide qui le surnageoit , ce précipité a fait effervescence avec l'acide sulfurique, et ne sy est dissous qu’en partie; le mélange, cal- ciné pour en chasser l'excès d'acide, a été redissous dans l'eau distillée ; la portion que celle-ci a dissoute étoit du sul- fate de magnésie qui représentoit 36 parties de cette terre; la portion insoluble étoit du sul'ate calcaire , dont la quantité équivaloit à environ 42 parties de chaux.

6. L’oxide de fer, obtenu dans l'expérience 4 pesoit 117 parties; il avoit une couleur noirâtre qui y déceloit l'exis- tence du manganèse. Pour vérifier ce soupçon, on l’a traité de nouveau avec 3 parties de potasse caustique. La couleur verte du mélange obtenu a été communiquée à l'eau avec laquelle on l'a délayé. La dissolution alcaline verte dont on a séparé le fer par le filtre, exposée à l'air, s’est décolorée à mesure qu'il s'en est précipité une matière d'un rouge brun, qui, recueillie, pesoit 4 parties, et a été reconnue pour de loxide de manganèse.

On n’a pas remarqué sans surprise qu'une dissolution de muriate d'ammoniaque versée par pure curiosité dans la même dissolution alcaline ait séparé 15 parties d’alamine , qui, déduites de la quantité du fer, ainsi que les 4 parties de manganèse, l'ont réduite à 98 parties. Comment se fait-il que cet oxide de fer , traité successivement par la potasse caustique et par l'acide acéteux, ait conservé une aussi grande quantité d’alumine ? On l'ignore ; mais le fait est certain, et il prouve à quel point l’alumme est. susceptible d’adhérer à loxide de fer.

7- I ne restoit plus , pour terminer cette analyse, qu’à exa-

78 ANNALES DU MUSEUM

miner avec soin la silice séparée dans la seconde expérience ; on en sentoit d'autant mieux la nécessité, qu’elle n’avoit pas la blancheur désirée : on a donc pris le parti de la traiter une seconde fois avec trois fois son poids de potasse. La masse délayée dans l'eau a été sursaturée par l'acide muriatique, qui lui a enlevé 11 parties de fer et G parties de chaux; ce ge à réduit la silice à 219 parties.

ConNcLrustron.

Le but principal que l’on s'étoit proposé dans cette analyse étoit de comparer la nature et les proportions des principes constituans de lactinote et de l’'amphibole ; entre lesquelles la cristallographie a trouvé une analogie parfaite. Quoique nos résultats n'établissent point des rapports aussi frappans, nous ne croyons pas pourtant qu'ils diffèrent assez sensiblement pour qu’on ne reconnoisse pas entre ces deux pierres, s'il est permis de s'exprimer ainsi, un air de famille. Si les proportions des corps qui les composent ne sont pas exactement les mêmes, au moins y retrouve-t-on les mêmes principes, et il ne paroït pas moins constant que les diflérences qu'on y remarque ne sont pas de celles qui influent sur la forme des cristaux. L'absence du chrôme et d’un atome de potasse dans l'amphibole , la présence d’une plus grande portion d’alumine , d’une quantité double de fer dans cette même pierre; enfin quelques autres différences encore entre les proportions des autres-principes, n'apportent pas essentiellement , d’après les observations des plus célèbres minéralogistes, des changemens très-remarquables dans la cristallisation. Il n’est pas non plus inutile d'observer que la différence entre les rapports des quantités absolues des prin-

D'HISTOIRE NATURELLE.

99 cipes de ces deux pierres est beaucoup moins considérable que celle qui existe entre ces quantités elles-mêmes lorsqu'on les compare, Ainsi, le résultat de cette analyse comparée semble tellement rapprocher lactinote et l'amphibole, qu'il paroit nécessaire de les confondre dans une seule espèce de pierre, comme la minéralogie moderne l’avoit déja indiqué. Voici le résultat que l'analyse de l'amphibole nous a donné: Cinq cent vingt parties de cette pierre sont formées de

Silice. ë ; ee. 219 Oxide de fer : 11e 118 Magnésie EME AL) Chaux EtCRE te “OUT Alumine. An 4o Eau . . AUTRE 10 ‘Oxide de manganèse . «+ . . 6 Derte Feu enRer ete . 19

520

Ce qui donne pour 100 parties

Cent parties

d’'amphibole d'actinote (1) contiennent

Silice . Lee 42e 5o Oxide de fer . . . 22—69 II

Magnésie , . + + 10--90 19,25

Chaux . + + + 9—80 9,72

Alumine . . . . . 7-69 » 75

Oxide de manganèse. , 1—15 » bo Chrôme . : : 3

Potasse ct15950

Eau etperte . . . . 5-95 Eau et perte , 5,25

100, 00 100,00

G) On présente ici un tableau comparatif d’après lequel on pourra juger des différences

trouvées par l’analyse entre l’amphibole et l’actinote,

80 ANNALES DU MUSÉUM

PRÉCIS

D'un mémoire de M. Mirbel sur l'organisation végétale.

L Par M DESFONTAINES.

Lx mémoire dont nous allons présenter l'analyse a été lu à l’Institut national ; il est la suite d’un autre non moins inté- ressant, mais dont nous ne croyons pas deyoir rendre compte, parce que M. Mirbel en a déja publié les résultats dans son ou- vrage sur la physiologie végétale. Le premier avoit pour objet l'anatomie des tiges; celui-ci traite de la formation des organes dans la graine , et de leur développement à différentes époques de la germination.

Quoique l’auteur ait porté ses recherches sur plusieurs espèces de semences, il a cru cependant devoir se borner à en décrire et à en représenter une seule, et il a choisi de préférence Je haricot cultivé, parce qu'il germe et se déve- loppe avec beaucoup de facilité. Cette graine a des caractères communs à toutes celles des légumineuses : on voit une glande saillante placée au sommet de la cicatrice, et à sa base un petit alvéole qui aboutit à la pointe de la radicule. Ces deux organes n’av@ient échappé ni à Gleichen ni à Gærtner, L’en- veloppe des cotylédons est formée de trois lames étroitement unies ; l'extérieure a une consistance presque cornée, et est criblée de pores cylindriques qui en traversent l'épaisseur, La

Tom . 5.

LUN

JHNUY

Y}

TT

in as

Qu EME

Pont 112070

Fig 4 ,

D'HISTOIRE NATURELLE. &i

seconde offre à peu près la même organisation que la pre- mire, et la troisième ou interne n’est qu'un tissu cellulaire assez lâche, parsemé d’un grand nombre de vaisseaux dirigés en tout sens; ils naissent d’un tronc principal qui forme un anneau autour de la cicatrice; la glande placée à son sommet n'est qu'un renflement des deux lames externes : elles sont: fendues en long à l'endroit de la cicatrice, et c’est par cette fissure que les vaisseaux ombilicaux pénètrent dans la graine sans s’aboucher avec ceux de la lame cellulaire.

De la base de la graine naît un faisceau de tubes qui se prolonge jusqu'à l'alvéole de la radicule : là, il se partage en deux petites branches qui en bordent l'ouverture, se réunissent à sa partie supérieure , puis se divisent encore en deux ra- meaux , lesquels montent, l'un à droite et l’autre à gauche de la cicatrice ; en décrivant un arc, et vont se plonger dans la glande placée à sa partie supérieure, d’où ils sortent réunis en un seul faisceau. Ge tronc principal jette un grand nombre de branches latérales dans la lame cellulaire, qui ne commu- niquent pas, comme nous l'avons dit, avec les vaisseaux de lombilic, ét qui se teignent constamment quand on met germer la graine dans des liqueurs colorées.

La grosse glande du sommet de la cicatrice est de même nature que les deux lames cornées, mais le bord des pores dont elle est criblée, a une forme hexagone, comme si elle eut été primitivement formée d'une masse de tissu cellulaire dont les cellules $e fussent en partie comblées de manière à n'avoir plus dans leur centre qu’un petit vide cylindrique ; et les deux lames extérieures de l'enveloppe, observées peu

de temps après la fécondation, ne sont évidemment qu'un ussu cellulaire.

5. TI

L 71

82 ANNAILE S! DU? MUVS'É U x

Le pois, la fève, le faux acacia, et autres légumineuses , ont une organisation analogue à celle du haricot; mais on trouve des différences remarquables dans les graines des plantes qui appartiennent à d’autres familles. L'étude appro- fondie de la structure des graines est minutieuse et diflicile; cependant elle peut servir à expliquer plusieurs phénomènes curieux relatifs à la germination. Ainsi, par exemple, on peut savoir , d'après ce qui a été dit, pourquoi le haricot germe lorsque son ombilic est enduit de cire ou de vernis.

L'auteur, après avoir donné la description anatomique des membranes extérieures , traite des organes qu’elles recouvrent et du développement de la jeune plante. Quand on a dépouillé le haricot de ses tégumens, on aperçoit les cotylédons et Fembryon : les premiers sont formés d’une masse de tissu cellulaire, entremélée de vaisseaux qui vont se rendre à J'em- bryon. Bonnet les a nommés vaisseaux mammaires, parce qu'ils allaitent, pour ainsi dire, la jeune plante. Les cellules des cotylédons sont remplies d’une fécule composée de petits grains ronds et blanchâtres qu'on retrouve dans tous les cotylédons charnus. Quand ils sont minces, cette même substance est contenue dans une masse de üssu cellulaire, distincte de la plantule et de ses cotylédons : c’est ce que les botanistes ont nommé périsperme ; mais le périsperme est entièrement dé- pourvu de tubes.

La fécule dont je viens de parler, soit qu’elle se trouve dans les cotylédons même, ou qu’elle en spit séparée, est la premiüère nourriture de l'embryon, et sa masse diminue à mesure qu'il prend de l'accroissement. M. Mirbel a observé uné matière nutritive analogue à celle du périsperme dans le tissu de l'écorce et dans la moelle. Il pense que cette

D'HISTOIRE NATURELLE. 83

substance, dissoute et réduite en émulsion , pénètre dans la jeune plante par les vaisseaux mammaires, et qu’elle s'identifie avec les organes , qu’elle nourrit et développe. Les vaisseaux com- muniquent avec la radicule, et le lait ‘des cotylédons se porte d’abord dans cet organe, qui croit le premier; puis il remonte dans la plumule par des vaisseaux formés tout-à-coup pour le recevoir. L'observation et l'anatomie prouvent que le pre- mier effort de la végétation se passe dans la radicule. Lorsqu'on observe cet organe à cette époque, on voit à sa partie supé- rieure quatre faisceaux de tubes placés entre l'écorce et la moelle, à des distances égales, d’où sortent plusieurs petites racines.

Avant la germination , on ne distinguoit entre la moelle et

écorce qu'une lame glaireuse analogue à la substance que Duhamel a nommée cambium. « Les quatre faisceaux de tubes s’'abouchent avec les vais- seaux mammaires, et peu de temps après on les voit entourés de vaisseaux nouvellement formés, qui vont se perdre dans les feuilles primordiales.

C’est au point de réunion de la radicule avec la plumule que les vaisseaux de la jeune plante sont le plus nombreux et le plus gros; ils diminuent insensiblement en nombre et en grosseur à mesure qu'ils s’éloignent de ce point, et enfin à leur extrémité on ne distingue qu'une glaire transparente. Les vaisseaux une fois formés n’ont qu'un développement irès-limité, et ils perdent même bientôt la faculté de croître. Ils sont d’abord très-gréles et marqués de stries transversales très-rapprochées ; lorsqu'ils ont pris tout leur accroissement, au lieu de stries, on remarque à leur surface des rangées de pores ou de fentes transversales plus ou moins prolongés;

TS

84 ANNALES DU MUSEUM

ce sont les vaisseaux poreux, les fausses trachées et les irachées , que l'auteur a très-bien décrits dans son premier mémoire. Les trachées n'existent point dans la racine, elle ne renferme que des tubes poreux et de fausses trachées : ce caractère établit une différence remarquable entre elle et la tige. Ces vaisseaux contiennent des fluides qui different sans doute dans les diverses espèces de plantes. Celui du haricot est rouge au moment l’on coupe les vaisseaux ; mais aussitôt qu'il est exposé à l'air, il se teint d’un bleu trèsfoncé. Cette liqueur disparoit bientôt, et les vaisseaux ne charient plus que de l'air et de la sève. On peut leur faire pomper de l’eau colorée; elle pénètre jusque dans les dernières ramifications des nervures des feuilles.

A l'époque du développement de la jeunne plante dont il vient d'être fait mention, il n'existe encore que quelques fais- ceaux de tubes entre la moelle et l'écorce, dont les intervalles sont remplis par une substance glaireuse qui s'organise bientôt et se change en tubes ou cellules allongées : tel est le premier feuillet de fibres ou de vaisseaux dans une plante à deux feuilles séminales.

A la seconde époque, lorsque le haricot a deux ou trois pouces de longueur , que ses premières feuilles sont épanouies et qu'on distingue à leur point de réunion le bouton d’où la jeune pousse doit sortir ; si l'on fend verticalement la plante dans toute sa longueur, on voit les vaisseaux plus apparens et mieux formés : ceux de la tige sont pour la plupart des trachées que lon peut dérouler, et on ne rencontre que des tubes poreux, ou des tubes fendus dans la racine; ils partent tous de son collet, communiquent par leur base, et marchent en sens contraire. Îls vont joujours en diminuant vers le sommet

D'HISTOIRE NATURELLE. 35 lon ne distingue plus, même avec l'œil armé du meilleur microscope , qu'une matière glaireuse.

La première couche de vaisseaux , placée autour de la moelle, est alors entourée d’une autre couche de vaisseaux tout nou- vellement formés; mais parmi ceux-ci on ne trouve point de irachées : ce ne sont que des tubes poreux et de fausses trachées. |

M. Mirbel a découvert dans la racine de longues cellules placées bout à bout et partagées ‘par des diapghrames dont les membranes ont moins de transparence que celles du tissu cellulaire ; elles sont toutes criblées de pores et semblent tenir le milieu entre le tissu cellulaire et les vaisseaux. Il a aussi retrouvé les mêmes tubes à la base des branches et des feuilles, ainsi que dans les bourlets,

Le haricot , observé à une troisième époque , lorsque le bourgeon est développé, que la tige a pris un accroissement de 4 à 5 pouces, et que les rameaux sont sortis des aisselles des feuilles primordiales, offre une iroisième couche de vais- seaux autour des deux précédentes , laquelle est parfaitement semblable à la seconde; mais ceux de la première ont alors subi quelques modifications. Si on les coupe en travers , on voit que l'intérieur est souvent enduit d’une substance qui en rétrécit Fouverture. Malgré cet enduit intérieur, les trachées ne changent pas de nature : on en distingue toujours la lame spirale; mais elle est soudée sur le cylindre, qui se remplit et S'obstrue même avec le temps : c'est ce qui a donné lieu à un système d'Hedwig dont il sera bientôt mention. El est bon néanmoins d'observer que ,dans le haricot et beaucoup d’autres plantes, il ya toujours des trachées qui ne s’obstruent pas etqu’on peut dérouler. On en trouve aussi dont les spires sont écartées,

86 ANNALES DU MUSÉUM

tandis que celles des autres se touchent par les bords. Dans les jeunes pousses, les circonvolutions sont toujours serrées, mais dans les anciennes on les voit souvent allongées comme un ressort à boudin : c'est sans doute ce qui a fait croire à Mustel que les trachées, en s’allongeant et se déroulant, formoient les fibres ligneuses et occasionnoient l'accroissement des or- ganes; idée absolument fausse , parce que les trachées tendent tonjours à se resserrer. Cela vient de ce que certaines trachées ayant cessé de croître avant les parties environnantes , celles- ci en s’allongeant ont forcé les premières de se dérouler.

L'auteur a vérifié l'observation de Sprengel ; savoir , que les trachées se divisent souvent en deux ou trois lames. Dans le haricot , il ne se forme que trois couches de vaisseaux : celles des arbres sont infiniment plus nombreuses ; mais, quel qu’en soit le nombre, leur formation est toujours la même.

Le tissu cellulaire, qui joue un si grand rôle dans tous les êtres vivans , se montre d'abord sous la forme d’une multitude de bulles d'air plongées dans un fluide visqueux : ses petites cellules se dilatent et se développent avec les autres organes.

Les observations de M. Mirbel ont été répétées sur des végétaux malades, étiolés et mal nourris. Leur organisation étoit toujours la même; les membranes avoient seulement plus de transparence , et aucune des trachées de la couche du centre n'étoit obstruée, quoique les plantes eussent végété pendant long-temps.

Après cet exposé des organes des végétaux, et de leur développement, l'auteur réfute plusieurs faits avancés par Hedwig dans son Traité de la fibre végétale. Suivant ce célebre observateur, les tubes poreux et les fausses trachées ont été primilivement des trachées dont les contours se sont

D'HISTOIRE NATURELLE. 87

soudés ; mais les trachées se retrouvent dans la couche mié- rieure destiges, même après plusieurs années, et les tubes po- reux,ainsique les fausses trachées existent dès la première époque de l'accroissement, tels qu’on les voit dans les anciennes tiges.

D’ailleurs , si opinion d'Hedwig étoit fondée , elles se trou- veroient dans la couche externe du bois : or il est démontré qu’elle n’en contient pas. = Hedwig croit que la lame spirale de la trachée est un vaisseau roulé en hélice autour d’un tube membraneux : selon lui, les liqueurs montent par la spirale, tandis que le cylindre du centre contient de air. La spirale est creuse, dit-il, parce que ses circonvolutions se teignent quand la plante pompe des liqueurs colorées. Mais M. Mirbel assure que le tube de cette lame, calculé au microscope, w’auroit pas un trois centième de millimètre, et l'expérience lui a prouvé que la partie colo- rante ne peut monter dans les vaisseaux du ‘bois , dont le diamètre est beaucoup plus grand que celui que l'on suppose à la lame spirale : et comment concevoir que les liqueurs se portent de préférence dans lhélice de la trachée plutôt que dans le tube, autour duquel elle est roulée? pourquoi ne suivr Pencle pas la route la plus directe et la plus ouverte ? C'est une hypothèse dénuée de fondement. Le tube membra- neux d'Hedwig n'existe pas dans la jeune plante : cela est évident pour peu qu'on veuille observer des trachées nou- vellement formées ; avec le temps il se dépose un enduit sur la paroi intérieure de certaines trachées : c’est cet enduit qu'Hedwig a pris pour un tube.

Le Mémoire dont nous venons de présenter l’analyse ren- ferme une anatomie exacte de la graine du haricot, des faits intéressans sur son développement et sur la formation des

88 ANNALES DU MUSÉUM

vaisseaux. L'auteur est le premier qui ait observé que la racine n'avoit pas de vraies trachées. Il prouve que les tra- chées se trouvent toujours au centre des tiges dans l'anneau qui entourela moelle; qu’elles s'y conservent long-temps sans s’al- térer ; que les autres couches, formées successivement autour de cet anneau, n’en ont point ; que les tubes poreux, fendus et mixtes , naissent tout formés dans les végétaux , et que consé- quemment ce ne sont pas des trachées soudées. Il démontre que la trachée, dans sa jeunesse, n’est point roulée aatour d’un tube ; que ce prétendu tube n’ést qu'un enduit de substance nutritive qui encroûte quelquefois l’intérieur de la trachée. Enfn l’auteur nie que la lame spirale soit un vaisseau, et il réfute lopinion d'Hedwig sur Li ani de Pair et de F sève dans les plantes,

M. Mirbel à accompagné son Mémoire d’un tableau par- faitement exécuté et très-propre à en faciliter l'mtelligence. Ce tableau est déposé au Muséum. Comme il est trop consi- dérable pour que nous puissions le faire graver en entier, nous nous bornons à en présenter les parties les plus essence tiellés dans les deux planches ci-jointes,

Explication des Figures des Planches VI et VIT.

PI. V, fig r,æ Portion de tige du haricot très-développée, qui répond à la partie a de la fig.2, pl. VIL,

À, base du pétiole de la feuille. B, branche commençant à se développer.C, tissu cellulaire formant la moelle. D, tissu cellulaire formant l'écorce, E , väisseaux tränsversaux qui vont d'une feuille à l’autre : on yÿ distingue un grand nombre de fausses trachées entrelacées, et de petits vaisseaux fins, es- pèces de cellules très-allongées, F , trachées qui entourent la moelle; ces vais-

D'HISTOIRE NATURELLE. 89

seaux sont les premiers développés dans la plante ; leur direction est toujours en ligne droite; ils se déroulent lorsqu'ils cessent de croître et que le végétal continue de s’allonger, G ; la lame qui les forme se partage quelquefois en deux ou trois lames plus étroites, H; ils se remplissent dans la vieillesse d’un enduit li- gneux qui ferme leur canal en partie ou même en totalité ,I, et pl. VITE, fig. 3 : cet enduit ne se forme point dans les trachées des plantes étiolées. À côté des trachées F, il ya de fausses trachées : ce sont des tubes coupés transversalc- ment qui ne se déroulent pas. K , vaisseaux développés dans la seconde couche de la tige : ce sont des vaisseaux poreux ; leur direction est rarement parfaite- ment droite ; ils se courbent de côté et d'autre. Dans la seconde couche , il n'y a pas de trachée : ces vaisseaux n'existent qu’autour de la moelle dans les tiges des dicotylédons. L, cellules allongées, poreuses , placées bout à bout , et formant les vaisseaux er chapelet communs dans les nœuds et dans les bourrelets, à la base des pétioles et des branches, et sur-tout dans les racines.

Dans la jeune branche B,il n'y a autour de la moelle qu’une couche de vais- seaux: ce sont des trachées ; elles se déroulent très-bien; et leurs tubes sont parfaite- ment vides. Dans le prolongement M de la tige, il y a deux couches de vais- seaux: celle qui est voisine de la moelle est semblable à celle de la branche B; l'autre est formée de vaisseaux poreux. Dans la base N de la tige, il y a trois couches de vaisseaux :les deux intérieures sont semblables à celles du prolon- gement supérieur M de la tige, avec cette différence que les trachées com- mencent à s’obstruer : la troisième couche , qui est la plus extérieure , ne présente point encore de gros vaisseaux ; c’est un tissu de petits tubes et de cellules d’autant plus développé et plus dur qu'il s'éloigne plus de l'écorce.

PL. VII, fig. 4: Portion de la racine du haricot; elle répond à la partie 6 de la fig. 2.

À, ramification de la racine. B, tissu cellulaire formant l'écorce. C, D, E, trois couches superposées les unes aux autres. La couche E est composée de tubes poreux et de fausses trachées : cette couche entoure la moelle G de la ra- cine , comme les trachées entourent la moelle de la tige. Il n’y a point de tra- chées dans la racine. La couche D est composée de vaisseaux en chapeletK, et de tissu cellulaire L. La couche C présente un tissu cellulaire dans lequel on remarque, particulièrement au voisinage de la couche D, des veines de cellules fines et allongées M, semblables à de petits tubes. En F, on voit les vaisseaux en chapelet de la seconde couche pénétrant dans la ramification À , et s’y trans- formant en tubes poreux et en fausses trachées. Le même tube prend ainsi dif- férentes formes suivant les organes dans lesquels il se trouve, et, par exemple , le tube H peut irès-bien se transformer en trachées, et le tube 1 en fausses trachées ou ee vaisseaux poreux en passant (le la racine dans la tige.

y. 12

90 ANNADES D U MUSÉE U M.

Fig. 5. Cette figure représente une trachée dont le canal 4 est en partie obstrué. En disséquant la plante, on a arraché une portion de la lame de la trachée, ce qui fait que l’on voit la substance à qui remplit le canal. Cette trachée ne peut plus se dérouler ; elle adhère même à la substance qu'elle recouvre.

IN. B. Les figures gravées dans ces deux planches sont extraites d’un grand tableau déposé à la bibliothèque du Muséum. Ce tableau , exécuté par M. Sau- vage fils, d’après les esquisses de M. Mirbel et sous sa direction, offre tous les développemens successifs du haricot : on y voit l'anatomie de la graine et celle de la plante dans les premiers temps de la germination, puis avant qu’elle soit en état de porter des fleurs, et enGn lorsqu'elle commence à vieillir. Tous les faits d'anatomie cités dans le rapport y sont donc représentés,

ERRATA.

I s'est glissé dans l'explication ci-dessus une faute qu'il est impor tant de corriger: au lieu de Planches VI et VII, lisez Planches VII et Viil.

D'HISTOIRE INATURELLE. ot

SUITE DES MÉMOIRES Sur les Fossiles des environs de Partis.

Par LAMARCK.

GENRE XLIII

Hezcicine. Helicina. CHARACT. GEN. Testa univalvis, subglobosa ; umbilico nullo. Apertura

integra , semi-ovata. Columella callosa, infernè de- pressa, planiuscula.

OBSERVATIONS.

Les coquilles de ce genre semblent tenir le milieu entre les hélices et les nérites. On les distingue des hélices par leur co- lumelle calleuse, et par un petit angle émoussé que forme la

. base du bord droit avant de se réunir à la base de la colamelle ; et elles diffèrent des nérites en ce que leur columelle n’est point droite, aplatie , ni dentée.

Ces coquillages me paroissent être aquatiques, soit fluviatiles, soit marins , el je les crois munis d’un opercule. Je n’en connois qu'une espèce dans l'état fossile, dont je doute même du genre.

ESPÈCES FOSSILES. 1. Hélicine douteuse. Helicina( dubia )semi-globosa , lævis, nitidula : aperturà rotundatä. n.

TRS

92 ANNALES DU MUSEUM

L. n. Grignon. C'est une petite coquille semi-globuleuse , lisse, un peu luisante, légèrement déprimée et qui n'excède pas 4 millimètres dans sa largeur. Sa columelle est calleuse et aplatie inférieurement comme dans les véritables hélicines, mais son ouverture est arrondie-oyale, et ne diffère guère de celle des surbo.

Cabinet de M. Defrance.

GENRE ALIEN

NériTE. ÂVerila. CHARACT. GEN. T'esta univalvis , semi-globosa, subtus depressa : umbilico nullo. Apertura integra, semi-orbicularis. Columella subtransversa, complanata, acuta, sæpius dentata.

OBSERVATIONS.

Les nérites sont des coquilles aquatiques , la plupart marines, assez épaisses, et en général très-agréablement variées dans leurs couleurs. Elles sont remarquables par leur columelle qui est aplatie , aiguë ou tranchante, le plus souvent dentée, transverse, et qui fait paroître demi-ronde l'ouverture de ces coquilles. Cette ouverture, qu'on nomme vulgairement leur bouche, est exactement fermée, du vivant de lanimal, par un opercule corné , de même forme que louverture, et qui, lorsque l'animal sort, se rabat comme un volet sur la partie plate de la columelle.

Ces coquilles sont distinguées des natices, avec lesquelles Linné les confondoit , en ce qu’elles ne sont jamais ombiliquées, que leur opercule n’est point calcaire, et que dans la plupart la partie tranchante de leur columelle est dentée.

Les nérites sont en outre remarquables en ce que la hauteur

D'HISTOIRE NATURELLE. 93

de leur dernier tour est moindre que sa largeur , et en ce que leur ouverture étant demi-ronde par l'effet d’une columelle

presque droite qui semble en cacher la moitié, elle est plus longue que large.

Les nérites marines ont toutes des dents ou des crénelures en la face interne du bord droit de leur ouverture : leur coquille est épaisse.

Les nérites fluviatiles n’ont ni dents , ni crénelures en la face interne de leur bord droit : leur coquilie est mince. |

Peut-être convient-il d'employer cette considération pour les séparer et en former deux genres particuliers.

ESPÈCES FOSSILES. 1. Nérite conoïde.

Nerita( conoïdea ) conica, basi latissima; apice spiræ inclinato; aperturé octodentata. n.

Nerita perversa. Gmel. ». Schmideliana. Chemn. Conch. vol. 9, p. 130, t. 114, fig. 975 ; 976.

L.n. À Retheuil, trouvée par M. de Thury, et à Courtagnon. Cette singulière nérite a l’apparence d’un #rochus ; mais son ouverture et sa columelle dé- cident son véritable genre.

Chemnitz et les naturalistes qui en ont parlé avant lui se sont trompés en la donnant comme une coquille gauche ( £esta sinistrorsa ), c'est-à-dire, dont la spire tourne de la droite vers la gauche; car elle tourne réellement comme toutes les autres de gauche à droite. Mais ce qui est particulier à cette espèce, c’est que le sommet de la spire est incliné d’un côté, comme si l’axe de la spire étoit rompu ou coudé dans sa partie supérieure.

Ex coquille est conoïde, un peu irrégulière , à base large et aplatie en dessous, La spire ou la partie conique de cette coquille est lisse, d’une couleur tes- tacée ou de terre cuite, avec des stries transversales qui ne sont que des indices de ses accroissemens successifs. L'ouverture , qui est chlongue et n’occupe qu'un tiers de la coquille, offre une columelle transverse, munie de huit dents inégales , et d’une fossette externe à celle de ses extrémités qui est sa véritable base. Les plus grands individus ont à Jeur base 7 centimètres: { environ 2 pouces 7 lignes ) de largeur.

Mon cabinet. J'en possède des individus de diverses grandeurs,

4 ANNALES DU MUSEUM

Lo,

2. Nérite tricarinée, Z’élin,n.0 47, f. 7.

Nerita (tricarinata ) semi-globosa, transversim tricarinata ; spirä retusà ; labiis utrisque dentatis. n.

L. n. Houdan. Petite nérite marine bien distincte des autres espèces connues par les trois côtes aiguës et transverses qu'elle offre à l'extérieur. Quoique fossile , on retrouve encore sur certains individus des lignes violettes disposées sur un fond blanc , comme des caractères d'écriture. Les stries d'accroisse- ment sont verticales-obliques , nombreuses et assez apparentes. On aperçoit en outre quelques stries transverses entre les trois carènes. La largeur de cette coquille à sa base est de 5 à 6 millimètres.

Cabinet de M. Defrance.

5. Nérite mammaire. ’élin, n.0 00, f. 1. ;

Nerita (mammaria) ovatæ, oblique striata : striis creberrimis , acutis , tenui- bus ; columella denticulata. n. $

L. n. Grignon. Cette espèce est à peine plus grande que la précédente ; mais sa spire est un peu plus allongée, comme dans la zerita mamilla de Linné , qui est une 724/1Ce.

C'est une coquille ovale, chargée de stries obliques , très-nombreuses, régu- lières , fines et un peu aiguës. Des stries transverses plus fines encore se croisent sur les premières. La columelle est dentelée, et a un petit sinus vers son milieu. Cette coquille est mince et me paroit fluviatile.

Mon cabinet et celui de M. Defrance,

GE NR EX Le:

Narice. Natica. CHARACT. GEX.

Testaunivalvis , subglobosa, umbilicata. Apertura integra, semi - orbicularis. Columella transversa , edentula , extus callosa : callo umbilicum coarctante velobtegente.

Orpea TND S'S.

Les natices sont des coquilles marines, assez solides en gé- néral, operculées, et la plupart ornées de couleurs agréables.

D'HISTOIRE NATURELLE. 95

Elles sont toutes ombiliquées, quoique leur ombilic soit plus ou moins resserré, ou quelquefois recouvert , selon les espèces, par une callosité plus ou moins considérable qu'on observe à l'extérieur de la columelle.

Ces coquilles paroissent avoir beaucoup de rapport avec les nérites à cause de la forme de leur ouverture, ce qui a en- gagé Linné à les réunir dans le même, genre; mais Adanson et ensuite Bruguière considérant combien ces coquilles sont distinguées des nérites par leur ombilic, par leur columelle qui n’est jamais dentée, et par leur opercule toujours solide et calcaire, en ont formé un genre particulier qui est fort naturel et très-distinct.

Les natices ne peuvent se confondre avec les hélices , ayant leur ouverture demi-ronde, sans saillie de l'avant-dernier tour, et un opercule en demi-lune , adhérent à l'animal.

ESPÈCES FOSSILES.

. Natice à petite lèvre.

Narca (labellata) globoso-ovata ; umbilico simplici semitecto: labio antico porrecto.n.

L. n. Beynes et Courtagnon. Cette natice est globuleuse-ovale, lisse, à six ou sept tours de spire, et longue d'environ 2 centimètres ( près de 9 lignes). Son ombilic est simple, c'est-à-dire, sans callosité interne , et dans la partie supérieure de l'ouverture le bord gauche s’avance sous la forme d’une lame calleuse qui recouvre en partie l’ombilic.

Mon cabinet et celui de M. Defrance.

2. Natice épiglottine. 7’élin , no 91, f. 5.

Natica (epiglottina ) subglobosa, lævis ; callo umbilici superné epiglotridi- formi. n.

L, n. Grignon. Coquille ovale-globuleuse, lisse, à cinq tours de spire, dont le dernier est beaucoup plus grand que tous les autres. Sa largeur est d'environ 2 centimètres. On voit dans son ombilic une colonne calteuse adhérente à la colymelle, et dont le sommet élargi en un petit lobe épiglattidiforme,

Éd

96 ANNALES DU MUSÉUM

s’avance plus ou moins au-dessus de l'ombilic. Il en exise une variété à spire un peu plus raccourcie.

Mon cabinet et celui de M. Defrance.

3. Natice cépacée. F’élin, n.0 20, f. 2.

Natica (cepacea ) ventricosa , globoso-depressa ; umbilico seniorum obtecto ; spirä brevissimaä. n.

L. n. Grignon. C'est une espèce remarquable par le renflement de son dernier tour , qui lui donne une forme globuleuse , déprimée à peu près comme celle d'un oignon. Elle a la spire fort courte, en cône très-surbaissé, et composé de sept à huit tours. Sa largeur est de 35 millimètres. Dans les jeunes individus, l’ombilic est encore apparent; mais dans les plus vieux il est tout-à-fait recouvert par une callosité épaisse. Sur l’avant-dernier tour, sous l'insertion du bord droit, on voit une petite côte transverse à l’entrée de l'ouverture.

Mon cabinet.

Coquilles univalves multiloculaires.

Il s’agit ici d’une division de coquillages qui paroissent extré- mement nombreux dans la nature, dont l'Océan, dansses grandes profondeurs , semble en quelque sorte rempli, et qui, à l’ex- ception de quelques espèces d’un assez grand volume, sont la plupart d’une petitesse considérable.

Toutes les coquilles qui appartiennent à cette division sont remarquables en ce que leur cavité intérieure, tantôt contour- née en spirale, tantôt simplement courbée, et tantôt tout-à- fait droite, est partagée dans sa longueur en une multitude de loges par des cloisons transversales.

Ces coquilles multiloculaires ont jusqu'à présent beaucoup embarrasséles naturalistes pour déterminer les rapports des ani- maux qui les produisent, avec ceux des mollusques connus qui sont enveloppés dans une coquille. Comme lon ne connois- soit aucun de ces animaux à coquille multiloculaire, on man- uoit de moyens pour découvrir ces rapports, et il étoit difli-

Le

DANSE EI IR FE DNA TUU R EL TE. (6, cile de prononcer tant sur lamanière dont ces coquilles pouvoient avoir été formées, que sur leur connexion avec les animaux dont elles proviennent. L/animal n’habitoit-il que la dernière loge de la coquille. Y étoit-il contenu entièrement ou seulement en partie? Enfin sy trouvoit-il renfermé ou n’enveloppoit-il pas lui-même plus ou moins complétement la coquille? Telles étoient les questions que l’'analogie méme de ce qui étoit connu sur les animaux à coquille ne pouvoit nous faire résoudre.

Déja néanmoins l'animal de l'argonaute avoit été reconnu par les anciens et par Linné pour appartenir à la famille des sèches. Mais quelle apparence que si dans cette famille qui comprend des animaux tout-à-fait nus et des animaux à coquille uniloculaire comme l'argonaute, 1 y en ait aussi qui forment une coquille à loges nombreuses. C’est cependant ce que l'on peut maintenant regarder comme certain, d'après la connois- sance que nous venons d'acquérir de lun de ces animaux découvert par M. Péron et dont nous parlerons en traitant du nautile.

Ainsi dans la belle et très-singulière famille de mollusques qui ont une tête couronnée par des bras, et que M. Cuvier a nommés mollusques céphalopodes, il faut reconnore trois divisions ou sous-familles, savoir :

1. Les céphalopodes nus. Les sèches. Les calmars. Les poulpes. Les céphalopodes à coquille uniloculaire.

Les argonautes. Les carmaires.

CA

98 ANNALES DU MUSÉEUM

3. Les céphalopodes à coquille multiloculaire. Les nautiles. Les .spirules. Les ammonites. Les orbulites. . Les nummulites. Etc. , etc., etc.

C’est de cettetroisièmesous-famille dont nous allons déter= miner les genres et les espèces que l’on trouve dans l’état fossile des environs de Paris. Elle paroït être si nombreuse en genres et en espèces, qu'elle surpasse peut-être à cet égard tout ce que l’on connoït des deux autres familles de l'ordre des mol- lusques céphalés, savoir : les mollusques bipinnulés qui la suivent, et les mollusques gastéropodes qui jusqu'à présent constituent dans nos listes la principale partie de cet ordre.

Hippopotames fossiles .

IHippopotames fossiles . PI. II.

sr del

CRISE BTS

Hippopotames fossiles. PL.IIE.

D'HISTOIRE NATURELLE. 99

SUR LES OSSEMENS FOSSILES D'HIPPOPOTAME.

Par G. CU VIER.

Ox ne connoit jusqu'à présent qu'une seule espèce vivante d’hippopotame, ainsi que nous l'avons vu dans l'article sur cet animal; mais j'en ai découvert deux fossiles : la première est si semblable à l'espèce vivante, qu'il ne m'a pas été pos- sible de l'en distinguer ; l'autre est à peu près de la taille d’un sanglier, mais du reste, ainsi qu'on le verra bientôt, l’on diroit que c’est une copie en miniature de la grande espèce : la connoissance de cette seconde espèce est entièrement due à mes recherches; et quant à la première, si son exis- tence parmi les fossiles a déja été annoncée, ce n’est guère qu'aujourd'hui qu’elle est mise hors de doute.

En effet, mon savant collègue Faujas de Saint-Fond, l’auteur le plus récent sur ces sortes de matières, et l’un des plus habiles qui s'en soient occupés, assure encore dans ses Essais de géologie, tome I, p. 364 et suiv., qu'il n’a rien vu dans les cabinets qu’il a visités dans ses voyages, ni dans les auteurs qu'il a consultés, d’où l’on puisse conclure que lhippopotame se soit trouvé jusqu'à présent dans l’état fossile avec les élé- phaus, les rhinocéros et les autres grands quadrupèdes des

pays chauds, 19

100 ANNALES Du MGS EU M

En parcourant nous-mêmes les auteurs, nous n’y trouve- rons pas à la vérité cette disette absolue de renseignemens : mais nous verrons du moins que les hommes les plus savans sont'wes-Souvent tombés dans dés erreurs graves en voulant appliquer le nom d'hippopotame à des fossiles qui ne le mé- ritoient point du tou.

Ainsi nous devons reconnoitre que tout ce que Daubenten dit de prétendues molaires fossiles dhippopotame dans sa Description du cabinet du roi, Hist. nat. , tome XI, in-/° sous les MCVI, MCOCVIT, MCVIIL et MCXIIE, se rap- porte aux dents de l'animal de l'Ohio, vulgairement nommé mammouthpar les Anglais et les Américains; et ce qu'il dit encore au même endroit de dents pétrifiées qui ont rapport à celles de T'hippopotame , sous les n.®* MCIX , MCX , MCXI et MCXIT, se rapporte aux dents d’un autre animal confondu jusqu’à présent par les naturalistes avec celui de l'Ohio, et que je ferai bientôt plus amplement connoîïtre sous le nom d’ani- mal de Simorre. |

Je me suis assuré de ces deux points, non seulement par la description même de Daubenton, mais aussi par l'inspection actuelle des pièces qui sont encore aujourd’hui conservées au Muséum. |

Mais il n’en est pas de même des MCIL et MCIV, dont le premier est une portion de mächoire contenant deux mo- laires, et l'autre une molaire isolée. Ils appartiennent bien réellement à l'hippopotame ordinaire, ainsi que nous le verrons plus bas; ils sont de plus bien réellement fossiles, et portent toutes les marques d’un long séjour dans l'intérieur de la terre: leur consistance est altérée; leur tissu est teint par des matières

D'HISTOIRE NATURELLE. 101 ferrugineuses; l'émail de la première de ces pièces est coloré en noir, comme il arrive très-souvent aux dents fossiles : on y voit des restes de la couche terreuse dans laquelle ils ont été trouvés; en un mot, il n'y manque qu'une indication du lieu de leur origine, mdication à laquelle même nous suppléerons un peu plus bas par des conjectures très-vraisemblables.

Pierre Camper a aussi parlé de dents fossiles d’hippopo- tame, mais 1l paroit être tombé dans une erreur semblable à celle de Daubenton : voici son article sur ce sujet. Îlest tiré des Mémoires de l’'acad. de Pétershourg, Nova acra, 1, 1588, page 258. » {n Museo britannico ( écrit-il à M. Pallas), ad » amussim delineavi molarem dentem medium hippopotami » gisantei, qui superat quater maximum tllum molarem » cujus figuram à me delineatam descripsisti, tab. VIT, » Act. acad. petrop. F, part. IE, p. 214.» Et Camper ne pou- voit entendre ici une dent de Fanimal de POhio, parce qu'il parle avec détail de ce même animal une page plus loin, et qu'on voit d’ailleurs qu'il le connoissoit très-bien | puisqu'il lavoit expressément distingué de lhippopotame, dès 1777, dans les Æcta, IL" part. pag. 210.

Comme je n’ai pu me procurer aucun renseignement direct sur cette dent gigantesque, j'en suis réduit à des conjectures. Les dents de lanimal de Simorre, ainsi que nous le verrons dans un autre endroit , présentent, à une certaine époque de leur détrition, des figures de trèfles qui ressemblent en grand à celle des hippopotames; et comme Camper r’avoit encore aucune idée des différences qui distinguent Panimal de Simorre de celui de POhio, il a pu se tromper sur une dent isolée. Quoi qu'il en soit, celle dont il parle en cet endroit ne pour- rait venir dans aucun cas de notre hippopotame vulgaire , puisqu'elle est quatre fois plus grande. |

102 ANNALES DU MUSÉUM

Merck paroït avoir donné dans la même erreur que Pierre Camper. Voici ses paroles, L"" lettre, p. 21, note. «Je posséde une dent molaire trouvée dans les environs de Francfort, sur le Mein, exactement ressemblante à celle d'un hippo- potame , dessinée dans le tome I" des Epoques de la nature, de M. de Buffon, pl. LIT. Or cette planche IT représente une dent intermédiaire de l'animal de l'Ohio, dont les sommets sont un peu usés.

M. Deluc, Lettre géol. IV, p.414, parle d’une dent d'hippo- potame trouvée parmi les produits volcaniques des environs de Francfort; mais M. Merck nous apprend, IL" Lettre, p. 20, note, qu’elle n’étoit que de rhinocéros. ;

Nous trouvons, à une époque plus ancienne, quelque chose de moins incertain sur le même sujet : c'est un passage d'Antoine de Jussieu , dans les Mémoires de l'académie pour 1724. Après y avoir décrit et représenté en détail une tête de véritable hippopotame, il ajoute:

« La vue des ossemens de cette tête et de ces pieds m'en a » fait reconnoitre d’abord de semblables pétrifiés , trouvés » parmi un nombre de pierres figurées qui sont dans le terri- » toire de Montpellier, au lieu qu’on y appelle La Mosson.

» Ces découvertes dont M. Chirac a été témoin nous em- » barrassoient d’autant plus, que ne trouvant ni dans le crâne » du cheval, ni dans celui du bœuf, que nous leur comparions, » aucune ressemblance, nous ne savions à quel animal les » attribuer; et ce n’est que la vue des dépouilles de celui-ci qui » nous convainquit que ces ossemens pétrifiés avoient été » ceux de l’hippopotame. »

Quoique Antoine de Jussieu n'ait donné ni figure ni des- cription particulière de ces fossiles , la manière dont il en parle,

D'HISTOIRE NATURELLE. 103

Pendroit il en parle, après avoir décrit une véritable tête, et ayant pour ainsi dire à la fois les os frais et Les fossiles sous les yeux, ne permet guère de douter que ces derniers n'aient réellement tout-à-fait ressemblé à ceax de l'animal auquel il les attribue; jai même tout lieu de croire que ces morceaux observés par Chirac, et par Antoine de Jussieu sont préci- sément les mêmes que Daubenton a indiqués sousles n.”* MCIT et MCIV, et que je décrirai plus bas. Chirac, alors intendant du Jardin du roi, les ayant eus à Montpellier, les aura apportés à Paris , et déposés au cabinet, Daubenton les aura trouvés ensuite sans autre indication.

Les dents que Charles Nicolas Lang avoit données quel- ques années auparavant pour des dents d’hippopotame, dans son Historia lapidum figuratorum Helvetiæ , imprimée en 1708, pl. XI, fig. 1 et >, ne sont pas dans le même cas que les précédentes : ce sont de simples dents de cheval. Fig. x est un germe non encore sorti de la gencive, et fig. 2 , une vieille dent usée. Les lithologistes se sont très-souvent trompés sur les dents de cheval, quoiqu’elles appartiennent à un ani- mal si commun. Nous le verrons plus en détail dans un autre article.

Je trouve encore dans un auteur presque de nos jours un morceau attribué à lhippopotame, qui me paroït l'être tout aussi faussement que ceux de Lang : c’est celui que cite le catalogue du cabinet de Davila, tome IIT, p. 221 , art. 206. Voici ses termes .

« Une mächoire d’hippopotame pétrifiée et enclavée dans sa » matrice de pierre à plâtre des environs de Paris ,la mâchoire » inférieure conserve cinq de ses dents molaires, dont les racines » sont engagées en partie dans leurs alvéoles, et en partie

104 ANNALES DU MUSEUM

» découvertes. La mâchoire supérieure est presque entièrement » détruite, et n'offre plus que Fempremte des autres dents » molaires opposées à celles de l'inférieure; celles-ci conservent » leur émail verdätre, et sont semblables d’ailleurs aux dents » de l'hippopotame dont M. de Jussieu a donné la figure dans » les Mémoires de l'acad. des scienc. Cette mâchoire porte un » peu plus de 6 pouces de longueur sur 4 de hauteur. »

Je connois assez les fossiles contenus dans nos pierres à plâtre pour pouvoir assurer qu'il n’y a jamais rien qui pro- vienne de lhippopotame; d’ailleurs cinq dents de cet animal auroient certainement occupé au moins 5 pouces, el non pas seulement 6 de longueur.

Je suis donc bien persuadé que Davila, ou plutôt son coo- pérateur Romé-de-l Isle, aura eu sous les yeux quelque fragment de mon grand palæotherium : son idée que ces dents ressembloient à celles des figures d'Antoine de Jussieu, sera venue de ce que ces figures ne sont ni assez grandes ni assez précises.

Je présume qu'il en est à peu près de même des os d'hip- popotame que M. de Lamétherie dit avoir été trouvés à Mary près de Meaux ; Théor. de la terre, V, p. 198 , mais dont il ne donne pas de description. Les environs de Meaux sont en grande partie gypseux, et je sais que les os fossiies y sont les mémes qu'aux environs de Paris.

M. Faujas lui-même a parlé autrefois de dents d'hippopotame. Voici comment ils’exprime dans une lettre à M. de Lamétherie sur les ossemens trouvés par M. de Fay près d'Orléans, insérée dans le Journal de physique de décembre 1794, p. 345 et suivantes, L « Voici quelques détails sur ce que j'ai reconnu de mieux

D'HISTOIRE NATURELLE. 109 » caractérisé dans les restes d’ossemens de la carrière de » Montabusard. 1. Une dent pétrifiée d’hippopotame pesant 8 onces G gros » quinze grains, quoiqu’elle ne soit pas entière, car il en » manque une portion à l'extrémité de la couronne, etc. En » comparant cette dent à celles des plus grosses têtes d’'hip- » popotame que possède le Muséum d'histoire naturelle, je » n’en ai trouvé aucune à beaucoup près de la grandeur de » celle-ci : ainsi l'animal auquel cette dent fossile a appartenu » devoit être trois fois plus gros au moins que l'hippopotame » empaillé qui est dans les galeries du Muséum , et qui vient » du cabinet de la Haie. »

J'ai examiné cette même dent, et je me suis assuré qu’elle étoit d'un animal très-différent de F hippopotame que je décrirai ailleurs sous le nom d'animal de Simorre.

Au reste, si quelquefois lon a donné pour os et dents d'hippopotame des morceaux qui n'en venoient pas, il est

arrivé aussi que quelques auteurs en ont eu sans le savoir, et

les ont attribués à des animaux qui ne les avoient point fournis: de ce nombre est Ældrovande, De metallicis, üb. IV, p. 828 et suiv. Il représente, tab. VE, fig. 1, une véritable molaire fossile d'hippopotame; la quatrième ou cinquième d’en haut à demi-usée ; et fig. 2, une postérieure d'en bas tres-peu usée; tab. VIL en est encore une quatrième d’en haut à demi-usée et un peu cassée en avant : il les donne toutes les trois pour des dents d’éléphant , tandis qu'une vraie molaire d’éléphant représentée, tab. IX, passe à ses yeux pour venir de quelque grande bête inconnue.

Aldroyande est excusable, puisqu'il n’avoit point de squelette de ces animaux; mais comme ses figures sont parfaitement

ET 14

-

106 ANNALES DU MUSEUM

reconnoissables et de grandeur naturelle, on auroit pu aisément recülier l'erreur de ses indications : et cependant c’est préci- sément lui, tout clair qu'étoit son témoignagne, qu'on a le plus négligé de citer dans les listes de ceux qui avoient mis en avant des os fossiles d’hippopotame.

Ældrovande ne parle point de l'origine de ses fossiles ; mais il est probable qu'ils venoient, comme ceux que je décrirai plus bas, de quelques-unes des vallées d'Italie.

Aldrovande a donc présenté les objets dont nous nous occupons ici, sans pouvoir leur appliquer leur véritable nom. Camper, Merck, Davila, Lang, Daubenton dans quelques articles, et quelques géologistes récens, ont appliqué ce nom à des objets auxquels il ne convenoit point. Æntoine de Jussieu, et Daubenton dans ses MCII et MCIV , sont les seuls qui aient eu le double mérite de nous offrir de vrais objets et de les bien nommer.

Après ce résumé des travaux de mes prédécesseurs, venons à mes propres observations.

Du grand Hippopotame fossile.

Les premiers morceaux qui m’aient averti de l'existence des ossemens d’hippopotame parmi les fossiles sont donc ceux du Muséum, indiqués par Daubenton sous les n.°* MCIX et MCIV.

J'ai représenté le premier, pl. IT, fig. 1. C’est une portion de la mächoire inférieure du côté droit, contenant la pénul- tième et l'antépénultième molaire. On juge, à l’état peu avancé de la pénultième , que la dernière de toutes ne devoit pas encore être sortie. L’antépénultième est beaucoup plus usée que l'autre. En avant de ces deux dents est l’alvéole d’une

D'HISTOIRE NATURELLE. 107

troisième, dont il ne reste que quelques fragmens de racine. Le bord inférieur est cassé sur toute la longueur du morceau. La grande dent a 0,05, et la petite 0,035 de longueur. La largeur de lune et de l'autre est de 0,025 à 0,027. Les dents pareilles , mesurées dans un hippopotame ordinaire, ont chacune 0,005 de plus, c’est-à-dire qu’elles sont à peu près d'un dixième plus longues. L/émail est teint en noirâtre, la substance osseuse, ainsi que los maxillaire , en brun foncé.

Le second morceau, pl. IT, fig. 2, est une pénultième molaire d’en haut, dans un état de détrition moyenne; outre qu’elle est devenue un peu friable par son séjour dans la terre, elle a été roulée, et toutes ses formes se sont arrondies; les racines sont cassées ; son émail est jaunâtre , et n'a point la teinte noire du morceau précédent. On pourroit, d’après ces circonstances, douter qu’ils vinssent du même endroit, et ce que j'ai soupçonné plus haut de leur origine pourroit n’être vrai que pour l’un des deux seulement.

Le troisième morceau fossile de grand hippopotame qui se soit offert à mes recherches est du cabinet de feu Joubert, aujourd'hui à M. de Drée. Je l'ai représenté, pl I, fig. 2. Celui-ci est de la grandeur des individus vivans ordinaires. C'est un fragment de mâchoire supérieure , contenant deux dents précisément dans l’état de détrition elles sont le plus facilement reconnoissables par les trèfles et les autres linéamens de leur couronne : ce sont la dernière et l’avant- dernière molaire du côté gauche.

Ce morceau est évidemment fossile et pénétré d’une sub- stance ferrugineuse, mais ne porte non plus aucune indication du lieu de son origine. Cependant, comme M. Joubert étoit

trésorier des Etats de Languedoc, et que sa place l’appeloit

1,

1/ =

108 ANNALES DU MUSÉUM

souvent à Montpellier, il est très-possible que ce soit qu'il ait acquis ce morceau , et même qu'il Fait tiré précisément de ce lieu de Za Mosson, dont Antoine de Jussieu en avoit déja eu de semblables. Lors de mon passage à Montpellier en lan XI, je n'enquis soigneusement de tous les fossiles qui pouvoient y être dans les cabinets; je visita même avec soin celui de mon respectable confrère M. Gouan, et celui de l'Ecole centrale, que dirigeoit alors feu Draparnaud; mais je »’y aperçus aucun ossement d'hippopotame.

Quelque temps après avoir vu ce morceau du cabinet de Joubert, examinant divers fossiles recueillis dans le val d’Arno par M. Miot , aujourd'hui conseiller d'Etat , dans le temps qu'il éloit ministre de France près le dernier grand-duc de Toscane, ÿy remarquai un astragale que je ne pus rapporter à son espèce : M. Miot ayant eu la bonté de me le prêter pour lexa- miner à loisir, je vis bientôt qu'il n’appartenoit ni à l'éléphant; ni au rhinocéros ; et comme sa grandeur ne permettoit pas de croire qu'il vint d’un animal plus petit que ces deux-là, je ne doutai plus qu'il n'appartint à l'hippopotame.

Sa forme confirmoit cette idée. Il ressemble à peu de chose près à l'astragale du cochon, et le cochon est certainement de tous les animaux celui qui approche le plus de lhippo- potame par son organisation.

Ces deux considérations ne me laissoient déja presque aucun doute ; mais j'eus le plaisir de trouver une preuve encore plus directe lorsque j'eus fait faire le squelette de fœtus d'hippopo- tame que j'ai décrit dans mon dernier article sur cet animal. L'estragale de ce fœtus ; représenté à son article, pl. ILE, fig. > et 3, ne présente, la grandeur exceptée, aucune différence appréciable avec le fossile.

D'HISTOIRE NATURELLE. 109

Je donne des figures diminuées de celui-ci, pl. E, fig. r et 4: c’est l'astragale du côté droit. Il est vu de face, fig. 1, et par son côté externe, fig. 4. Ses dimensions absolues sont les

suivantes. Longueur de la face externe, de & en b ....... o,117. Hauteur verticale ;derc entid® 115,90 HI GONE IE. Vo 072! Largeur de sa poulie tarsienne, de e en f .... 0,107.

Distance du fond de sa poulie tibiale ; à l'extrémité de larête intermédiaire de la poulie tarsienne , de Bent: ago, pates Oh LAOMTE RE NS DATE

Largeur de sa poulie I de zen k. MAO 007

En comparant ces mesures avec cellés que nous avons conclues d'après le fœtus pour un ‘hippopotame adulte de grandeur ordinaire, on voit, Ostéol. de l'hipp., p. 19, qu’elles ne les égalent pas tout-à-fait.

Cet astragale est à cet égard dans le même cas que les dents du Muséum décrites ci-dessus. On sait que les natura- listes ont long-temps prétendu que les dépouilles fossiles d'animaux surpassent généralement leurs analogues d’aujour- d'hui en grandeur : on voit par ces échantillons que cela ne s'applique du moins pas toujours à l'hippopotame.

M'étant ainsi assuré de Fun des lieux lon peut trouver des ossemens d’hippopotame, je n'empressai d'écrire à M. Fab- broni, directeur du Cabinet royal de physique à Florence, etsavantuniversellement célèbre par ses qualités aïmables autant que par létendue de ses connoissances : je ne doutais pas qu'on ne düt trouver parmi les fossiles du cabinet qu'il dirige plusieurs morceaux de la même espèce, et'il sen trouva en effet.

M Fabbroni nrenvoya les dessins de trois dents qui ont

110 ANNALES DU MUSEUM

évidemment appartenu à l’hippopotame. J'ai fait graver ces dessins, pl. E, fig. 3et 5, et pl. IL, fig. ro.

Le premier, pl. I, fig. 3, est l'antépénultième molaire , soit d'en haut, soit d'en bas, à demi-usée.

Le second, celui de la pl. F, fig. 5 ; est la dernière molaire d’en bas, au moment elle étoit près de percer la gencive ; comme elle n’avoit point encore servi à la mastication, les pointes de ses. collines se sont conservées ; son émail n’est point entamé, et ce dessin peut même servir pour indiquer la forme des germes de molaires d’hippopotame ; car il n'offre absolument aucune différence, si ce n’est qu'il paroït un peu plus grand : je ne sais si c’est la faute du dessinateur ; car M. Fabbroni ne m’a point envoyé de mesure.

Le troisième dessin , pL IT, fig. 10, représente un fragment de défense ou canine inférieure. Cest encore un morceau très - reconnoissable pour avoir appartenu à l’hippopotame : aucun autre animal n’a des défenses de cette force ; et l’élé- phant, qui les a plus grandes, ne les a ni anguleuses, ni striées : le morse , qui les surpasse aussi , les a bien striées vers la racine, mais n0n pas anguleuses. Le narval a la sienne droite, comme tordue en spirale par lesstries de la surface. Le tissu de la substance osseuse est d’ailleurs très-différent. Dans l'éléphant on y voit destraits brunâtres qui se croisenten losanges curvilignes très-régulières. Dans le morse, il y a des grains bruns comme paitris dans une substance plus blanche ; dans le narval , tout semble homogène ; dans l’hippopotame enfin, ce sont des stries fines, concentriques au contour de la dent.

M. Fabbroni m'écrit, touchant cette défense, qu'elle diffère de celle de l'hippopotame d'Afrique, en ce que son diamètre a un plus grand rapport avec sa longueur, et parce que sa courbure en spirale est beaucoup plus marquée.

D'HISTOIRE NATURELLE. TITI

Il ajoute qu’on trouve ces dents d’hippopotame de diffé- rentes sortes, éparses ça et dans le val d'Arno supérieur, mais sans mâchoires ni autres ossemens, sur-tout de la tête.

L’astragale rapporté par Miot prouve cependant qu'on découvriroit aussi toutes sortes d’ossemens de cet animal, si on se donnoit la peme de les chercher , ou si on avertissoit seu- lement les ouvriers qui font des fouilles ou des déblais pour. des chemins, des puits, des fondations, de les recueillir,

Ce n’est que lorsqu'on en aura obtenu un certain nombre

qu'on pourra prononcer si l'animal dont ils proviennent étoit

entierement semblable à celui d'aujourd'hui, ou s'il présentoit quelque différence spécifique, comme les circonstances remar- quées au fragment de défense pourroient le faire croire.

J'avoue que les molaires et l’astragale que j'ai examimés ne m'ont offert aucune différence suflisante, et il est assez sin- gulier que l’animal dont lexistence parmi les fossiles avoit paru douteuse aux géologistes, soit précisément celui dont les dépouilles fossiles sont le plus évidemment semblables aux ossemens du vivant : car nous verrons qu'il s'en faut beaucoup que les éléphans , les rhinocéros et les autres grandes es- pèces fossiles que l’on a voulu rapporter aux animaux vivans, leur ressemblent autant que ces morceaux-ci ressemblent à leurs analogues actuels.

Du petit Hippopotame fossile.

.‘ J’ai annoncé en peu de mots cette espèce aussi remarquable que nouvelle dans le programme du présent ouvrage, imprimé chez Baudouin, en lan IX, par ordre de la premiere classe de Pnstitut. Ma notice étant fort abrégée a paru trop incer-

112 ANNALES DU MUSÉUM

laine à quelques naturalistes (1); espère que les détails dans lesquels je vais entrer feront cesser toute incertitude.

Le bloc dont j'ai tiré cette espèce étoit depuis long-temps dans un des magasins du Muséum, et personne n’avoit sou- venance du lieu de son origine : il me frappa cependant par la quantité de fragmens d'os et de dents dont il étoit comme lardé de toutes parts ; il ressembloit assez aux brèches os- seuses de Gibraltar, de Dalmatie et de Cette, excepté que la pâte, au lieu d'être calcaire et stalactique , étoit un grès homogène remplissant uniformément tous les intervalles des os; et que les os formoient une portion incomparablement plus considérable de la masse que dans ces brèches.

Il me fallut, ainsi qu'à mes aides, un temps considérable et une grande patience pour dégager une partie de ces os du grès qui les incrustoit : nous employämes pour cela, pen- dant plusieurs jours ; le ciseau, la lime et le burin ; nous fùmes obligés de sacrifier plusieurs os pour en conserver d’autres enliers : mais combien nous nous trouvames récompensés de nos peines lorsque nous eùmes mis au jour les débris d’un ani- mal dont personne n’avoit eu jusqu'à nous la moindre notion!

Je fus longtemps ensuite sans revoir de pierre semblable

po

celte première-là, jusqu’en ventose de Fan XL, que, passant à Bordeaux, je visitai le beau cabinet d'histoire naturelle que M. Journu Aubert , sénateur , possédoit, et dont il vient de faire présent à sa ville natale. J’y reconnus au premier coup d'œil un bloc tout semblable à celui que j'avois dépécé au Muséum ; mais il n'y avoit malheureusement pas plus d'indication sur le lieu d'où on Favoit tiré, et M. Villers, professeur d'histoire

(1) Faujas , Essais de géol, I, 566.

D'HISTOIRE NATURELLE. 113

naturelle à Bordeaux, qui avoit la charge de ce cabinet, ni M. Journu-Aubert lui-même qui se trouva alors dans cette ville pour présider le corps électoral, ne purent me donner aucun renseignement là-dessus. Depuis lors M. Journu-Aubert à généreusement fait présent à notre Muséum de ce morceau précieux , et m'a mis par-là en état de perfectionner la con- noissance de cette espèce remarquable, en ajoutant d’autres 0$ à ceux que m'avoit fournis le premier bloc.

Je m’acquitte avec bien du plaisir ; au nom du Muséum et au mien, du devoir que nous impose la reconnoissance, en publiant ici le don que cet amateur respectable a fait à la science.

La description que je vais donner des os que j'ai pu dégager fera reconnoitre les blocs pareils qui pourroient se trouver dans les cabinets, et peut-être que nous obtiendrons ainsi les renseignemens qui nous manquent sur le lieu et sur la position dont ils sont originaires. Il y a peu de points aussi intéressans dans l’histoire particulière des os fossiles.

J'ai eu des dents mâchelières de plusieurs espèces , des canines et des incisives; la fig. 7, pl. [, représente une des plus grandes de ces mächelières : sa couronne est allongée et présente d’abord une petite partie transverse a; ensuite une paire de collines, b, c, séparée par un profond vallon, d’une autre paire, d, e , qui l’est, par un second vallon, d’une colline simple, f. La détrition n’a usé ces collines qu’à leur face anté- rieure et très-obliquement; ce qui montre que celles de la dent opposée pénétroient, lors de la mastication , dans les intervalles de celles-ci.

Cest déja une petite différence de l’hippopotame ordinaire; mais, au reste, tous les autres caractères essentiels se retrouvent ici, comme dans la pénultième dent d'en bas de ce grand

D: 15

114 ANNALES DU MUSÉUM

animal ; mêmes quatre collines en deux paires, même colline isolée en arrière ,même petite saillie transverse en avant : si on ne voit pas bien lestrèfles , cela tient à la manière oblique dent se fait la détrition; elle eflace les sillons longitudimaux des collmes, et n’en laisse que quelques traces: encore voit-on un peu de cette figure de trèfle en b et en c.

Cette dent a 0,033 de longueur, et 0,016 de largeur.

J’ai trouvé dans le bloc de M. Journu-Aubert le germe de cette même dent postérieure. Ilest représenté, pl. HT, fig. 6.

Une seconde de ces dents, pl. T, fig. 6, est à peu près carrée à sa base, qui est tout entourée d’un collet saillant, et sur laquelle s'élèvent deux paires de collines, ou plutôt deux collines transverses, fourchues à leur sommet, et marquées sur leurs faces de sillons, tels que si la détrition se faisoit horizontalement , elle produtroit certainement aussi des figures de trèfle; mais quoiqu'elle ne soit que commencée sur cette dent-ci, on s'aperçoit déja qu'elle se fait obliquement. Les pointes des deux collmes de devant, &, b,ne sont qu'un peu usées en triangle, et cependant la partie voisme du collet, €, est aussi un peu entamée; preuve que les parties saillantes de la dent opposée pénétroient dans les creux de celle-ci.

Cette dent a 0,027 , tant en longueur qu'en largeur, au pourtour de sa base.

Une troisième dent, semblable à fa précédente, mais plus petite et plus profondément usée ( deux preuves qu’elle-étoit placée plus en avant), est représentée , pl. 4, fig. 8; elle m'a que 0,02 en carré : ses deux premières collmes , 4, b, ont déja confondn leurs disques osseux par l'effet de la détrition ; les deux autres, c, d, ne montrent encore que deux triangles séparés.

D'HISTOIRE NATURELLE. 119

Fig. 3, pl IT, est le germe d'une dent qui seroit devenue, avec le temps, semblable aux deux précédentes. I m'étoit point sorti de la gencive , n’a encore aucune racme, et son sommet est parfaitement intact; on y voit bien connnent les deux collines transversales sont chacune rendues fourchues à leur sommet par deux plans qui font ensemble un angle d'environ 60°. L

La ressemblance de ce germe avec le pareil d’un hippopo- tame ordinaire frapperoit le moms attentif : elle est plus grande que ceile des dents usées , parce que c’est le mode de détrition qui établit la plus grande différence entre les deux espèces.

La base de ce germe a 0,023 en carré; celle du germe d’hip- popotame ordinaire, que je lui compare, a 0,05 , c’est-à-dire plus du double : elle n’est pas non plus si carrée, et les col- lines postérieures y sont un peu plus courtes que les autres.

Voilà bien la dernière molaire du grand hippopotame, et les deux qui la précèdent parfaitement représentées dans le pet ; aucun autre animal ne peut s'offrir à la comparaison , si ce n’est le cochon : ses trois dernières molaires sont à peu près de la même grandeur que celles-ci , et ont aussi quatre collines dans les deux premières, et cinq dans la dernière; mais ces collines sont sillonnées tout autour, et accompagnées de collines plus petites ou de tubercules accessoires, de ma- nièré que la couronne de la dent paroît toute mammelonnée : ce qui n’est point du tout dans notre petit hippopotame fossile.

Nous savons, par notre article précédent (Ostéol. de l'hipp. , p. 23), que les trois molaires de devant de lhippepotame ont une autre forme, et sont plus simples que les trois dernières; nous en retrouvons d’analogues dans ce petit.

On en voit une ,pl. E, fig. 11. Elle est pyramidale , a deux

jt

116 ANNALES DU MUSEUM

grosses racines, et est usée, comme les molaires, obliquement à sa face de derrière et à sa pointe. La longueur de sa base est de 0,017, sa largeur de 0,013; la hauteur de son corps, sans les racines , 0,015. Une seconde est représentée, pl. E, fig. 10 : elle est plus petite, conique, comprimée, et usée seu- lement à son sommet. J'en ai encore une autre toute pareille.

Les molaires antérieures, très-semblables à celles de lhip- popotame, n’ont rien de commun avec celles du cochon, qui sont comprimées, et à tranchant dentelé.

Mais les dents les plus caractérisées de l’'hippopotamé ordi- naire sont ses incisives et ses canines; et C’est en quoi notre petit fossile se montre encore parfaitement l’analogue du grand.

Ainsi, les incisives d'en bas sont cylindriques, obliquement couchées en avant, et usées à leur pointe seulement : nous en avons trouvé plusieurs pareilles, à la grandeur près, dans les blocs que nous avons dépécés : on en voit une presque entiere , pl. IF, fig. 7. Son diamètre est de 0,01, et sa longueur, dans son état actuel, de 0,08. Elle répond à l'une des incisives laté- rales de l'hippopotame ordinaire, car celles-ci ont 0,023 de diamètre, et 0,15 de longueur. Elles sont plus profondément striées à leur surface que celles de la petite espèce ; leur pointe est aussi plus acérée par la détrition.

Quoique les différens cochons aient aussi les incisives infé- rieures tres-longues et couchées en avant, on ne peut les confondre avec celles de notre animal, parce qu’elles ne sont pas cylindriques, mais prismatiques, ou comprimées par les côtés. . 4

Les canines inférieures de l’hippopotame sont courbées en arc de cercle, à coupe triangulaire, et obliquement usées à leurs pointes du côté de leur face concave.

D'HISTOIRE NATURE L-LE. 117

Mes blocs m'en ont offert plusieurs de semblables. J’ai représenté l’une des mieux conservées , pl. IE, fig. 11. Elle se rapporte bien aux autres pour la proportion, car elle a, de même , moitié des dimensions de la dent correspondante de la grande espèce, c’est-à-dire 0,02 de plus grand diamètre, etc. ; elle offre quelque différence de surface. Les canines du grand hippopotame sont striées, ou plutôt canuelées profondément par-tout sur leur longueur; celles-ci sont très-finement striées, et présentent à leur face externe un enfoncement ou espèce de canal large et très-peu profond, qui règne sur toute leur longueur.

Ces denis seroient plus aisées que les autres à confondre avec les analogues du sanglier; on les en distingue cependant à ce que leurs angles sont émoussés, et leur courbure plus forte.

Les canines supérieures de l’hippopotame prétent à moins d'équivoque : usées obliquement du côté de leur convexité, arron- dies de toute part, creusées d’un sillon longitudinal profond à leur face interne, et d’un autre plus léger à l’externe, elles ne res- semblent à celles d'aucun autre animal. Mon petit animal n'en a fourni un troncon très-caractérisé; c’est le bout de la dent :on y voit les deux sillons et la surface produite par la détrition. Les dimensions sont encore précisément moilié de celles de lespèce vivante. Voyez pl. IE, fig. G.

Fig. 9 est un fragment qui me paroit avoir appartenu à une incisive intermédiaire d'en haut : il y a pourtant quelque dif- férence avec l’hippopotame ordinaire. La partie usée, a, b, est ici convexe et devrait être concave. Le sillon, b, c, n'existe point dans lhippopotame.

Je représente encore, fig. 4, pl IT, un germe de molaire qui na point d’analogue dans l’hippopotame ordinaire. Elle

118 ANNALES DU MUSÉUM

offre deux collines, dont la seconde fourchue, par conséquent trois pointes, toutes les trois assez aignés.

Ce sera quelqu'une des molaires antérieures que ce petit hippopotame aura eue plus compliquée que Fespèce vivante. Sa longueur est de 0,02, sa largeur en arrière de 0,01.

J'étois trop pénétré du grand empire qu’exercent les formes des dents sur tout le reste de l’organisation, pour ne pas être persuadé d'avance que tous les autres os de cet animal auroient, avec leurs correspondans de l'hippopotame ordinaire , la même ressemblance que j'observois dans les dents; je fus cepen- dant bien aise de pouvoir donner à tout le monde une nouvelle preuve de linfaillibilité de ces lois générales de la zoologie, et je mis beaucoup de soin à dégager les portions d'os j'a- perçus quelques restes de caractères. Toutes, sans exception, vinrent confirmer ce que les dents «voient annoncé.

Ainsi le fragment de mâchoire inférieure , pl. IL, fig. 8, quoique fort mutilé, ne l'est point assez pour p’être pas recon- noïssable par lui-même. On voit, en &, que le bord inférieur corimence à descendre pour former ce crochet si caracté- ristique dans la mâchoire inférieure de lhippopotame; en b, que l'échancrure entre lapophyse coronoïde c , et la condyloïide qui manque à ce fragment , devoit être peu profonde, comme elle l'est aussi fort peu dans lhippopotame. La ligne saillante d , les différentes convexités , concavités et méplats de ce mor- céau sont, en un mot, comme dans le grand animal auquel nous le comparons. La distance des bords, de & en d, est de 0,045. T’hippopotame, mesuré an même endroit, denne 0,12, c'est-à-dire , deux fois et deux tiers de fois plus.

J'ai trouvé dans le bloc de M. Journu-Aubert une autre portion de mächoire inférieure plus considérable, à certains

D'HISTOIRE NATURELLE. 119 égards, que celle-ci, pl. LL, fig. 3 :e’est celle du côté opposé. Elle contient la dernière dent , &, presque entière; mais ce qui la rend précieuse, c’est qu'elle montre une beaucoup plus grande partie du crochet , b, et sur-tout une portion de son bord postérieur ; car toute la ligne, c, d, est entière et sans fracture : on y voit que ce crochet se portoit plus en arrière à proportion que dans l’hippopotame vivant, et que cet endroit de la machoire, au lieu de représenter à peu pres le quart d'un cercle, ou la moitié d’un croissant, devoit former une sorte de lunule. Jai marqué avec des points le contour que l'on peut supposer à cette partie, d'après ce qui en reste d'entier.

Quoique cette différence de configuration offre bien une distinction spécifique évidente, le tout n’en est pas moins une confirmation de l'identité générique : lhippopotame ordinaire ayant seul ce crochet parmi les quadrupèdes connus, on devoit bien s'atiendre que si lon venoit à découvrir quelque autre espèce d’hippopotame, on Fly trouveroit aussi; mais rien n'exi- geoit qu'il eût précisément lesmêmes proportions.

Ces deux fragmens de mächoires auroient donc été reconnus pour venir d'un hippopotame, quand méme on n’auroït pas vu une seule des nombreuses dents qui les acconpagnoient.

C'est aussi le cas d’un troisième fragment, représenté, pl IX, fig. Get 8; également tiré.du bloc de M. Jeurnu-Aubert. Il forme le tiers antérieur de la mâchoire d'en bas du eoté gauche, et doit avoir appartenu à un très-jeune individu; car, en le cassant, on y #irouve seulement un germe de dent canine, encore très-creux intérieurement, et contenu dans un alvéole plus large que lui. Néanmoins, cetie forme carrée de l'extrémité de devant , qui appartient à la mâchoire inférieure des

120 ANNALES DU MUSEUM

hippopotames et d'eux seuls, se manifeste déja clairement dans celui-ci.

Les trous creusés à la face externe pour la sortie des nerfs maxillaires inférieurs sont placés au même endroit que dans lhippopotame ordinaire.

La tête inférieure d’humérus, pl. IT, fig. 5, est en simple poulie, en a, avec une très-légère excavation latérale vers b. Elle ressemble un peu en ce point à celle du cochon; mais cette seconde excavation seroit plus forte dans ce dernier animal. Elle ressemble encore à celle du cochon par letrou e, produit par la pression de lolécräne dans l’extension.

Une autre portion de lhumérus beaucoup plus considérable etmieux conservée, pl. IT, fig. 2, se distinguoit éminemment de l’humérus du cochon par sa ligne äpre , extrêmement saillante en dehors, et commencant très-bas, absolument comme on le voit dans l’humérus de l’hippopotame vulgaire (voyez Ostéol. de lhipp., pl. IT, fig. 2, e). Cette portion, qui ne faisoit guère que les deux tiers de los, avoit 0,13 de longueur.

Les deux condyles étoient mutilés, et on ne pouvoit en mesurer la distance; mais la largeur transverse de la poulie articulaire étoit de 0,045 : nous l'avons conclue de 0,15 pour l'adulte; c'est plus du triple de grosseur , tandis que les lon- gueurs ne sont en général qu'un peu plus que doubles. Ceci revient à la règle établie par Daubenton, et voulue d'ailleurs par les lois relatives à la résistance des corps, découvertes par Galilée: c’est que les grands animaux ont les os beaucoup plus épais, à proportion que les petits: autrement leursmembres ne pourroient les soutenir. |

L’astragale, pl I, fig. 9, tiré du bloc du Muséum, est encore plus caractéristique, s’il est possible. L’arête, a, qui

D'HISTOIRE NATURELLE. 121 divise sa partie inférieure en deux poulies d'égale largeur , ne lui permet dappartenir qu'au seul genre de lhippopotame. Les autres animaux qui ont une pareille division; savoir , les ruminans , le cochon , le rhinocéros et le tapir, ont les deux poulies fort inégales. La giraffe n’en a même point de cuboi- dienne.

La longueur de cet astragale , la seule de ses dimensions restée bien entière , est de 0,045. La même dimension, prise dans l’astragale de grand hippopotame fossile représenté pl. TI, fig. 1, est de 0,117; ce qui équivaut à deux fois et pres de deux tiers de fois.

J'ai encore retiré de ce bloc un scaphoïde : il a 0,03 d'avant en arrière, 0,02 de droite à gauche, et porte à sa face mé- tatarsienne trois facettes articulaires : une grande , une moyenne et une très-petite; ce qui prouve que ce petit hip- popotame avoit, comme le grand, aux pieds de derrière, quatre doigts et un vestige de cinquième.

Ce bloc n'a aussi fourni une portion de fémur (pl. TEL, fig. 1 } qui a perdu sa tête, la sommité de son grand trochanter , et à peu près son tiers inférieur ; mais on y voit bien la cavité profonde creusée, à sa face postérieure, entre sa tête et son grand trochanter ; l'extrême saillie de la racine de celui-ci, et la position du petit trochanter au bas et dans Falignement de la racme du grand. Ces caractères, que nous avons exprimés dans notre figure du fémur de lhippopotame { Ostéol. de celui- ci, pl. I, fig. 9) se retrouvant , à peu de chose près , les mêmes dans le sanglier ,ne donnent pas des distinctions aussi tranchées que les autres; mais il n’y a rien non plus qui contredise tous nos résultats précédens.

I en est de même du fragment de bassin représenté de côté, [= SE 16

122 ANNALES DU MUSEUM

pl. HA, fig. 4 ,et pardevant , fig. 5. Sa cavité cotyloïde a ses bords un peu rompus tout autour, et on ne peut la mesurer exactement ; mais on voit qu'elle a correspondre au fémur représenté à côté, pLIlE, fig. 1. L'aplatissement de l'os des iles à sa face antérieure est aussi très-semblable à celui que montre l'hippopotame ordinaire. Voyez son Ostéol., pl. IE, fig. 7.

Je n'ai point eu d’autres os de ce petit hippopotame ; mais tous les zoologistes conviendront bien qu'il y en a assez pour le caractériser. Je n'ai pas besoin non plus de prouver qu'il est adulte, et que ce n’est point à son âge que sa petitesse est due : l'état de la dentition et de lossification le démontrent suflisamment.

Voilà donc encore une espèce bien évidemment distincte de toutes celles que lon connoit à la surface du globe; on pourroit nropposer ici, comme pour plusieurs autres, que je compose peut-être un édifice dont les parties m’étoient point destinées par la nature à être rapprochées ; que c’est des os de plusieurs animaux mélés confusément dans ces blocs que je forme un animal imaginaire ; mais ma réponse est toujours prête. Je ne m'arréterai point à montrer les rapports naturels de ces divers os, ni à prouver que leur ensemble s'accorde parfaitement avec les lois qui président à l’organisation des animaux; je m'en tiens à cet argument invincible : e’est que chaque os, considéré séparément, diffère de ceux de tous les animaux connus; que ce n’est point sur leurs combinaisons que j'établis mes carac- tères , et que si par hasard on pensoit que j'en ai réuni d'espèces différentes , on ne feroit qu'augmenter le nombre des espèces fossiles qui ne se retrouvent pas vivantes.

D'HISTOIRE NATURELLE. I

D CS

PRÉCIS

D'un Mémoire lu à L'Institut national, sur la température

de la mer soit à sa surface , soit à diverses pro- fondeurs.

Par M. PÉRON, Naturaliste de l'expédition des découvertes.

D: toutes les expériences de physique , il en est peu dont les

résultats soient plus intéressans et plus curieux que celles dont je vais m'occuper ici. Le météorologiste doit y puiser des données

précieuses sur les variations atmosphériques au milieu de l'Océan; ils peuvent fournir au naturaliste des connoissances indispen- sables sur l'habitation des diverses tribus d'animaux marins ;

le géologiste et le physicien y trouveront l'un et l’autre les faits

les plus certains sur la propagation de la chaleur au milieu des mers, et sur l’état physique intérieur de ce globe , dont les ex- cavations les plus profondes peuvent à peine eflleurer la sur- face; en un mot il n’est aucune science qui ne puisse avec avantage revendiquer les résultats des expériences de ce genre. Combien donc ne doit-on pas étre surpris du peu d'intérêt qu'on leur a donné jusqu'à ce jour ?

SECTION PREMIÈRE. Température de la mer à sa surface.

Les expériences sur la température des eauxde la mer peuvent

16 *

124 ANNALES DU-MUSÉUM se faire, ou bien à sa surface, ou bien à des profondeurs plus ou moins grandes au-dessous de cette surface. Les premières sans doute sont facilés à répéter; leurs ré- sultats doivent être à peu de chose près rigoureux ….. Il suffit en eflet de plonger nn thermomètre dans l'eau , de Fy laisser assez long-temips pour qu'il puisse en prendre la température actuelle. Celle de l'atmosphère ayant été déterminée dans le même instant , soit avec le thermomètre qu’on vient de plonger dans l’eau , soit avec un instrument pareil dont le rapport avec le premier est exactement connu, l'on parvient à connoître ainsi non seulement la température absolue de l’eau de la mer à sa surface pour l'instant de l'observation, mais encore ses rapports actuels avec celle de l'atmosphère, rapports imtéres- sans, et sur lesquels j'aurai plus d’une fois occasion de revenir dans la rédaction générale de mes travaux météorologiques : je dois me borner en ce moment à présenter ici quelques-uns des résultats généraux qu'on peut déduire de cette première partie de mes observations, toutes faites en pleine mer et ré- pétées quatre fois par jour : à 6 heures du matin, à midi, à 6 heures du soir, à minuit.

1. La température des eaux de la mer à sa surface et loin des terres est en général plus froide à midi que celle de l'atmos- phère observée dans l'ombre.

> Elle est constamment plus forte à minuit.

Le matin et le soir, le plus ordinairement, elles se font à peu près équilibre.

Le terme moyen d'un nombre donné d'observations com- paratives entre la température de la surface des flotset celle de Fatmosphère, répétées quatre fois par jour ; à 6 heures

D HISTOIRE NATURELLE. 125

du maün, à midi, à 6 heures du soir, à minuit et dans les mêmes parages, est constamment plus fort pour les eaux de la mer , par quelque latitude que les observations soient faites : du moins je n’ai pas vu moi-même d'exception à ce principe, du 49° degré nord au 45. degré sud.

5.” Le terme moyen de la température des eaux de la mer à leur surface et loin des continens est donc plus fort que celui de l'atmosphère, avec laquelle ses flots sont en contact.

Quelques physiciens ont obtenu des résultats différens des miens ; mais n'en voit-on pas d'abord la raison dans la diffé- rence des lieux et des époques des observations elles-mêmes ? En effet, toutes celles que je connois ont été faites durant le jour et le plus souvent vers son milieu ; toutes ont été répétées à peu de distance des rivages et des continens, dont la tempé- rature , ainsi que nous aurons bientôt occasion de l'observer , est cinq fois plus considérable que celle des flots: rien d’éton- nant dès-lors que le terme moyen indiqué par de semblables résultats ait été moindre pour les eaux de la mer ; et mes propres expériences le confirment assez.

Ces premiers résultats m'ont mis à même de détruire aisément un préjugé météorologique bien ancien sans doute ,puisqu'il re- monte au moins jusqu'au siècle d’Aristote, celui de léchauf- fement des vagues par leur agitation. Irving et Forster pa- roissent avoir été trompés eux-mêmes par le résultat singulier que les observations fournissent à cet égard ; celles des miennes sont tout-à-fait semblables, et cependant c’est d’eux seuls dont je vais me servir pour démontrer lerreur des anciens et la détruire. Pour cela revenons aux faits. Je viens de dire, il n’y a qu'un instant, que la température des eaux de la mer à sa

120 ANNALES DU MUSEUM

surface étoit alternativement plus chaude ou plus froide que celle de l'atmosphère. Dans cette succession alternative du plus au moins , il doit y avoir un instant l'équilibre a lieu : pre- nons cet instant, et supposons la température de l'atmosphère et des eaux à 20. l'une et l'autre; supposons en même temps que la surface de la mer soit paisible, et que l'atmosphère le soit aussi: cependant un orage s'élève; parti des régions glacées du pôle , un vent impétueux vient agiter l'atmosphère et sou- lever la surface des mers. Quels effets va-1l produire sur lune et sur l'autre ? plus froid qu’elles, il va leur enlever une por- tion quelconque de leur calorique :mais comme il agit d’abord plus facilement sur l'atmosphère, qu'il peut la pénétrer dans toute sa masse, nul doute qu'il ne la refroidisse plus promp- tement et plus fortement aussi. Les eaux de la mer, au con- traire , résistant davantage à son action, ne lui présentant que leurs couches les plus superficielles, il ne peut leur enlever que successivement et toujours lentement la température que lat- mosphère abandonne au premier instant : d’où résulte que cette dernière , dans un temps donné, doit perdre une portion de calorique beaucoup plus forte que les eaux de la mer.

Une deuxième cause encore tend à la refroidir d’une ma- nière non moins puissante: je veux parler de l'évaporation qui commence avec le soulèvement des vagues, et qui devient d'autant plus grand, que l'agitation des flots est plus forte et plus profonde: car alors le sommet de chaque vague, en retom- bant sur lui-même, semble se briser et se résoudre en pluie très-fine , quelquefois tellement abondante, que la surface d’une mer violemment agitée paroït toute fumante. Or les innom- brables petits globules roulés dans l'atmosphère y doivent éprou- ver une forte évaporation qui ne peut se faire qu'aux dépens

D'HISTOIRE NATURELLE. 124

du calorique de l'air dans lequel ils se trouvent ainsi ballotiés. Voici donc une nouvelle cause de re roidissement pour Pat- mosphère, et qui tourne tout entière au bénélice de la tem- pérature des eaux de la mer. Sa quantité relative doit croître encore de cette deuxième circonstance; elle devoit également augmenter par une suite nécessaire de l’action inégale du vent sur les flots et sur elle : donc tout se réunit pour abaisser la tem pérature de l'atmosphère par rapport à celle de l'eau ; donc cette dernière paroitra plus forte que la première, et même elle sera véritablement telle. Mais pour étre actuellement plus chaude que latmosphère, s'ensuit-il que sa température soit réellement plus forte, ou plutôt, pour revenir aux expressions d’Aristote, estil vrai qu’elle se soit échauffée par Fagitation ? Mes nombreuses expériences me permettent de répondre ici d’une manière positive que c’est uneerreur de sensation. Jamais la température absolue des eaux de la mer n’augmente par leur agitation; elle diminue au contraire, elle diminue même d'autant plus , que le vent qui les soulève est plus violent alors sur-tout qu'ilest froid; mais dans tous les cas elle diminue beaucoup moins rapidement que celle de atmosphère : desorte que cette dernière ayant perdu6, par exemple, elle-même n’aura perdu qu’un dans le même temps :elle fera donc éprouver une sensation de chaleur d'autant plus grande que le refroidissement delatmosphère aura lui-même été plus rapide et plus fort. C'est d’après une telle sensation qu'Aristote avoit sans doute avancé la proposition que je viens de combattre , et qui répugnoit à l'état actuel de nos connoissances sur les propriétés physiques de l'eau. De tout ce que je viens de dire à cet égard on peut. déduire le corollaire suivant :

128 ANNALES DU MUSEUM

7. La température relative des flots agités augmente ; mais leur température absolue diminue toujours.

SE, c T'r'o NUIT

Température de la mer à diverses profondeurs.

Description d'un nouvel appareil pour déterminer la

température de la mer à de grandes profondeurs.

Autant les expériences à faire sur la température des eaux de la mer à sa surface sont simples et faciles ; certaines dans leurs résultats, autant celles à répéter sur cette même tempéra- ture à des profondeurs plus ou moins grandes sont compli- quées et délicates; autant sur-tout il est difficile de s'assurer de cette exactitude indispensable lorsqu'on doit comparer des rapports. Cependant ces observations n'ayant été, lors de mon départ, recommandées particulièrement par MM. Fourcroy,; Laplace, Brisson et Lamétherie, je crus devoir m'en occuper; et, pour le faire avec plus de succès, je cherchai d’abord à me procurer un appareil d’une composition plus simple, d’un emploi plus facile et d'une exactitude plus grande aussi dans les résultats que tous ceux que je savois avoir été jusqu'a ce jour mis en usage par les physiciens qui se sont occupés de cetobjet. En effet ,les thermomètres de Mallet et de Pictet , celui de Micheli, connu sous le nom dethermomeëtre pour les puits; celui du comte de Marsigli, celui de Cavendish, celui à res- sort, ceux de Saussure lui-même , le cylindre à double soupape de Forster, de Morozzo, le cylindre de verre scellé à la lampe d’émailleur, la bouteille d'Irving; en un mot, tous les moyens employés jusqu'à ce jour me paroissant avoir des inconvéniens

HUM MAT

Be ŒOTRA UT 4f se ten ei aa db sapins EUX ANSEPAT Al

| F |

}

CL MARS RAR TEEN ERIC RE: Fra va+ Dossisasns té” ee Mori efteok ot. 250 Partant tele | 41 F d: dr a 18

nie aus ehitee, pe des an 4136 ist SE AE

tx fo! banale nono re tr es és We ÿ. fi. | Le L

filnee Dak éreuN dee À bn Pr. PE Sa ee ltngh à